ATTENTION :
ce cours correspond au programme de 2013, il n'est pas conforme au programme de terminale de SES en vigueur depuis 2019.
La plupart des économistes estiment que le libre-échange est source d’avantages notamment pour les consommateurs. Toutefois, selon eux, certaines situations économiques particulières peuvent justifier des pratiques protectionnistes même si le bilan des pratiques protectionnistes semble discutable.
En ouvrant ses frontières au commerce international, un pays permet à ses consommateurs d'accéder des biens étrangers dont les caractéristiques sont souvent différentes des biens produits localement. C'est le cas des fruits et légumes exotiques qu'on peut désormais trouver sur les marchés français, mais c'est aussi le cas pour des biens qu'on pourrait croire plus standardisés comme les automobiles : pour les consommateurs, les voituresallemandes, françaises, japonaises ou italiennes n'ont pas les même caractéristiques (qualité, design, performances, etc.) et le commerce international permet bien un choix plus large de produits. Il y a donc un commerce international intra-branche, des échanges croisés de produits similaires mais non identiques : la France exporte ainsi des véhicules vers l'Italie, qui en retour exporte une partie de sa production automobile vers la France.
Ceci s'explique par le goût pour la variété des consommateurs : ils veulent avoir le choix entre plusieurs types de biens et services pour une gamme de prix donnée. Chaque consommateur peut alors valoriser une variété particulière d'un produit : il souhaite consommer son « produit idéal ». Certains vont préférer le design des voitures italiennes, d'autres privilégieront le confort des berlines françaises. Ainsi, les échanges internationaux augmentent le bien être ressenti par les consommateurs.
Cet avantage du commerce international est un argument en faveur du libre-échange. Il est moins souvent avancé, parce que le débat se concentre généralement sur les gains en termes de croissance que l'on peut tirer du commerce international. Pourtant, la diversité des objets de consommation est aussi une forme de richesse, et l'on souffrirait sûrement de la perdre si l'économie française se fermait brutalement au commerce mondial. Imaginez une seconde que l’importation de jeux vidéo soient interdites et que vous ne puissiez consommer que des jeux français : votre goût pour la variété serait réduit à néant !
C'est la deuxième justification du libre-échange dans le commerce international. Dans cette optique, le commerce international permet encore d'augmenter la productivité des facteurs, surtout celle du facteur capital, non pas grâce à la spécialisation des économies, mais par le biais de la concentration industrielle.
On voit donc que le libre-échange, en favorisant le commerce international, génère des effets économiques favorables pour les consommateurs et les producteurs. En effet, il offre d’une part des gains appelés parfois statiques, qui surviennent une fois pour toutes lorsque la spécialisation s’est fait selon les avantages comparatifs : abaissement des coûts de production et des prix, meilleure allocation des ressources disponibles. D’autre part, il offre aussi des gains dynamiques, liés à la situation de concurrence accrue par le biais des économies d'échelle, à la diversité accrue des produits etc. On peut donc se demander pourquoi le libre-échange ne se généralise pas plus vite, par exemple dans le domaine des services ou des produits agricoles, ou pourquoi l'Union européenne, par exemple, a cherché à se protéger des importations textiles chinoises. Il y a, derrière ces pratiques protectionnistes, des éléments qui montrent, sans doute, que le libre-échange n'a pas que des effets positifs.
Le protectionnisme vise à protéger l'espace national face à l'entrée de biens ou services étrangers. Il suppose l'intervention de l’État car il nécessite des règles qui s'imposent à tous. Il faut donc que l’État ait des raisons pour agir ainsi, surtout si l'on songe aux intérêts que semble présenter le libre-échange. Ce sont ces raisons que nous allons d'abord exposer. Nous verrons ensuite quels sont les outils utilisés aujourd'hui pour mettre en œuvre ce protectionnisme.
Face à la concurrence industrielle d’entreprises situées dans d’autres pays comme l’Allemagne, la Chine, la Belgique ou l’Italie, les entreprises situées en France peinent depuis une quinzaine années à produire et à vendre en France comme à l’étranger que ce soit dans le textile, l’énergie bien sûr, l’informatique, etc. Ces difficultés entraînent bien sûr une disparition de certaines entreprises ou des délocalisations qui pèsent sur l’emploi industriel. Face à ces évolutions, un protectionnisme défensif peut être mis en œuvre de manière plus ou moins dissimulée. Par exemple, il a existé durant longtemps jusqu’à la fin des années 90 un accord d’autolimitation des exportations d’automobiles provenant du Japon. Le secteur textile, pendant très longtemps, fut en dehors des règles du libre-échange du GATT. Mais évidemment, des procédures cachées, liées par exemple à l’exigence de normes spécifiques au pays ou à la zone, pour officiellement protéger le consommateur, ou de procédures administratives lourdes pour pouvoir vendre dans le pays (voir plus loin pour plus de détails). On voit l’avantage de ces mesures pour les travailleurs qui peuvent garder leur emploi … au moins durant un temps. Toutefois, il existe une argumentation plus offensive du protectionnisme, d’abord ce que l’on appelle le protectionnisme éducateur.
Cette idée de la nécessité de protéger certaines industries du pays de la concurrence internationale n'est pas récente, elle reprend la théorie de Friedrich List, qui date du 19ème siècle.
On le voit, ici, les États ne contestent pas l'intérêt du libre-échange dans son principe. Ils sont protectionnistes car ils pensent que le libre-échange peut être, temporairement ou pour certaines activités, dangereux pour leur pays.
Certains soutiennent aussi l'idée que le protectionnisme peut avoir une certaine efficacité sur le plan de la croissance économique. Ainsi, ceux qui défendent les politiques commerciales stratégiques recommandent l'intervention de l’État dans le but d'assurer une meilleure croissance économique.
Les pratiques protectionnistes utilisent aujourd'hui des outils très variés. Les moins fréquentes sont les barrières tarifaires. On trouve donc surtout des barrières non tarifaires, c'est à dire toutes les barrières autres que les droits de douane. Mais on a aussi une protection monétaire et financière ponctuellement efficace.
Les pratiques protectionnistes sont donc loin d'avoir disparu, malgré les avantages, supposés ou réels, du libre-échange. Ce protectionnisme n'est cependant pas exempt de risques. D'une part, quand chacun cherche à se protéger des autres, à gagner plus que les autres, on est dans une logique de confrontation, et non de coopération, qui peut nuire à tous. Remarquons, cependant, que le libre-échange ne correspond pas non plus forcément à une logique de coopération car tous ne gagnent pas également à ce jeu. D'autre part, sur le plan économique, on peut craindre que le protectionnisme ne débouche sur une moindre efficacité : en effet, si les entreprises d'un pays se sentent protégées, si la concurrence est moindre, elles feront moins d'effort pour augmenter leur productivité et leur compétitivité, ce qui peut être très dommageable pour l'économie du pays.
Les pays ayant privilégié des politiques de types protectionnistes (des pays d'Amérique du sud ou l'Algérie jusque dans les années 70notamment) n’ont, en général, pas bénéficié d’un développement pérenne et important. Dans la plupart des cas, leurs productions nationales sont restées moins compétitives, et leur dépendance vis-à-vis du reste du monde ne s’est pas réduite, notamment parce que leur dette publique, liée à une balance commerciale déficitaire, a progressé : la plupart des investissements nécessaires pour produire « national », comme les machines-outils, reste importée.
D’autres pays, comme en Asie, ont choisi un développement extraverti, avec des succès plus évidents. Un développement extraverti signifie simplement que l’ouverture internationale est privilégiée car perçue comme un facteur de croissance important. IL faut cependant noter que leur insertion dans l’économie mondiale a été en général progressive et ne s'est pas faite sans intervention de l'État, l'ouverture internationale n'étant pas le libre-échange intégral.