5. Quels sont les principaux facteurs de la mobilité sociale ?

5.1. L’évolution de la structure socioprofessionnelle : l’évolution des emplois offerts impose une certaine mobilité sociale.

Le système productif français s’est transformé pendant les Trente glorieuses, notamment sous l’effet du progrès technique (et de la mécanisation) mais aussi des changements de la structure de la consommation des ménages (voir le chapitre 6), provoquant une transformation de la structure des emplois : le nombre d’agriculteurs (et de travailleurs indépendants) a fortement baissé, puis le nombre d’ouvriers a également diminué. À l’inverse, la hausse de la demande de services de la part des ménages et des entreprises (associée à une plus faible augmentation de la productivité) a créé des emplois dans le secteur tertiaire. Donc, les enfants des catégories en baisse (agriculteurs exploitants, artisans, commerçants et chefs d’entreprises, ainsi que les ouvriers) ne pouvaient mathématiquement pas tous rester dans la même catégorie que leur père, et les enfants des catégories en croissance (cadres, professions intermédiaires et employés) n’auraient pas été assez nombreux pour fournir les effectifs de ces catégories à la génération suivante. Remarquons que les changements du système productif, et leurs effets sur les emplois, ont été moindres à partir des années 1980-90 que dans les années 1960-70, si bien que la structure sociale de la génération actuelle ressemble à celle de ses parents. Donc, la mobilité minimale mathématiquement nécessaire pour assurer ce changement de structure sociale est plus faible. Pour compléter ce raisonnement selon lequel les évolutions économiques et les transformations de la société ont un impact sur la mobilité des individus, vous pouvez lire (ou relire) le paragraphe 3.1.2 sur la place de la mobilité structurelle dans la mobilité observée. Ce sera l’occasion de découvrir (ou de revoir) que l’évolution des emplois offerts réduit ou oriente les changements de position sociale des individus : il s’agit donc d’une mobilité imposée ou contrainte. Ainsi, nous sommes passés d’une société agricole à une société industrielle, puis à une société post-industrielle au tournant des années 1970. Le salariat, notamment les postes d’encadrement (cadres et professions intermédiaires) dans le secteur tertiaire, s’est considérablement développé. Les enfants des GSP en déclin (agriculteurs puis ouvriers) se déplacent vers d’autres catégories en expansion (employés, professions intermédiaires ou cadres). Toutefois, si la transformation de la structure des emplois des hommes a eu lieu dès la fin des Trente Glorieuses, celle des femmes survient plus tardivement du fait de la féminisation lente et progressive des emplois. Par ailleurs, l’expansion des catégories qualifiées a provoqué une mobilité ascendante des actifs pendant les Trente Glorieuses. Cette période s’est également caractérisée par la création de nombreux emplois dans la fonction publique, dans la santé ou l’éducation par exemple, ce qui a permis aux femmes et aux enfants d’immigrés d’accéder à des emplois stables et qualifiés, évitant ainsi les discriminations à l’embauche (on accède généralement par concours à ces emplois). Ces emplois ont été vecteur d’ascension sociale. Mais à partir des années 1980, la croissance annuelle moyenne des postes qualifiés et des emplois dans la fonction publique a significativement diminué ce qui freine les possibilités d’ascension sociale, au moment même où entrent sur le marché du travail des personnes ayant connu une expansion de l’éducation secondaire et supérieure.

Le système productif français s’est transformé pendant les Trente glorieuses, notamment sous l’effet du progrès technique (et de la mécanisation) mais aussi des changements de la structure de la consommation des ménages (voir le chapitre 6), provoquant une transformation de la structure des emplois : le nombre d’agriculteurs (et de travailleurs indépendants) a fortement baissé, puis le nombre d’ouvriers a également diminué. À l’inverse, la hausse de la demande de services de la part des ménages et des entreprises (associée à une plus faible augmentation de la productivité) a créé des emplois dans le secteur tertiaire. Donc, les enfants des catégories en baisse (agriculteurs exploitants, artisans, commerçants et chefs d’entreprises, ainsi que les ouvriers) ne pouvaient mathématiquement pas tous rester dans la même catégorie que leur père, et les enfants des catégories en croissance (cadres, professions intermédiaires et employés) n’auraient pas été assez nombreux pour fournir les effectifs de ces catégories à la génération suivante.

Remarquons que les changements du système productif, et leurs effets sur les emplois, ont été moindres à partir des années 1980-90 que dans les années 1960-70, si bien que la structure sociale de la génération actuelle ressemble à celle de ses parents. Donc, la mobilité minimale mathématiquement nécessaire pour assurer ce changement de structure sociale est plus faible.

Pour compléter ce raisonnement selon lequel les évolutions économiques et les transformations de la société ont un impact sur la mobilité des individus, vous pouvez lire (ou relire) le paragraphe 3.1.2 sur la place de la mobilité structurelle dans la mobilité observée. Ce sera l’occasion de découvrir (ou de revoir) que l’évolution des emplois offerts réduit ou oriente les changements de position sociale des individus : il s’agit donc d’une mobilité imposée ou contrainte.

Ainsi, nous sommes passés d’une société agricole à une société industrielle, puis à une société post-industrielle au tournant des années 1970.

Le salariat, notamment les postes d’encadrement (cadres et professions intermédiaires) dans le secteur tertiaire, s’est considérablement développé. Les enfants des GSP en déclin (agriculteurs puis ouvriers) se déplacent vers d’autres catégories en expansion (employés, professions intermédiaires ou cadres). Toutefois, si la transformation de la structure des emplois des hommes a eu lieu dès la fin des Trente Glorieuses, celle des femmes survient plus tardivement du fait de la féminisation lente et progressive des emplois.

Par ailleurs, l’expansion des catégories qualifiées a provoqué une mobilité ascendante des actifs pendant les Trente Glorieuses. Cette période s’est également caractérisée par la création de nombreux emplois dans la fonction publique, dans la santé ou l’éducation par exemple, ce qui a permis aux femmes et aux enfants d’immigrés d’accéder à des emplois stables et qualifiés, évitant ainsi les discriminations à l’embauche (on accède généralement par concours à ces emplois). Ces emplois ont été vecteur d’ascension sociale. Mais à partir des années 1980, la croissance annuelle moyenne des postes qualifiés et des emplois dans la fonction publique a significativement diminué ce qui freine les possibilités d’ascension sociale, au moment même où entrent sur le marché du travail des personnes ayant connu une expansion de l’éducation secondaire et supérieure.

5.2. L’effet complexe des diplômes.

Dans un contexte où les emplois sont de plus en plus qualifiés, le diplôme devient un facteur explicatif important de la position sociale d’un individu. Si faire des études et avoir un diplôme ne garantissent ni un emploi, ni un statut social, ne pas en faire, ne pas avoir de diplôme, garantit à coup presque sûr pour un enfant de milieu populaire l'impossibilité de l'ascension sociale : dans les sociétés modernes et notamment en France, le diplôme est souvent la clé de l'accès à l'emploi et à la promotion dans l'entreprise. Pendant les " Trente Glorieuses ", dans un contexte de forts changements dans la structure des emplois, avec une progression de la part des professions intermédiaires et des cadres, des enfants d’employés et d’ouvriers ont pu connaître une ascension sociale et notamment, grâce à l’école, ceux qui ont réussi à obtenir des diplômes reconnus. Dès lors, la démocratisation de l’accès aux diplômes affaiblit le lien entre l’origine sociale et la position sociale. Ainsi, la massification scolaire et la démocratisation de l’accès aux diplômes ont favorisé l’amélioration de la fluidité sociale, et le progrès de la mobilité sociale. Mais maintenant que le nombre d'emplois qualifiés augmente moins vite, la concurrence pour l'accès aux emplois les plus valorisés socialement s'accroît, d’autant plus que la durée de la scolarisation s'est nettement allongée, entraînant la progression du nombre de diplômés. Le lien entre diplôme et emploi est de moins en moins net. Le diplôme des enfants peut être assez nettement supérieur à celui de leurs parents sans que leur statut social le soit. C'est ce que l'on appelle le paradoxe d'Anderson. La hausse des niveaux de formation a été plus rapide que la progression des emplois qualifiés à partir de la fin des années 1970. Aussi, la valorisation des diplômes, notamment intermédiaires (du secondaire et du supérieur court) a diminué et on débouche sur une situation paradoxale où des générations (nées à partir de 1955) plus qualifiées que les précédentes connaissent une situation de déclassement. Le fait d’avoir acquis un diplôme supérieur à celui du père ne garantit pas au fils une position sociale plus élevée. Une sorte de force de rappel semble agir ici. Inversement, un diplôme moins important que celui du père ne conduit pas nécessairement à une position sociale inférieure : un effet cliquet semble pouvoir bloquer le risque de déclassement. L’inflation des titres scolaires due à la massification des études provoque la baisse du rendement social du diplôme, à savoir sa capacité à se transformer en emploi et en statut social. Cependant, cette baisse du rendement du diplôme est inégale et touche plus fortement les filles et les enfants d’origine populaire.

Dans un contexte où les emplois sont de plus en plus qualifiés, le diplôme devient un facteur explicatif important de la position sociale d’un individu.

Si faire des études et avoir un diplôme ne garantissent ni un emploi, ni un statut social, ne pas en faire, ne pas avoir de diplôme, garantit à coup presque sûr pour un enfant de milieu populaire l'impossibilité de l'ascension sociale : dans les sociétés modernes et notamment en France, le diplôme est souvent la clé de l'accès à l'emploi et à la promotion dans l'entreprise. Pendant les " Trente Glorieuses ", dans un contexte de forts changements dans la structure des emplois, avec une progression de la part des professions intermédiaires et des cadres, des enfants d’employés et d’ouvriers ont pu connaître une ascension sociale et notamment, grâce à l’école, ceux qui ont réussi à obtenir des diplômes reconnus.

Dès lors, la démocratisation de l’accès aux diplômes affaiblit le lien entre l’origine sociale et la position sociale. Ainsi, la massification scolaire et la démocratisation de l’accès aux diplômes ont favorisé l’amélioration de la fluidité sociale, et le progrès de la mobilité sociale.

Mais maintenant que le nombre d'emplois qualifiés augmente moins vite, la concurrence pour l'accès aux emplois les plus valorisés socialement s'accroît, d’autant plus que la durée de la scolarisation s'est nettement allongée, entraînant la progression du nombre de diplômés. Le lien entre diplôme et emploi est de moins en moins net. Le diplôme des enfants peut être assez nettement supérieur à celui de leurs parents sans que leur statut social le soit. C'est ce que l'on appelle le paradoxe d'Anderson. La hausse des niveaux de formation a été plus rapide que la progression des emplois qualifiés à partir de la fin des années 1970. Aussi, la valorisation des diplômes, notamment intermédiaires (du secondaire et du supérieur court) a diminué et on débouche sur une situation paradoxale où des générations (nées à partir de 1955) plus qualifiées que les précédentes connaissent une situation de déclassement.

Le fait d’avoir acquis un diplôme supérieur à celui du père ne garantit pas au fils une position sociale plus élevée. Une sorte de force de rappel semble agir ici. Inversement, un diplôme moins important que celui du père ne conduit pas nécessairement à une position sociale inférieure : un effet cliquet semble pouvoir bloquer le risque de déclassement. L’inflation des titres scolaires due à la massification des études provoque la baisse du rendement social du diplôme, à savoir sa capacité à se transformer en emploi et en statut social. Cependant, cette baisse du rendement du diplôme est inégale et touche plus fortement les filles et les enfants d’origine populaire.

5.3. L’impact des ressources et des configurations familiales.

Les familles disposent de ressources variées, mais inégales Ainsi, chaque famille transmet un capital économique, un capital culturel et un capital social à ses enfants. La transmission de ces trois types de ressources tend à renforcer la reproduction sociale. C'est Pierre Bourdieu, sociologue français décédé en 2002, qui a, le premier, utilisé de manière systématique cette typologie. Il veut montrer que ce que transmet la famille, ce n'est pas seulement un patrimoine (le capital économique, c'est-à-dire ce qui rapporte un revenu), mais aussi un capital culturel (un ensemble de connaissances, de références culturelles, d'habitudes comme visiter les musées, de compétences valorisées par le système scolaire comme la lecture ou la capacité d'écriture) et un capital social (schématiquement l'ensemble des relations sociales, et donc la capacité, plus ou moins grande selon le capital social détenu, de pouvoir faire intervenir ces " relations " pour bénéficier d'avantages divers). On " hérite " d'un capital social ou d'un capital culturel comme d'un capital économique (sauf qu'il n'y a pas d'impôt !), et ce capital peut s'accumuler au fil des générations. Les individus disposent par conséquent d'une quantité inégale de chacun de ces capitaux. Ainsi, le capital économique favorise l’accès aux études supérieures (logement dans une grande ville universitaire, financement de formations sélectives et coûteuses), mais à l’inverse son absence est un frein à la mobilité et à des études longues. Le capital économique est également nécessaire lors de l’installation en tant qu’indépendant ou à la reprise de l’entreprise familiale. De plus, si à diplôme égal, les fils d'ouvriers valorisent moins bien un diplôme de l'enseignement supérieur sur le marché du travail que les fils de cadres, c'est peut-être parce que leur comportement extérieur (façon de se présenter, de parler, etc.) dépend de leur capital culturel et traduit de manière suffisamment explicite pour le recruteur leur origine sociale, ce qui suffit à faire la différence. C’est également parce que leur capital social est moins efficace pour favoriser l’accès à un stage ou à un emploi. La famille peut donc être présentée comme fondamentalement reproductrice, car en transmettant des capitaux différents, elle contribue au maintien des statuts existant. En particulier, dans les milieux favorisés, l'adage " tel père, tel fils " semble souvent vérifié. Cependant, la famille peut jouer aussi un rôle actif dans la mobilité sociale en favorisant la promotion de ses enfants, et en développant des stratégies d'ascension sociale. Ainsi, quand on observe les familles d'origine modeste, on observe que les enfants de certaines familles ont une réussite scolaire nettement supérieure à la réussite moyenne des enfants des familles similaires. Quand on cherche à expliquer ce différentiel de réussite, on trouve toujours une responsabilité particulière de la famille (volonté forte de s'intégrer à la société française pour les familles d'origine étrangère, volonté forte que les enfants ne connaissent pas des conditions aussi difficiles que leurs parents, etc…) qui se traduit en particulier par une grande attention aux résultats scolaires. La transmission des ressources familiales et leurs effets sur la mobilité sociale dépendent en outre des configurations familiales (situation matrimoniale des parents, origine migratoire des parents, situation scolaire ou professionnelle de l’enfant, taille de la fratrie, rang dans la fratrie, niveau de vie, milieu social…). En effet, tout comme les configurations familiales modifient la socialisation des individus, elles peuvent avoir un effet sur la mobilité sociale. Par exemple, l’aide financière des parents est plus importante pour un jeune étudiant que pour un jeune en situation d’emploi. Le montant de l’aide dépend aussi du niveau de vie des parents : il est cinq fois plus élevé pour les 10 % des ménages de parents les plus aisés que pour les 10 % les plus modestes. De plus, les ménages de parents séparés aident leur enfant pour des montants moins élevés, et un nombre d’enfants plus élevé réduit la fréquence des aides. Par conséquent, le capital économique transmis varie indéniablement en fonction des configurations familiales. Le niveau de diplôme des enfants peut aussi varier en fonction des configurations familiales ; or, le niveau de diplôme peut être déterminant pour la mobilité sociale. Ainsi, indépendamment du statut social et du niveau d’éducation de parents, plus la fratrie est de grande taille, moins le niveau de diplôme des enfants est élevé. De plus, les aînés semblent favorisés et avoir plus de chances d’obtenir un diplôme élevé. Être le premier-né d’une famille pas trop nombreuse favorise donc l’obtention d’un diplôme élevé, qui lui-même favorise l’accès à un emploi qualifié et à une promotion sociale. Les chances de connaître une mobilité sociale, et en particulier une mobilité ascendante, ne sont pas identiques selon les configurations familiales. Finalement, la mobilité sociale est plus ou moins favorisée par la variété et la quantité des ressources familiales (capital économique, culturel et social), ainsi que par la diversité des configurations familiales.

Les familles disposent de ressources variées, mais inégales Ainsi, chaque famille transmet un capital économique, un capital culturel et un capital social à ses enfants. La transmission de ces trois types de ressources tend à renforcer la reproduction sociale.

C'est Pierre Bourdieu, sociologue français décédé en 2002, qui a, le premier, utilisé de manière systématique cette typologie. Il veut montrer que ce que transmet la famille, ce n'est pas seulement un patrimoine (le capital économique, c'est-à-dire ce qui rapporte un revenu), mais aussi un capital culturel (un ensemble de connaissances, de références culturelles, d'habitudes comme visiter les musées, de compétences valorisées par le système scolaire comme la lecture ou la capacité d'écriture) et un capital social (schématiquement l'ensemble des relations sociales, et donc la capacité, plus ou moins grande selon le capital social détenu, de pouvoir faire intervenir ces " relations " pour bénéficier d'avantages divers). On " hérite " d'un capital social ou d'un capital culturel comme d'un capital économique (sauf qu'il n'y a pas d'impôt !), et ce capital peut s'accumuler au fil des générations. Les individus disposent par conséquent d'une quantité inégale de chacun de ces capitaux. Ainsi, le capital économique favorise l’accès aux études supérieures (logement dans une grande ville universitaire, financement de formations sélectives et coûteuses), mais à l’inverse son absence est un frein à la mobilité et à des études longues. Le capital économique est également nécessaire lors de l’installation en tant qu’indépendant ou à la reprise de l’entreprise familiale. De plus, si à diplôme égal, les fils d'ouvriers valorisent moins bien un diplôme de l'enseignement supérieur sur le marché du travail que les fils de cadres, c'est peut-être parce que leur comportement extérieur (façon de se présenter, de parler, etc.) dépend de leur capital culturel et traduit de manière suffisamment explicite pour le recruteur leur origine sociale, ce qui suffit à faire la différence. C’est également parce que leur capital social est moins efficace pour favoriser l’accès à un stage ou à un emploi.

La famille peut donc être présentée comme fondamentalement reproductrice, car en transmettant des capitaux différents, elle contribue au maintien des statuts existant. En particulier, dans les milieux favorisés, l'adage " tel père, tel fils " semble souvent vérifié.

Cependant, la famille peut jouer aussi un rôle actif dans la mobilité sociale en favorisant la promotion de ses enfants, et en développant des stratégies d'ascension sociale.

Ainsi, quand on observe les familles d'origine modeste, on observe que les enfants de certaines familles ont une réussite scolaire nettement supérieure à la réussite moyenne des enfants des familles similaires. Quand on cherche à expliquer ce différentiel de réussite, on trouve toujours une responsabilité particulière de la famille (volonté forte de s'intégrer à la société française pour les familles d'origine étrangère, volonté forte que les enfants ne connaissent pas des conditions aussi difficiles que leurs parents, etc…) qui se traduit en particulier par une grande attention aux résultats scolaires.

La transmission des ressources familiales et leurs effets sur la mobilité sociale dépendent en outre des configurations familiales (situation matrimoniale des parents, origine migratoire des parents, situation scolaire ou professionnelle de l’enfant, taille de la fratrie, rang dans la fratrie, niveau de vie, milieu social…). En effet, tout comme les configurations familiales modifient la socialisation des individus, elles peuvent avoir un effet sur la mobilité sociale. Par exemple, l’aide financière des parents est plus importante pour un jeune étudiant que pour un jeune en situation d’emploi. Le montant de l’aide dépend aussi du niveau de vie des parents : il est cinq fois plus élevé pour les 10 % des ménages de parents les plus aisés que pour les 10 % les plus modestes. De plus, les ménages de parents séparés aident leur enfant pour des montants moins élevés, et un nombre d’enfants plus élevé réduit la fréquence des aides. Par conséquent, le capital économique transmis varie indéniablement en fonction des configurations familiales. Le niveau de diplôme des enfants peut aussi varier en fonction des configurations familiales ; or, le niveau de diplôme peut être déterminant pour la mobilité sociale. Ainsi, indépendamment du statut social et du niveau d’éducation de parents, plus la fratrie est de grande taille, moins le niveau de diplôme des enfants est élevé. De plus, les aînés semblent favorisés et avoir plus de chances d’obtenir un diplôme élevé. Être le premier-né d’une famille pas trop nombreuse favorise donc l’obtention d’un diplôme élevé, qui lui-même favorise l’accès à un emploi qualifié et à une promotion sociale. Les chances de connaître une mobilité sociale, et en particulier une mobilité ascendante, ne sont pas identiques selon les configurations familiales.

Finalement, la mobilité sociale est plus ou moins favorisée par la variété et la quantité des ressources familiales (capital économique, culturel et social), ainsi que par la diversité des configurations familiales.