ATTENTION :

ce cours correspond au programme de 2013, il n'est pas conforme au programme de terminale de SES en vigueur depuis 2019.

4. Quand la croissance dérape : la dépression

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A chaque fois que l'économie entre en récession, on court le risque d'une baisse cumulative de toutes les grandeurs économiques – production, revenus, prix. Cette « spirale dépressive » – dont la grande crise des années 30 constitue l'exemple le plus mémorable – rend très difficile le retour de la croissance. Il est donc essentiel d'en comprendre les mécanismes qui sont principalement financiers.

A chaque fois que l'économie entre en récession, on court le risque d'une baisse cumulative de toutes les grandeurs économiques – production, revenus, prix. Cette « spirale dépressive » – dont la grande crise des années 30 constitue l'exemple le plus mémorable – rend très difficile le retour de la croissance. Il est donc essentiel d'en comprendre les mécanismes qui sont principalement financiers.

4.1. La récession provoque la baisse des revenus, et donc de la demande globale et des prix.

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Vous avez vu dans le paragraphe précédent sur le « cycle du crédit » qu'une récession, parce qu'elle provoque des faillites, du chômage et la baisse des revenus, augmente le risque de défaut des emprunteurs, et que l'augmentation de ce risque conduit les banques à augmenter leurs taux d'intérêt pour compenser les pertes que leur causent les défauts de paiement. En retour, cette hausse des taux d'intérêt ralentit la demande (consommation et investissement), et donc la croissance, ce qui prolonge voire aggrave la récession. Mais le développement des faillites d'entreprises ou des défauts de paiement des ménages peut finir par dégrader la rentabilité des banques quand les taux d'intérêt prélevés sur les emprunts « fiables » ne suffisent plus à couvrir les pertes. A un certain point, les banques les plus exposées au risque – celles qui ont le plus de clients en difficulté – sont conduites elles-mêmes à la faillite : incapables de récupérer leurs créances, ces banques ne peuvent plus rembourser leurs propres dettes et notamment rembourser les déposants. Les faillites bancaires ruinent les épargnants et provoquent une baisse très brutale de la demande – les agents sont obligés d'épargner pour reconstituer leur patrimoine. La contraction de la demande aggrave la crise économique avec une baisse désormais généralisée des prix et un effondrement consécutif de la production.

Vous avez vu dans le paragraphe précédent sur le « cycle du crédit » qu'une récession, parce qu'elle provoque des faillites, du chômage et la baisse des revenus, augmente le risque de défaut des emprunteurs, et que l'augmentation de ce risque conduit les banques à augmenter leurs taux d'intérêt pour compenser les pertes que leur causent les défauts de paiement. En retour, cette hausse des taux d'intérêt ralentit la demande (consommation et investissement), et donc la croissance, ce qui prolonge voire aggrave la récession.

Mais le développement des faillites d'entreprises ou des défauts de paiement des ménages peut finir par dégrader la rentabilité des banques quand les taux d'intérêt prélevés sur les emprunts « fiables » ne suffisent plus à couvrir les pertes. A un certain point, les banques les plus exposées au risque – celles qui ont le plus de clients en difficulté – sont conduites elles-mêmes à la faillite : incapables de récupérer leurs créances, ces banques ne peuvent plus rembourser leurs propres dettes et notamment rembourser les déposants.

Les faillites bancaires ruinent les épargnants et provoquent une baisse très brutale de la demande – les agents sont obligés d'épargner pour reconstituer leur patrimoine. La contraction de la demande aggrave la crise économique avec une baisse désormais généralisée des prix et un effondrement consécutif de la production.

4.2. La baisse des prix augmente le poids des dettes contractées et accroît les défauts de paiement.

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La baisse généralisée des prix a un effet terriblement pervers : le poids des dettes augmente par rapport aux revenus. En effet, tandis que les frais financiers – intérêts et remboursements – restent identiques, le chiffre d'affaires des entreprises, ainsi que les revenus qui en découlent, profits comme salaires, diminuent quand les prix de vente chutent. Ce que les agents économiques doivent rembourser aux banques représente donc une part grandissante de leurs revenus. En conséquence, de plus en plus d'entreprises et de ménages sont dans l'incapacité d'y faire face. On est alors face à un cercle vicieux de la dette : la baisse des prix accroît le poids des dettes et des frais financiers, ce qui multiplie les défauts de paiements, et donc les faillites bancaires. Ces faillites, on l'a vu, provoquent une contraction de la demande qui alimente en retour une nouvelle baisse des prix, qui augmente le poids des dettes, etc. Cette spirale dévastatrice ne s'arrête qu'avec une stabilisation du secteur financier, c'est-à-dire un arrêt des faillites bancaires. Les agents qui « survivent » à une dépression s'enrichissent souvent considérablement : les prix ayant fortement baissé, le pouvoir d'achat des revenus et des patrimoines restant s'est considérablement accru. Mais cet enrichissement a eu pour contrepartie une baisse prononcée de la production, un chômage de masse et un appauvrissement global du pays. C'est ce risque qui explique qu'en cas de crise financière, les États veillent à éviter toute faillite bancaire, le risque d'une spirale déflationniste étant trop grand.

La baisse généralisée des prix a un effet terriblement pervers : le poids des dettes augmente par rapport aux revenus. En effet, tandis que les frais financiers – intérêts et remboursements – restent identiques, le chiffre d'affaires des entreprises, ainsi que les revenus qui en découlent, profits comme salaires, diminuent quand les prix de vente chutent. Ce que les agents économiques doivent rembourser aux banques représente donc une part grandissante de leurs revenus. En conséquence, de plus en plus d'entreprises et de ménages sont dans l'incapacité d'y faire face.

On est alors face à un cercle vicieux de la dette : la baisse des prix accroît le poids des dettes et des frais financiers, ce qui multiplie les défauts de paiements, et donc les faillites bancaires. Ces faillites, on l'a vu, provoquent une contraction de la demande qui alimente en retour une nouvelle baisse des prix, qui augmente le poids des dettes, etc.

Cette spirale dévastatrice ne s'arrête qu'avec une stabilisation du secteur financier, c'est-à-dire un arrêt des faillites bancaires. Les agents qui « survivent » à une dépression s'enrichissent souvent considérablement : les prix ayant fortement baissé, le pouvoir d'achat des revenus et des patrimoines restant s'est considérablement accru. Mais cet enrichissement a eu pour contrepartie une baisse prononcée de la production, un chômage de masse et un appauvrissement global du pays. C'est ce risque qui explique qu'en cas de crise financière, les États veillent à éviter toute faillite bancaire, le risque d'une spirale déflationniste étant trop grand.

4.3. La déflation japonaise des années 90

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Comme dans de nombreux pays, la Suède par exemple, se développe, au Japon, une bulle boursière et immobilière financée par le crédit et des anticipations trop optimistes des agents économiques. Lorsque cette bulle éclate, les banques détiennent de nombreuses créances douteuses: elles vendent certains actifs et attisent ainsi la baisse des cours des valeurs et de l’immobilier ce qui entraîne de nouvelles baisses du prix des actifs. Face à ces difficultés et à la lenteur de réaction des autorités monétaires (contrairement à la Suède), les banques réduisent l’encours de leurs crédits ce qui a un impact négatif sur la demande (consommation et investissement). Les entreprises sont en difficulté et la concurrence les pousse à baisser les prix et à se désendetter. Une spirale déflationniste se met en place: réduction des prix, réduction des marges, baisse de l’investissement : la demande intérieure baisse. En effet, la moindre augmentation voire même l’absence d’augmentation des revenus induit aussi une chute de la consommation qui n’incite, bien sûr, pas les entreprises à investir. De plus, la baisse des prix accroît le coût réel des remboursements d’où de nouvelles créances douteuses pour les banques et une volonté des entreprises d’accélérer leur désendettement. Vous voyez donc les enchainements d’une spirale déflationniste: elle est aggravée pat la faible efficacité des politiques traditionnelles. En effet, la politique monétaire, par une baisse des taux d’intérêt, ne suffit à redonner confiance aux ménages et aux entreprises pour investir et la politique budgétaire est limitée par le coût en valeur réelle des remboursements lorsque l’Etat emprunte pour relancer l’activité économique (pour les mécanismes: revoir ce que vous avez appris en classe de première).

Comme dans de nombreux pays, la Suède par exemple, se développe, au Japon, une bulle boursière et immobilière financée par le crédit et des anticipations trop optimistes des agents économiques. Lorsque cette bulle éclate, les banques détiennent de nombreuses créances douteuses: elles vendent certains actifs et attisent ainsi la baisse des cours des valeurs et de l’immobilier ce qui entraîne de nouvelles baisses du prix des actifs. Face à ces difficultés et à la lenteur de réaction des autorités monétaires (contrairement à la Suède), les banques réduisent l’encours de leurs crédits ce qui a un impact négatif sur la demande (consommation et investissement). Les entreprises sont en difficulté et la concurrence les pousse à baisser les prix et à se désendetter. Une spirale déflationniste se met en place: réduction des prix, réduction des marges, baisse de l’investissement : la demande intérieure baisse. En effet, la moindre augmentation voire même l’absence d’augmentation des revenus induit aussi une chute de la consommation qui n’incite, bien sûr, pas les entreprises à investir. De plus, la baisse des prix accroît le coût réel des remboursements d’où de nouvelles créances douteuses pour les banques et une volonté des entreprises d’accélérer leur désendettement.

Vous voyez donc les enchainements d’une spirale déflationniste: elle est aggravée pat la faible efficacité des politiques traditionnelles. En effet, la politique monétaire, par une baisse des taux d’intérêt, ne suffit à redonner confiance aux ménages et aux entreprises pour investir et la politique budgétaire est limitée par le coût en valeur réelle des remboursements lorsque l’Etat emprunte pour relancer l’activité économique (pour les mécanismes: revoir ce que vous avez appris en classe de première).