ATTENTION :

ce cours correspond au programme de 2013, il n'est pas conforme au programme de terminale de SES en vigueur depuis 2019.

2. Les sautes d'humeur de la consommation : les chocs de demande

null
On parle d'un choc de demande quand la demande se modifie brusquement. Un choc de demande est positif si la demande s'accroît, négatif quand elle diminue, mais on limitera l'analyse aux chocs de demande positifs

On parle d'un choc de demande quand la demande se modifie brusquement. Un choc de demande est positif si la demande s'accroît, négatif quand elle diminue, mais on limitera l'analyse aux chocs de demande positifs

2.1. L'augmentation de la richesse des ménages ou de leur propension à consommer est à l'origine d'un choc de demande positif.

null
Qu'est-ce qui peut faire augmenter soudainement la richesse ou les revenus des agents et leur permettre de dépenser plus ? La première cause peut être une hausse des revenus de transfert versés par les pouvoirs publics – par exemple, une augmentation du niveau des pensions de retraite ou des diverses allocations perçues par les ménages, telles les allocations familiales, l'allocation de rentrée scolaire ou les aides au logement. Comme ces transferts sont versés sans contrepartie – ils ne sont pas la rémunération d'un travail ou d'une participation quelconque à la production – cette hausse des revenus constitue bien ce que les économistes appellent un « choc » : la modification d'une variable économique isolément, sans relation avec les autres. Mais la hausse de la dépense peut provenir aussi d'une revalorisation du patrimoine des ménages. Si par exemple le prix des actions ou des obligations augmente, suite à une flambée des cours de la bourse, alors les ménages s'estiment plus riches : leurs revenus n'ont pas augmenté, mais la quantité de richesse accumulée qu'ils détiennent étant plus grande, ils sont en situation de dépenser plus. Un phénomène similaire peut se produire si les banques distribuent le crédit à la consommation plus facilement – si les taux d'intérêt sont moins élevés ou si les conditions pour obtenir un crédit sont moins restrictives. Dans ce cas également, les ménages sont en mesure de dépenser plus quoique leurs revenus soient inchangés. Enfin, la dépense des ménages peut s'accroître sans que leur revenu ou leur patrimoine aient changé, mais simplement parce que leur désir de consommation – la « propension à consommer » – est plus fort. Comment cette modification du comportement de consommation peut-elle s'expliquer ? D'abord par des considérations psychologiques : un regain d'optimisme face à l'avenir peut expliquer une plus forte consommation, alors qu'à l'inverse, lorsqu'ils redoutent le chômage ou un appauvrissement futur, les ménages auront tendance à épargner plus. Mais une hausse de la propension à consommer peut aussi s'expliquer par les innovations des entreprises, et plus particulièrement par les innovations de produits : l'invention de biens et de services nouveaux incitent les consommateurs à accroître leurs dépenses quand leurs besoins en biens et services « anciens » sont saturés. Les nouveaux services de téléphonie mobile, les nouveaux types de téléviseurs participent ainsi au soutien de la demande.

Qu'est-ce qui peut faire augmenter soudainement la richesse ou les revenus des agents et leur permettre de dépenser plus ? La première cause peut être une hausse des revenus de transfert versés par les pouvoirs publics – par exemple, une augmentation du niveau des pensions de retraite ou des diverses allocations perçues par les ménages, telles les allocations familiales, l'allocation de rentrée scolaire ou les aides au logement. Comme ces transferts sont versés sans contrepartie – ils ne sont pas la rémunération d'un travail ou d'une participation quelconque à la production – cette hausse des revenus constitue bien ce que les économistes appellent un « choc » : la modification d'une variable économique isolément, sans relation avec les autres.

Mais la hausse de la dépense peut provenir aussi d'une revalorisation du patrimoine des ménages. Si par exemple le prix des actions ou des obligations augmente, suite à une flambée des cours de la bourse, alors les ménages s'estiment plus riches : leurs revenus n'ont pas augmenté, mais la quantité de richesse accumulée qu'ils détiennent étant plus grande, ils sont en situation de dépenser plus. Un phénomène similaire peut se produire si les banques distribuent le crédit à la consommation plus facilement – si les taux d'intérêt sont moins élevés ou si les conditions pour obtenir un crédit sont moins restrictives. Dans ce cas également, les ménages sont en mesure de dépenser plus quoique leurs revenus soient inchangés.

Enfin, la dépense des ménages peut s'accroître sans que leur revenu ou leur patrimoine aient changé, mais simplement parce que leur désir de consommation – la « propension à consommer » – est plus fort. Comment cette modification du comportement de consommation peut-elle s'expliquer ? D'abord par des considérations psychologiques : un regain d'optimisme face à l'avenir peut expliquer une plus forte consommation, alors qu'à l'inverse, lorsqu'ils redoutent le chômage ou un appauvrissement futur, les ménages auront tendance à épargner plus. Mais une hausse de la propension à consommer peut aussi s'expliquer par les innovations des entreprises, et plus particulièrement par les innovations de produits : l'invention de biens et de services nouveaux incitent les consommateurs à accroître leurs dépenses quand leurs besoins en biens et services « anciens » sont saturés. Les nouveaux services de téléphonie mobile, les nouveaux types de téléviseurs participent ainsi au soutien de la demande.

2.2. Un choc de demande positif va accroître le niveau de production s'il y a des capacités de production inexploitées.

null
Si la demande s'accroît, suite à un enrichissement soudain des ménages ou à une hausse de leur propension à consommer, alors cela offre un débouché supplémentaire à la production des entreprises. Celles-ci peuvent alors accroître leur production, mais à condition qu'elles disposent de facteurs de production disponibles : par exemple si les équipements en place sont sous-utilisés ou s'il est possible d'investir rapidement, ou encore s'il existe une main d'œuvre au chômage et employable rapidement. La hausse de la production peut aussi se faire si les facteurs de production sont utilisés plus intensément : si la productivité augmente ou si la durée du travail s'allonge, par exemple. Dans ce cas, les entreprises produiront plus, il y aura plus de biens et services disponibles. Le choc de demande se sera traduit par une accélération de la croissance économique. Et dans la mesure où les entreprises auront distribué plus de revenus – aux salariés qu'elles auront embauchés, à leurs actionnaires – tous les éléments sont réunis pour que cette croissance se poursuive : les revenus distribués susciteront une nouvelle hausse de la demande, et donc un nouvel accroissement de la production, et ainsi de suite, tant qu'il existe des capacités de production disponibles.

Si la demande s'accroît, suite à un enrichissement soudain des ménages ou à une hausse de leur propension à consommer, alors cela offre un débouché supplémentaire à la production des entreprises. Celles-ci peuvent alors accroître leur production, mais à condition qu'elles disposent de facteurs de production disponibles : par exemple si les équipements en place sont sous-utilisés ou s'il est possible d'investir rapidement, ou encore s'il existe une main d'œuvre au chômage et employable rapidement. La hausse de la production peut aussi se faire si les facteurs de production sont utilisés plus intensément : si la productivité augmente ou si la durée du travail s'allonge, par exemple.

Dans ce cas, les entreprises produiront plus, il y aura plus de biens et services disponibles. Le choc de demande se sera traduit par une accélération de la croissance économique. Et dans la mesure où les entreprises auront distribué plus de revenus – aux salariés qu'elles auront embauchés, à leurs actionnaires – tous les éléments sont réunis pour que cette croissance se poursuive : les revenus distribués susciteront une nouvelle hausse de la demande, et donc un nouvel accroissement de la production, et ainsi de suite, tant qu'il existe des capacités de production disponibles.

2.3. Dans le cas contraire, un choc de demande se traduit par une hausse des prix ou des importations.

null
Il est possible que la demande augmente sans que cela entraîne une hausse de la production, simplement parce que les entreprises n'ont pas les ressources nécessaires pour produire plus. Comment expliquer une telle situation ? Elle peut être due d'abord à une pénurie de travail si la population active est entièrement occupée, sans qu'il soit possible de faire travailler plus de personnes – par le recours à l'immigration, l'allongement de la vie active ou le retour au travail des parents au foyer – ou de faire travailler plus longtemps les personnes déjà en poste. Mais cette pénurie de main d'œuvre peut aussi être plus « qualitative » : il peut y avoir des chômeurs disponibles, mais ne possédant pas les qualifications ou les compétences dont les entreprises ont besoin pour produire plus. La hausse de la production des entreprises peut aussi être bloquée faute de capital – la production ne requiert pas que des hommes, mais aussi les équipements nécessaires à leur travail. Le plus souvent, ce capital peut être acquis par l'investissement. On n'observe un blocage de la production que si l'investissement est impossible. Cela peut s'expliquer d'abord par une rentabilité insuffisante : si les coûts de production, tels les salaires ou le prix des consommations intermédiaires, sont trop élevés, alors les entreprises renonceront à investir pour produire plus car elles n'en tireraient pas de bénéfice. Des taux d'intérêts trop élevés peuvent aussi bloquer l'investissement : dans la mesure où les entreprises financent presque toujours leurs investissement au moins en partie par un emprunt bancaire, un coût du crédit trop cher peut rendre l'investissement non rentable. Quelles que soient les raisons qui empêchent les entreprises de produire plus, dans cette situation, un choc de demande positif ne se traduira pas par une hausse de la production, et la demande intérieure restera supérieure à l'offre de biens et services. Dans ce cas, les consommateurs peuvent trouver à l'étranger les biens et services que l'économie nationale ne peut produire, et le choc de demande se traduit finalement par une hausse des importations et une dégradation de la balance commerciale. Et si le recours aux importations n'est pas possible, alors les prix vont être tirés à la hausse par un phénomène classique de concurrence entre les acheteurs. On voit donc qu'un choc de demande positif, dans le cas où les entreprises ne sont pas en mesure d'augmenter leur production, ne se traduit pas par une augmentation des richesses produites.

Il est possible que la demande augmente sans que cela entraîne une hausse de la production, simplement parce que les entreprises n'ont pas les ressources nécessaires pour produire plus. Comment expliquer une telle situation ?

Elle peut être due d'abord à une pénurie de travail si la population active est entièrement occupée, sans qu'il soit possible de faire travailler plus de personnes – par le recours à l'immigration, l'allongement de la vie active ou le retour au travail des parents au foyer – ou de faire travailler plus longtemps les personnes déjà en poste. Mais cette pénurie de main d'œuvre peut aussi être plus « qualitative » : il peut y avoir des chômeurs disponibles, mais ne possédant pas les qualifications ou les compétences dont les entreprises ont besoin pour produire plus.

La hausse de la production des entreprises peut aussi être bloquée faute de capital – la production ne requiert pas que des hommes, mais aussi les équipements nécessaires à leur travail. Le plus souvent, ce capital peut être acquis par l'investissement. On n'observe un blocage de la production que si l'investissement est impossible. Cela peut s'expliquer d'abord par une rentabilité insuffisante : si les coûts de production, tels les salaires ou le prix des consommations intermédiaires, sont trop élevés, alors les entreprises renonceront à investir pour produire plus car elles n'en tireraient pas de bénéfice. Des taux d'intérêts trop élevés peuvent aussi bloquer l'investissement : dans la mesure où les entreprises financent presque toujours leurs investissement au moins en partie par un emprunt bancaire, un coût du crédit trop cher peut rendre l'investissement non rentable.

Quelles que soient les raisons qui empêchent les entreprises de produire plus, dans cette situation, un choc de demande positif ne se traduira pas par une hausse de la production, et la demande intérieure restera supérieure à l'offre de biens et services. Dans ce cas, les consommateurs peuvent trouver à l'étranger les biens et services que l'économie nationale ne peut produire, et le choc de demande se traduit finalement par une hausse des importations et une dégradation de la balance commerciale. Et si le recours aux importations n'est pas possible, alors les prix vont être tirés à la hausse par un phénomène classique de concurrence entre les acheteurs. On voit donc qu'un choc de demande positif, dans le cas où les entreprises ne sont pas en mesure d'augmenter leur production, ne se traduit pas par une augmentation des richesses produites.

2.4. Un choc de demande, dès lors que les entrepreneurs l’anticipent comme durable, peut favoriser l’investissement dont l’augmentation est source de croissance plus forte.

null
C’est Keynes qui a mis en évidence les aspects positifs des anticipations de débouchés des entrepreneurs sur l’investissement et la croissance. En effet, un choc de demande important et durable pousse les entrepreneurs à augmenter leurs capacités de production. Pour cela, ils doivent embaucher et investir. Par ailleurs, lorsque les entreprises investissent, elles achètent des biens de production produits par d’autres entreprises : ces dernières voient leurs débouchés augmenté et les revenus qu’elles gagnent aussi. Cette hausse des revenus des entreprises va se retrouver chez les salariés, plus nombreux et/ou mieux payés mais aussi chez les propriétaires des entreprises (les bénéfices supplémentaires se retrouvent dans des dividendes plus élevés pour eux). La consommation peut augmenter et avec elle la production de biens et services de consommation. C’est le côté « demande » de l’effet de l’investissement sur la croissance. Mais, nous l’avons vu, il existe aussi un effet « offre ». Cette fois-ci ce sont les entreprises qui utilisent les nouveaux biens de production qui peuvent augmenter leur production : leurs capacités de production augmentent. Ce sont les économistes néoclassiques qui insistent sur cette relation. En effet, les entreprises peuvent décider d’augmenter leurs capacités de production lorsqu’elles estiment que la demande qui leur est adressée sera forte et durable ce qui accroit à la fois l’offre et la demande.

C’est Keynes qui a mis en évidence les aspects positifs des anticipations de débouchés des entrepreneurs sur l’investissement et la croissance. En effet, un choc de demande important et durable pousse les entrepreneurs à augmenter leurs capacités de production. Pour cela, ils doivent embaucher et investir. Par ailleurs, lorsque les entreprises investissent, elles achètent des biens de production produits par d’autres entreprises : ces dernières voient leurs débouchés augmenté et les revenus qu’elles gagnent aussi. Cette hausse des revenus des entreprises va se retrouver chez les salariés, plus nombreux et/ou mieux payés mais aussi chez les propriétaires des entreprises (les bénéfices supplémentaires se retrouvent dans des dividendes plus élevés pour eux). La consommation peut augmenter et avec elle la production de biens et services de consommation. C’est le côté « demande » de l’effet de l’investissement sur la croissance.

Mais, nous l’avons vu, il existe aussi un effet « offre ». Cette fois-ci ce sont les entreprises qui utilisent les nouveaux biens de production qui peuvent augmenter leur production : leurs capacités de production augmentent. Ce sont les économistes néoclassiques qui insistent sur cette relation.

En effet, les entreprises peuvent décider d’augmenter leurs capacités de production lorsqu’elles estiment que la demande qui leur est adressée sera forte et durable ce qui accroit à la fois l’offre et la demande.