Inégalités économiques

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Lexique

Les inégalités économiques sont des différences entre individus ou groupes sociaux portant sur des avantages ou des désavantages économiques et qui fondent une hiérarchie entre ces individus ou entre ces groupes.

Définition

Les inégalités économiques sont des différences entre individus ou groupes sociaux portant sur des avantages ou des désavantages économiques et qui fondent une hiérarchie entre ces individus ou entre ces groupes.

Ces désavantages ou avantages économiques regroupent des différences de niveau de revenus et donc de consommation et d’épargne mais aussi de patrimoine.

Attention les revenus sont ici de différentes sortes et sont plus ou moins importants selon le niveau global de revenu : revenus du travail, revenus du patrimoine (intérêts, dividendes, loyers, etc.), revenus mixtes pour les indépendants et revenus sociaux (ou de transferts). Plus les individus se situent en bas de la hiérarchie des revenus plus la part des revenus sociaux est importante et plus les individus se situent en haut de cette hiérarchie, plus la part des revenus du patrimoine est élevée.

Ces différences de revenu sont des inégalités car les revenus permettent un accès aux ressources rares que sont les biens et services de consommation (soit immédiatement soit plus tard par l’épargne).

À noter que le patrimoine prend aussi différentes formes : logement (pour habiter ou pour le louer et en obtenir un revenu : le loyer), terre, placement auprès d’une banque ou sur les marchés financiers, etc. De plus, ce patrimoine s’accroît notamment grâce à un effort d’épargne : il dépend donc de l’importance des revenus gagnés.

Tendances

Prenons le cas de la France : le graphique suivant montre l’évolution des inégalités de revenu dans le haut de la hiérarchie des revenus en France. On peut voir que l’évolution des inégalités salariales ne suit pas exactement celle des inégalités de revenu. Pour ce qui est des inégalités de salaire, il semble qu’à long terme il y ait une certaine stabilité. Remarquons qu’elles se réduisent durant les deux guerres mondiales et de 1965 à 1995. Les inégalités de revenu sont plus fortes et connaissent aussi une baisse marquée durant ces 100 années. De plus, la période 1965-1983 est aussi une période de réduction des inégalités. Pour la période récente, les inégalités salariales et les inégalités de revenu s’accroissent. Si l’on s’intéresse aux inégalités entre hommes et femmes, la tendance est à la réduction des inégalités de salaire en France ce qui n’empêche pas la persistance d’inégalités (voir la rubrique "en savoir plus").

Intéressons-nous aux inégalités de patrimoine, toujours en France. Le graphique suivant nous montre encore l’évolution des inégalités de patrimoine dans le haut de la hiérarchie. Les inégalités de patrimoine sont encore plus importantes que les inégalités de revenu et ont eu tendance à baisser au cours de 1910 à 1970 pour se stabiliser voire remonter par la suite, que ce soit en termes de décile ou de centile.

Enjeux

Il y a deux enjeux principaux. Le premier se pose en termes de justice sociale et le second en termes d’efficacité économique.

Les liens entre justice sociale et revenus mettent en question l’égalité des conditions de vie et l’équité de la répartition des revenus. Est-il juste que deux individus ne fournissant pas des efforts identiques aient la même rémunération ? À l’inverse comment justifier l’ampleur des inégalités de revenus dans une société donnée ? Est-ce vraiment une différence d’efforts, de productivité qui explique des rémunérations différentes ? Peut-on vraiment mesurer ces différences d’efforts ? Les différences d’efficacité proviennent-elles seulement d’une différence d’efforts individuels ? Dans la société française qui donne un rôle très important au diplôme dans l’accès à telle ou telle profession, la réussite scolaire est-elle seulement liée aux efforts et aux mérites individuels ?

Ensuite, comment juger de l’efficacité économique d’une certaine distribution des revenus ? On peut penser que la présence d’inégalités de revenu est une incitation à faire des efforts, à progresser dans la hiérarchie des revenus. À l’inverse, une distribution égalitaire des revenus ne pousse pas à augmenter sa productivité, à changer de professions, etc. Par contre, certains économistes mettent en évidence l’impact positif d’une certaine correction par l’État des inégalités de revenu qui proviendraient d’un fonctionnement libre des marchés notamment du marché du travail. En effet, si l’État intervient pour aider financièrement les personnes en difficultés, les individus prendront plus de risques dans leurs activités économiques et innoveront plus. Or, un des facteurs clé de la croissance économique et de la hausse des revenus est l’innovation. Bien entendu, il est très difficile de prouver la validité de ce raisonnement. Autre argument de nature économique, dans une société moins inégalitaire, globalement la consommation est plus importante et l’épargne l’est moins : dès lors, il y a une incitation forte à produire plus et à investir plus.

Indicateurs

Suivant le type de données économiques (différentes formes de revenu, épargne, consommation et patrimoine), on peut calculer des indicateurs précis.

Prenons l’exemple des revenus. On peut représenter la hiérarchie des revenus en classant la population (individus ou ménages) dans l’ordre croissant des revenus et en les regroupant pour former des déciles, des quartiles, etc. On a ainsi une vision des inégalités économiques.

À partir de ces données, on peut calculer un écart inter-décile ou un rapport inter-décile. (Voir rubrique tendance pour des exemples de chiffres).

Toujours avec le même type de données, on peut tracer une courbe de Lorenz qui est une représentation graphique de la distribution des revenus avec sur l’axe des abscisses les proportions cumulées d’individus (les 10 % ayant les revenus les plus bas, puis les 20 % ayant les revenus les plus bas, etc.) et sur l’axe des ordonnées la proportion cumulée des revenus (les 10 % des revenus totaux distribués, puis les 20 % des revenus totaux distribués, etc.).

Il est possible aussi de calculer une moyenne des revenus et l’écart (appelé écart-type) autour de cette moyenne pour des comparaisons dans le temps ou au niveau international.

Erreurs Fréquentes

Assimiler salaire et revenu. Pour l’étude des inégalités, il s’agit d’une erreur grave car dans les revenus se trouvent, par exemple, les revenus du patrimoine qui sont plus inégalitairement distribués que les seuls salaires.

Raisonner de manière indifférente avant et après intervention de l’État : l’État modifie fortement la distribution des revenus et donc les inégalités sont différentes si on les mesure avant ou après redistribution.

Conséquence : il faut absolument étudier rigoureusement les données statistiques qui font sont offertes : salaires/revenu ; revenu avant redistribution et après redistribution ;, etc.

De même, le patrimoine des individus ou des ménages est mal connu, il faut donc toujours vérifier de quel type de patrimoine il s’agit (seul le patrimoine financier ou avec le patrimoine immobilier). De plus, parfois, vous pouvez avoir des données de patrimoine une fois déduites les dettes du patrimoine « brut ».

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