Justice sociale

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Lexique

La « justice sociale » peut être définie comme une distribution socialement acceptée, entre individus ou entre groupes d’individus, de ressources rares, valorisées (matérielles ou symboliques).

Définition

La « justice sociale » peut être définie comme une distribution socialement acceptée, entre individus ou entre groupes d’individus, de ressources rares, valorisées (matérielles ou symboliques).

Cette distribution peut provenir du fonctionnement des marchés, de décisions de l’État etc. Toute évaluation de l’acceptabilité de la distribution nécessite des critères qui peuvent être divers suivant les sociétés. Pour certaines, le critère fondamental peut être l’égalité des ressources, pour d’autres la liberté dans la compétition pour l’accès aux ressources rares, pour d’autres encore l’égalité d’accès à ces ressources ou le mérite.

Aristote distinguait quant à lui trois types de justice :

  • La justice distributive : la distribution des ressources est proportionnée à leur mérite, c’est l’égalité proportionnée ou l’équité. L’équité est donc une égalité proportionnée au mérite ou aux handicaps subis.
  • La justice commutative : elle repose sur l’échange marchand et l’égalité arithmétique (en € par exemple) des produits échangés.
  • La justice corrective (ou réparative) : elle est liée à une réparation faite pour corriger un tort qui a été fait (décision d’un tribunal ou de l’État)

Tendances

On assiste depuis quelques temps au développement de certains droits subjectifs. Il s'agit des droits à la personne, permettant notamment de réparer une situation individuelle jugée intolérable, en demandant à la solidarité nationale une réparation, principalement sous la forme d'une prestation compensatoire. On peut penser par exemple aux handicapés, qui du fait de leur situation, bénéficient d'un droit au travail aménagé, ou d'allocations spécifiques. Cette tendance au développement des droits subjectifs au nom de la justice sociale est parfaitement légitime. Elle s'accompagne cependant aujourd'hui de deux dérives possibles:

Cela peut faire que l'à‰tat soit perçu comme un justiciable que le citoyen peut assigner en justice, pour obtenir une réparation de son préjudice ressenti, s'il estime que la responsabilité nationale est engagée (via les cours européennes de justice notamment).

Cela peut aussi participer d'une forme de "découpage en tranche" de la solidarité nationale, en amoindrissant la vision collective de la justice sociale.

Enjeux

Il y a aujourd'hui un débat entre plusieurs approches morales pour tenter de définir ce que doit être une société juste :

  • Certains penchent en faveur de la justice sociale commutative : en appliquant strictement le respect de la liberté individuelle, la justice serait tout ce qui garantit la propriété individuelle ou la situation personnelle. On ne devrait donc changer la donne sociale que si la nouvelle situation améliore le bien-être d'au moins un citoyen, sans jamais diminuer celui d'aucun autre. Cette interprétation rigide empêche finalement bon nombre d'interventions étatiques de redistribution, dès lors qu'un seul individu est lésé, par exemple par une augmentation de sa contribution à la collectivité.

  • D'autres préfèrent les principes de la justice sociale distributive (ou redistributive) : ils affirment la nécessité de l'intervention de l'Etat, quoi qu'il en soit, pour corriger certains déterminismes sociaux. Le collectif y est donc privilégié. Mais cette pratique peut alors sembler totalement injuste du strict point de vue individuel, pour les personnes qui ne profitent pas des mécanismes étatiques de correction, voire qui les subissent.

  • Exemple : en France, tous les salariés cotisent pour financer les prestations familiales, y compris les personnes sans enfant. On peut trouver "juste", au nom de la solidarité (justice sociale distributive), que les familles avec enfants reçoivent une aide ainsi financée. On peut trouver "injuste" d'un point de vue individuel (justice sociale commutative) de devoir payer alors qu'on ne va pas bénéficier des prestations.

La notion de justice sociale est donc subjective et n'a pas de définition unique. Comme souvent, l'idéologie prime et détermine ce qui doit être la norme de représentation de la justice.

Indicateurs

Il n'y a pas d'indicateurs pour cette notion

Erreurs Fréquentes

  • Il faut éviter d'avoir une vision trop tranchée de ce que serait la justice sociale, en oubliant qu'elle est le résultat de l'intériorisation d'une idéologie par exemple.

  • La justice sociale n'est pas ce qui est perçu subjectivement comme juste ou injuste (ex: votre dernière note de SES était-elle juste?). C'est un construit social, qui nécessite un argumentaire sur ce qui doit être privilégié par la société.

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