Classes sociales
Publié le : - Mis à jour le :
Lexique
Les classes sociales regroupent, pour K. Marx, un ensemble d'hommes caractérisé par la place qu'il tient au sein du système productif.
Définition
Les classes sociales regroupent, pour K. Marx, un ensemble d'hommes caractérisé par la place qu'il tient au sein du système productif. C'est le sens utilisé le plus souvent. Il y a cependant d'autres acceptions pour cette expression.
Au sens marxiste, on appellera classe sociale un ensemble d'hommes caractérisé par la place qu'il tient au sein du système productif. Les classes entretiennent entre elles des rapports de production, qui représentent l'ensemble des liens économiques et sociaux correspondant à un état donné des forces productives (c'est-à-dire du système productif à l'oeuvre). Pour Marx, il y a antagonisme important entre les deux : les forces productives engendrent un rapport de domination et de servitude entre les travailleurs et les propriétaires du capital. Il s'ensuit une polarisation de la société en deux classes rivales : les bourgeois capitalistes et les prolétaires, possesseurs de leur seule force de travail. Les seconds sont soumis à l'exploitation des premiers, notamment par l'exploitation de la plus value réalisée sur le travail salarié.
Au sens non marxiste, une classe représente tout groupe connaissant la même situation, caractérisée par les mêmes "chances" de disposer de certains biens et services. Les acteurs sont alors moins soumis à un déterminisme de classe et peuvent même évoluer au sein des différentes classes sociales.
Tendances
- Le sentiment d'appartenance à une classe sociale affirmée diminue : la conscience de classe n'est plus aussi nette qu'autrefois. De plus, la classe sociale "subjective" d'appartenance (celle à laquelle on pense appartenir) est de plus en plus fréquemment la classe moyenne, qu'il est bien difficile de définir.
- On assisterait donc à une moyennisation sociale : un mode de vie de classe moyenne tendrait à se généraliser dans la population, ce qui fait dire à certains que la classe moyenne devient la "classe centrale". Au final, il n'y aurait donc plus de classes rivales identifiées clairement, mais plutôt des constellations non homogènes, gravitant autour de la classe moyenne.
- les deux dernières tendances annoncées expliqueraient la baisse de la conflictualité sur le marché du travail, la perte de puissance des partis de travailleurs et le déclin syndical.
Enjeux
L'enjeu essentiel reste la constitution d'une conscience de classe : un ensemble d'individus peut-il constituer une classe sociale sans en avoir conscience ? En effet, une classe "en soi", c'est à dire matériellement observable, objective, peut exister sans que le sentiment d'y appartenir ne soit discernable. Pour passer à une classe "pour soi", il faut que les individus prennent conscience d'un rapport d'exploitation, ce qui ne va pas sans difficultés. Dans la visée marxiste, cette prise de conscience va pousser à la révolte, qui se manifeste de prime abord par l'organisation des travailleurs en partis et syndicats. C'est donc cette conscience de classe qui permettra finalement d'initier la lutte des classes dans l'analyse marxiste. Aujourd'hui, il y a donc plusieurs débats :
- Les classes sociales existent-elles encore objectivement ? Il y a effectivement eu une amélioration du statut des travailleurs grâce à la législation sociale et, pour partie, une résorption des inégalités les plus criantes. De plus, les catégories professionnelles se sont diversifiées. Pour autant, le partage des richesses demeure encore très inégalitaire. N'est-ce pas alors que la conscience de classe fait défaut ? On peut se poser la question.
- Ensuite, autre question que l'on peut se poser, l'individualisme de masse limite-t-il désormais toute possibilité d'organisations sociales et d'actions collectives, alors que les rapports de production restent inégalitaires ?
- Le travail n'est plus qu'un élément parmi d'autres dans la formation des identités sociales. Le genre (homme/femme), la génération (les groupes d'âge), les loisirs pratiqués et les modes de consommation sont tout aussi importants. Le travail devenant un élément de référence parmi d'autres, comment envisager la constitution de classes sociales ?
Indicateurs
Il n'existe pas à proprement parler d'indicateur d'appartenance à une classe sociale. On peut l'approcher rapidement par :
- le taux de syndicalisation général de la population
- le nombre de jours de grève dans une année
- des sondages sur le sentiment d'appartenir ou non à une classe sociale déterminée.
Erreurs Fréquentes
- Il ne faut pas confondre classes et stratification sociale, qui renvoie à une définition statistique des groupes sociaux (par exemple en PCS).
- De même, il faut éviter d'associer lutte des classes et « luttes des places », c'est à dire la lutte pour obtenir des postes dans l'entreprise, opposant par exemple plusieurs générations entre elles.
- Enfin, il ne faut pas assimiler luttes de classes sociales des luttes des nouveaux mouvements sociaux, qui militent pour le contrôle des orientations sociales et culturelles de la société, et non plus pour l'amélioration des situations de travail.