Lutte des classes

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Lexique

Marx pense que, dans toutes les sociétés, il y a des classes sociales en opposition forte et violente du fait d'intérêts contradictoires et qui entrent en lutte, chacune souhaitant détenir le pouvoir.

Définition

La lutte des classes renvoie à la situation où les classes sociales sont en opposition forte et violente du fait d'intérêts contradictoires portant sur la répartition de la richesse, de la propriété, ou du pouvoir et de l'autorité. Dans le cas le plus général, cette lutte oppose des ouvriers (la classe des prolétaires) contre des bourgeois (la classe des capitalistes) dans le cadre de l'analyse marxiste.
La lutte des classes est avant tout une notion marxiste, puisque c'est par elle que l'on atteint l'objectif final, c'est-à -dire la réalisation du communisme, la société sans classe. Pour K. Marx, la lutte des classes est le fruit d'une histoire sans cesse renouvelée : « L'histoire de toute société jusqu'à nos jours n'a été que l'histoire de la lutte de classes » affirme-t-il. En effet, dans l'Histoire de l'humanité, K. Marx observe que quelles que soient les périodes étudiées, un antagonisme de classes existe : c'est le cas lors de la période esclavagiste (les esclaves contre les plébéiens), de la période féodale (les serfs contre les seigneurs) et enfin de la période capitaliste (les prolétaires contre les capitalistes bourgeois). Et ce n'est que par la lutte que la situation de la classe opprimée s'améliore.

La lutte des classes a pu se traduire par une guerre civile, comme en témoigne la révolution russe de 1917. Mais le conflit n'est pas systématiquement si violent : les travailleurs souhaitant améliorer leurs conditions de vie n'ont généralement pas eu recours à ces extrémités.

Tendances

Marx présentait l'histoire comme une évolution programmée. Dans son esprit, le communisme était une finalité certaine, en particulier parce que les prolétaires se révolteraient contre l'extorsion de la plus value dont ils sont l'objet, et développeraient la révolution. Force est de constater qu'il n'en a pas été ainsi. La lutte des classes ne s'est pas traduite en conflit politique violent ou n'a pas abouti généralement (au sens marxiste). On l'explique principalement par une institutionnalisation des conflits sociaux, par une amélioration des conditions de vie des travailleurs et par l'essor de l'individualisme marchand.

Attention cependant : si la finalité de la lutte des classes ne semble plus être la révolution prolétarienne, cela ne signifie pas pour autant que toute lutte des classes ait disparu (au sens général). Et si la notion de lutte des classes ne paraît guère à la mode, c'est aussi du fait d'un discours devenu inaudible : les ouvriers ont notamment progressivement disparu du paysage social, au moment même de leur déclin numérique, comme le notent S. Beaux et J.M. Pialoux dans Retour sur la condition ouvrière, Fayard, 1999 :
« Progressivement et insensiblement, ils ont quitté l'horizon mental des faiseurs d'opinion (intellectuels, journalistes, homme politiques, etc.), et cela au moment où, en raison de même de l'affaiblissement des formes de résistance collectives dans les ateliers, où les relations sociales au travail se sont détériorées, où les ouvriers ont été pour ainsi dire transformés en simple variable d'ajustement, réduit à une composante de la masse salariale qu'il faut comprimer toujours plus. Leurs porte parole (les syndicats les délégués à l'usine, les militants associatifs, le « Parti »), qui avaient vocation à les représenter dans l'espace public ont considérablement perdu de leur influence. »

Cela ne signifie donc pas que tous les germes de la lutte sociale ont disparu, bien au contraire.

Enjeux

Pour qu'il y ait lutte des classes, il faut que les classes sociales se constituent en groupes politiques, syndicats, associations, etc. Selon Marx, ces organisations, durables et motivées, sont le fer de lance des rébellions éventuelles car elles permettent de réfléchir et d'agir.

Ceci suppose en particulier que les classes sociales en lutte aient développé des liens sociaux forts, avec une solidarité collective évidente. En effet, les individus ne forment une classe que parce qu'ils ont conscience d'une lutte à mener (voir la notion sur les classes sociales ). Or ceci ne va pas de soi, comme en témoigne l'étude des paysans parcellaires faite par Marx dans Le 18 Brumaire de Napoléon Bonaparte. Ces paysans, exploités par les fermiers qui leur louent les terres agricoles, sont géographiquement éloignés les uns des autres, et ne peuvent développer leur unité. S'ils forment objectivement une classe sociale ("classe en soi" dit Marx), ils n'ont guère conscience de cela. Pour qu'une classe existe, il faut qu'elle ait conscience d'une lutte à mener ("classe pour soi").

L'enjeu social essentiel est donc bien de créer les moyens de l'action collective.

Indicateurs

Il n'y a pas d'indicateurs précis pour cette notion. On peut l'aborder par les taux de syndicalisation, le nombre de jours de grèves ou de manifestations, mais cela n'est guère satisfaisant.

Erreurs Fréquentes

L'erreur classique est de confondre lutte des classes, mouvements sociaux et mobilisation collective. Attention donc à bien cadrer chacune des définitions (en regardant les autres notions par exemple).