Classes sociales

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Lexique

Les classes sociales regroupent, pour K. Marx, un ensemble d'individus caractérisé par la place qu'il tient au sein du système productif.

Pour Max Weber, les classes sociales regroupent des individus selon leur plus ou moins grande chance de se procurer des biens et services.

Définition

Les classes sociales regroupent, pour K. Marx, un ensemble d'hommes caractérisé par la place qu'il tient au sein du système productif. C'est le sens utilisé le plus souvent. Il y a cependant d'autres acceptions pour cette expression. Ainsi, pour Max Weber, les classes sociales regroupent des individus selon leur plus ou moins grande chance de se procurer des biens et services.

Au sens marxiste, on appellera classe sociale un ensemble d'individus caractérisé par la place qu'il tient au sein du système productif. Les classes entretiennent entre elles des rapports de production, qui représentent l'ensemble des liens économiques et sociaux correspondant à un état donné des forces productives (c'est-à-dire du système productif). Pour Marx, il y a antagonisme important dans le mode de production capitaliste entre les deux classes sociales dominantes : les capitalistes, propriétaires du capital, c’est-à-dire des entreprises, d’un côté et la classe ouvrière de l’autre qui ne possède, elle, que sa force de travail. Il existe un rapport de domination des capitalistes sur les ouvriers : ils vivent du travail des ouvriers. En effet, pour Marx, seuls les ouvriers produisent des richesses et le profit qui rémunère les capitalistes est une partie de ces richesses produites : c’est en ce sens que les capitalistes exploitent les ouvriers. Il existe ainsi une lutte entre la bourgeoisie, autre dénomination des capitalistes, et la classe ouvrière. C’est la lutte des classe

Pour Max Weber, il n’y a pas forcément lutte des classes car les classes sociales peuvent n’être que des classe nominales (elles n’existent pas réellement contrairement à ce que pense Marx), construites pour comprendre la réalité économique. Parfois, elles forment des classes sociales réelles lorsqu’un conflit éclate entre créanciers et débiteurs (dans l’antiquité notamment), entre travailleurs et propriétaires fonciers sous l’ancien régime. Dans notre société, ce sont plutôt les groupes de statut qui ont une réalité sociale. Pour M. Weber, il peut exister une multiplicité des classes sociales, suivant les chances différenciées d’accès aux biens et aux services mais il est possible de distinguer quatre classes sociales : : « la classe ouvrière », « la petite bourgeoisie », « les intellectuels et les spécialistes sans biens (techniciens, employés de commerce et fonctionnaires) », « les classes des possédants et de ceux qui sont privilégiés par leur éducation ».

Tendances

  • Le sentiment d'appartenance à une classe sociale au sens de Marx affirmée diminue : la conscience de classe n'est plus aussi nette qu'autrefois. De plus, la classe sociale "subjective" d'appartenance (celle à laquelle on pense appartenir) est de plus en plus fréquemment la classe moyenne, qu'il est bien difficile de définir.
  • On assisterait donc à une moyennisation de la société, contre la bipolarisation prévue par Marx : un mode de vie de classe moyenne tendrait à se généraliser dans la population, ce qui fait dire à certains que la classe moyenne devient la "classe centrale". Au final, il n'y aurait donc plus de classes rivales, en lute, identifiées clairement, mais plutôt des constellations non homogènes de groupes sociaux ou d’individus, gravitant autour de la classe moyenne.
  • Ces deux tendances expliqueraient la baisse de la conflictualité sur le marché du travail, la perte de puissance des partis de travailleurs, notamment révolutionnaires, et le déclin syndical.

Enjeux

L'enjeu essentiel de l’analyse marxiste des classes sociales reste la constitution d'une conscience de classe : un ensemble d'individus peut-il constituer une classe sociale sans en avoir conscience ? En effet, une classe "en soi", c'est à dire matériellement observable, objective, peut exister sans que le sentiment d'y appartenir ne soit discernable. Pour passer à une classe "pour soi", il faut que les individus prennent conscience d'un rapport d'exploitation, ce qui ne va pas sans difficultés. Dans la vision marxiste, cette prise de conscience va pousser à la révolte, qui se manifeste de prime abord par l'organisation des travailleurs en partis et syndicats. C'est donc cette conscience de classe qui permettra finalement d'initier la lutte des classes dans l'analyse marxiste. Aujourd'hui, il y a donc plusieurs débats :

  • Les classes sociales existent-elles encore objectivement ? Il y a effectivement eu une amélioration du statut des travailleurs grâce à la législation sociale et, pour partie, une résorption des inégalités les plus criantes. De plus, les catégories professionnelles se sont diversifiées. Pour autant, le partage des richesses demeure encore très inégalitaire. N'est-ce pas alors que la conscience de classe fait défaut ? On peut se poser la question.
  • Ensuite, autre question que l'on peut se poser, l'individualisme de masse limite-t-il désormais toute possibilité d'organisations sociales et d'actions collectives, alors que les rapports de production restent inégalitaires ?
  • Le travail n'est plus qu'un élément parmi d'autres dans la formation des identités sociales. Le genre (homme/femme), la génération (les groupes d'âge), les loisirs pratiqués et les modes de consommation sont tout aussi importants. Le travail devenant un élément de référence parmi d'autres, comment envisager la constitution de classes sociales ?

Indicateurs

Il n'existe pas à proprement parler d'indicateur d'appartenance à une classe sociale. On peut l'approcher rapidement par :

  • le taux de syndicalisation général de la population
  • le nombre de jours de grève dans une année
  • des sondages sur le sentiment d'appartenir ou non à une classe sociale déterminée.

Erreurs Fréquentes

  • Il ne faut pas confondre classes et des groupes sociaux (notamment en utilisant la nomenclature des PCS sans précaution).
  • Il ne faut pas oublier que Weber interprète la structuration de la société non seulement avec les classes sociales mais en ajoutant un ordre social et ordre politique qui peuvent être autonomes de l’ordre économique ; de ce point de vue, il y a une deuxième opposition à l’analyse de Marx.
  • De même, il faut éviter d'associer lutte des classes et « luttes des places », c'est à dire la lutte pour obtenir des postes dans l'entreprise, opposant par exemple plusieurs générations entre elles.
  • Enfin, il ne faut pas assimiler luttes de classes sociales des luttes des nouveaux mouvements sociaux, qui militent pour le contrôle des orientations sociales et culturelles de la société, et non plus pour l'amélioration des situations de travail.
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