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Le groupe de copains du lycée, les membres de votre association sportive, le groupe whatsapp de la classe de première, votre famille proche : tous ces groupes sociaux vous entourent et vous permettent d’avoir des relations d’échange affectives, amicales, mais aussi matérielles, sans lesquelles votre vie sociale serait bien réduite. Vous participez ainsi à de multiples formes de liens sociaux chaque jour, parce que vous êtes enchâssé dans de multiples groupes sociaux, sans toujours vous en rendre compte, tellement ils semblent aller de soi. Ces groupes sociaux se définissent en sociologie de manière simple : ce ne sont pas des agrégats d’individus (des additions de personnes ayant des caractères communs dans un ensemble, au sens mathématique), mais des regroupements de personnes entretenant des relations interindividuelles relativement remarquables. Pour qu’un groupe social existe, il faut donc des contacts directs entre les membres de ce groupe, même si ces relations peuvent rester faibles ou épisodiques. Ces contacts peuvent être en face à face avec une proximité physique, comme lorsque vous discutez avec vos amis à la récréation de la qualité de votre cours de SES, ou à distance, comme lorsque vous téléphonez à vos grands-parents ou que vous envoyez un message sur un réseau social numérique. Cependant, ces liens sociaux, ces contacts peuvent être indirects comme entre les membres d’un syndicat qui, s’ils n’ont pas tous des liens directs, partagent des activités, des valeurs ou des intérêts communs. La communication entre eux ne sera pas forcément interindividuelle mais par le biais des journaux syndicaux, de tracts, d’appels à la manifestation, etc.
Bien évidemment, ces groupes sociaux prennent de multiples formes et sont très différents entre eux : certains ne dureront que quelques temps (le groupe d’amis rencontrés en vacances) quand d’autres s’inscriront dans la longue durée (vos relations familiales) ; certains rassembleront un groupe restreint de personne (votre équipe de sport par exemple), d’autres auront une taille très importante (comme les adhérents à un syndicat) ; enfin le degré de cohésion du groupe peut être plus ou moins fort (situation que vous avez bien dû expérimenter !). Dans tous les cas cependant, le groupe reste un collectif d’individus liés les uns aux autres par des valeurs communes, des activités communes, des intérêts communs et qui se reconnaissent mutuellement comme tels : la notion de groupe social n'a de réalité que si les membres qui en font partie ont conscience de cette appartenance.
Chacun appartient ainsi à une multitude de groupes sociaux différents, plus ou moins interconnectés, plus ou moins choisis, et plus ou moins importants pour soi. Des rapprochements et des distinctions parmi l’ensemble de ces groupes sociaux peuvent être réalisés et cela selon, principalement, deux clefs de lecture.
La première clef concerne le degré proximité que l’on entretient avec les groupes. Les groupes les plus proches, les groupes primaires, sont souvent de petite taille, avec des relations interpersonnelles directes, plus fréquemment en situation de face-à-face. Les membres d’un groupe primaire partagent des objectifs et des intérêts communs, ils sont soudés par un fort sentiment d'appartenance. L’expression « compter sur » résume assez bien ce que l’individu peut retirer de sa relation aux autres dans un groupe primaire. Pour vous, ces groupes primaires sont principalement votre famille proche, et ce que les sociologues appellent les groupes de pairs. Ces groupes de pairs rassemblent des personnes unies par des caractéristiques similaires telles que l'âge, la fréquentation dans les écoles ou les lieux de travail, les activités de loisirs communes : cela correspond pour vous à vos groupes d’amis par exemple. Les groupes secondaires, ensuite, sont moins proches de vous ou moins immédiatement repérables. Ce sont des ensembles plus larges, avec des liens sociaux plus « fonctionnels », c’est-à-dire déterminés par avance et relativement codifiés, et des relations moins affectives. On les retrouve dans les univers professionnels ou scolaires (le lycée, avec ses enseignants, son administration, ses règles à respecter, est donc un groupe secondaire), les associations auxquelles on adhère pour bénéficier de services ou parce que cela correspond à nos valeurs, ou encore les réseaux, comme le réseau des anciens élèves d’une école de commerce par exemple, qui permettent de développer sa capacité à trouver un emploi.
L’autre clef de lecture concerne le degré d’adhésion personnelle que l’on ressent vis-à-vis d’un groupe. Il y a ainsi des groupes d’appartenance : ce sont des groupes auxquels on appartient objectivement, dont on partage les codes sociaux, et pour lesquels on revendique son adhésion au groupe. Au sein d’un groupe d’appartenance, le langage est commun, les individus ont globalement la même manière de penser et d’agir, ou les mêmes coutumes. Vous ne l’imaginiez sans doute pas, mais c’est le cas du groupe des enseignants de SES, qui ont développé un fort sentiment d’adhésion et d’intégration entre eux, et qui se reconnaissent comme un ensemble particulier et original, parmi la masse des enseignants, même s’ils ne se côtoient pas beaucoup au quotidien parce qu’ils sont dans des lycées différents. Il y a ensuite des groupes de référence : ce sont des groupes auxquels un individu n’appartient pas objectivement, mais qu’il souhaite rejoindre, pour en adopter les codes et les valeurs. De manière large, cela concerne tout groupe auquel se réfère un individu en ce qui concerne ses attitudes. Les motifs de cette adhésion sont en général liés au désir de reconnaissance, au statut social que l’on souhaite obtenir. Certains se projettent ainsi dans un groupe social qu’ils souhaitent atteindre au final. Si vous souhaitez devenir cadre dirigeant mais que vous êtes enfant d’ouvrier, vous pouvez d’ores et déjà adopter les tenues vestimentaires, les manières de parler et de se comporter des cadres, et délaisser les pratiques sociales du groupe des ouvriers. Il faut cependant retenir que dans tous les cas, tous ces groupes favorisent l’intégration des personnes et permettent le lien social.
Dans une société comme la nôtre, le travail est une activité fondamentale des individus (des adultes bien sûr). Dès lors, les groupes sociaux parmi les plus importants dans notre vie sociale découlent de la position sociale ou professionnelle des personnes. Il est alors intéressant de collecter des données statistiques en fonction de ces groupes, pour mesurer des inégalités économiques et sociales, repérer des trajectoires de mobilités sociales, observer s’il y a de l’homogamie sociale (ce qui signifie que les unions conjugales se font au sein de groupes sociaux proches), etc. Bref, vous le comprenez, ces données permettent de comprendre comment les individus, travailleurs ou anciens travailleurs, s’intègrent dans la société, et de mettre en évidence aussi les valeurs, les normes et les pratiques habituelles des différents groupes socioprofessionnels. Pour « stabiliser » ce travail, il faut cependant une méthode de regroupement des milliers de métiers existants en France qui soit satisfaisante et relativement stable dans le temps. Ce groupement statistique s’appelle les professions et catégories socioprofessionnelles, souvent notées PCS. Cette nomenclature selon le terme utilisé habituellement a été construite par l’INSEE (Institut National de la Statistique et des Études Économiques).
Les PCS sont construites à partir d’une série de critères liés à la situation professionnelle. La nomenclature des PCS propose ainsi une classification de la population, en distinguant selon la situation d’activité ou d’inactivité, et, pour les actifs, selon le statut juridique de l’emploi (salariés/indépendants), le niveau de qualification et de responsabilité hiérarchique, le caractère principalement manuel du travail ou commercial ou administratif, etc., mais aussi selon le secteur d’activité de l’entreprise, selon le caractère public ou privé de l’employeur ou encore selon la taille de l’entreprise. Avec ses différents critères, cette nomenclature vise à rassembler dans une même catégorie des individus porteurs de caractéristiques et propriétés sociales communes. Il y a alors 6 catégories d’actifs et 2 catégories « autres », les retraités et les autres personnes sans activité professionnelle. Les chômeurs se classent dans la catégorie de leur dernier emploi. Même si cela reste très schématique, voici comment aboutir aux 6 PCS représentants les actifs français :
La logique est d’abord économique et professionnelle : la profession constitue le premier critère de classement au sein des PCS. Mais les concepteurs de la nomenclature des PCS, qui étaient des sociologues, ont également souhaité que les PCS correspondent à des milieux sociaux relativement homogènes en termes de pratiques sociales, de mode et de niveau de vie. La construction de la nomenclature répond ainsi aussi à une logique sociale et culturelle. C’est pourquoi vous verrez souvent des tableaux statistiques observant la population classée par PCS sur de nombreux sujets économiques et sociaux : la réussite scolaire des enfants selon la PCS des parents, les pratiques culturelles et de loisirs par PCS, les écarts de durée de vie, etc.
Vous venez de le lire, les PCS sont une nomenclature, classant les différentes professions selon des critères relativement objectifs, et permettant de construire des groupes sociaux professionnels relativement homogènes. Vous le verrez sans doute cependant, la nomenclature des PCS n’est pas toujours l’outil le plus pertinent pour classer les positions sociales et mesurer la mobilité professionnelle entre plusieurs générations. De plus en plus souvent, l’INSEE choisit donc de rassembler deux groupes pour les scinder ensuite : les catégories « ouvriers » et « employés » connaissent des situations sociales globalement assez proches, et ce qui devient marquant c’est de distinguer les « ouvriers et employés qualifiés » d’un côté, et les « ouvriers et employés non qualifiés » de l’autre.
La nomenclature des PCS n’est pas qu’une construction de groupes sociaux effectués par des statisticiens de l’INSEE : elle a largement repris des catégories déjà utilisées par les individus pour se classer : c’est le cas des catégories comme « ouvriers » ou « cadres » par exemple. Les PCS sont aussi les héritières de classifications issues du monde du travail et de l’entreprise pour des usages très concrets : établir les grilles de salaire par qualification et postes, définir les types de représentants salariés lors des élections professionnelles dans l’entreprise… Cela a facilité l’adoption par tous de son usage, qui est en quelque sorte passé dans le sens commun.
On peut aussi dire que les PCS ont une fonction cognitive pour de nombreuses personnes : en connaissant la PCS d’une personne avec laquelle on est en relation, on a immédiatement en tête des éléments sur ses comportements supposés ou son niveau de vie. Cela permet d’identifier socialement la personne et de l’associer à un groupe. Même les catégories qui agrègent des professions très différentes et auraient pu rester de simples classes statistiques, ne créant aucun sentiment d’appartenance, comme la catégorie des professions intermédiaires, ont pu progressivement « faire sens », et finir par représenter un ensemble homogène pour la plupart des personnes, qui peuvent y retrouver une forme de noyaux durs des classes moyennes. C’est pourquoi les PCS sont progressivement devenues une forme de représentation de la société et se sont imposées.
Dans nos sociétés contemporaines, la place que prend l’individu est de plus en plus importante : chacun est plus libre de ses choix que précédemment, les obligations sociales sont moins fortes, et le niveau d’intégration à la communauté est plus faible. On parle alors de processus d’individualisation pour qualifier ces phénomènes. L’un des premiers sociologues à l’avoir identifié est aussi l’un des pères de la sociologie moderne à la fin du XIXème siècle en France: il s’agit d’Émile Durkheim. Pour E. Durkheim, cette individualisation de la société ne signifie pas le repli sur soi des individus mais une autonomie plus grande, une liberté plus grande vis-à-vis des groupes d’appartenance. De plus, la cohésion sociale peut être assurée grâce à une solidarité qu’il appelle « organique », sans doute plus forte et plus large que la solidarité mécanique que l’on observait dans les sociétés anciennes, paysannes. Au point de départ de son analyse, il y a l’effet de la division du travail, qui se développe sous ses yeux, provenant d’un accroissement de la population et des échanges entre individus. Ces évolutions nécessitent une plus grande division du travail pour faire face à de besoins plus grands, brisant l’unité de la société et les similitudes d’activité et de comportements qui pouvaient exister entre individus. Cette division de travail accroit donc les différences entre individus et transforme la société paysanne en une société industrielle et urbaine. Ces changements sociaux modifient forcément la place que chacun a dans la société, son statut social, et les relations qu’il entretient avec les autres. C’est d’ailleurs dans son ouvrage intitulé De la division du travail social que Durkheim explique ce développement de la cohésion sociale par le passage d'une solidarité mécanique à une solidarité organique.
La distinction entre les deux types de société se fait notamment par l'étude d’un phénomène objectif : le droit. Comme sociologue, E. Durkheim cherche en effet à observer des faits sociaux, en trouvant des critères repérables et mesurables. Dans les sociétés primitives, les normes coutumières et les règles s’imposent à tous les individus. Le droit est donc avant tout un droit répressif. C’est un droit qui s’apparente au droit pénal, avec des peines et des sanctions, décidées au nom de la société par les tribunaux, quand on ne respecte pas les règles que la société ordonne : ces peines visent ainsi à sanctionner l’atteinte portée aux valeurs collectives. C’est un signe que la personnalité individuelle est soumise au groupe, qui gouverne la conscience collective qui s’impose à chacun. Cela est possible dans des sociétés de faible importance numérique, avec une organisation sociale très segmentée, où l’intégration se fait essentiellement par la ressemblance des comportements des différents individus, qui poursuivent les mêmes buts collectifs. Ceci permet la reproduction et la sauvegarde des valeurs de la collectivité, qui finalement évoluent assez peu dans le temps. En bref, la cohésion sociale provient des similitudes des comportements des individus.
À l’inverse, dans les sociétés complexes modernes, la division du travail implique une spécialisation des activités économiques, et un indispensable échange de compétence. La preuve pour E. Durkheim ? La forme du droit y est plus souvent restitutif, c’est-à-dire coopératif, fondé sur la recherche de justice et la réparation des préjudices. Cela correspondrait aujourd’hui au droit civil, qui gère les relations et les contrats qui se nouent entre personnes : le droit viserait ainsi la poursuite de la coopération commune et du « cours régulier des activités sociales, en offrant, par exemple, des dommages et intérêts à celle victime d’une rupture abusive du contrat. La diversification des rôles et des statuts renforce par ailleurs la conscience individuelle, qui passait totalement de côté dans les sociétés précédentes. Au même moment, la division du travail «crée entre les hommes tout un système de droits et de devoirs qui les lient les uns aux autres de manière durable», ce qui permet aussi de vivre dans une communauté de croyances et de sentiments. C’est en ce sens que l’on peut dire que la division du travail produit en même temps de l’individualité et de la solidarité, un individu plus autonome et plus étroitement dépendant de la société. De mécanique, la solidarité devient organique: vous pouvez garder en tête pour vous en souvenir l’image des organes d'un corps qui, assurant des fonctions différentes, ont besoin les uns des autres pour le fonctionnement normal de l'ensemble du corps. C'est donc désormais la complémentarité des fonctions occupées par les individus qui assure la cohésion sociale.
Le processus d’individualisation prend bien évidemment plusieurs formes aujourd’hui, et ceci peut s’illustrer en prenant le fonctionnement social des familles. Une famille, c’est au départ une relation de couple fondée plus sur le choix de chacun des membres du couple que sur le choix, encadré par des conventions sociales, de leurs parents. Cette relation est désormais aussi plus équilibrée, elle est devenue plus « fluide » et parfois plus fragile, elle est moins imposée ou contrainte par la société et l’environnement social que choisie par les personnes. De fait, les unions stables sont souvent plus tardives aujourd’hui, et il est bien difficile de déterminer quand un couple peut être considéré comme durable, puisque le mariage n’est plus une obligation sociale, et qu’une majorité des naissances aujourd’hui se fait hors mariage. Un sociologue propose même de retenir comme moment de stabilisation de la conjugalité l’achat de la machine à laver (qui permettra de laver son linge sale en famille) ! Dans ce couple, les relations sont plus égalitaires, avec une prise en compte de la volonté de l’autre, et un impératif de réciprocité, qui fait de chacun un individu digne de respect, un partenaire avec lequel il faut négocier. Cependant, le couple peut ne pas être éternel : il est possible de se séparer quand la relation à l’autre ne semble plus satisfaisante et ne favorise plus l’autonomie et l’émancipation de chacun. La divortialité a donc augmenté assez fortement (et les autres formes de séparation sans mariage doivent être tout autant importantes). Les choix de vie au sein du couple sont donc plus libres qu’autrefois.
Une famille, c’est ensuite bien souvent des enfants. L’individualisation peut alors au départ passer par la recherche de prénoms peu communs ou originaux, pour signifier le caractère personnel de ce choix. Les enfants sont ensuite généralement plus rapidement autonomes et maitres de certaines décisions : le choix de leurs loisirs, de l’organisation de leur temps, de leur orientation etc. Dans la majorité des cas, vous avez ainsi choisis la spécialité SES, en lien et en discussion avec vos parents bien sûr… La plupart des enquêtes montrent ainsi que les enfants sont plus indépendants précocement. Ces mêmes enquêtes montrent en parallèle que la sociabilité familiale s’est intensifiée au sein de la famille conjugale, parents et enfants passant plus de temps ensemble, en particulier pour les activités de loisirs. Les relations au sein de la famille sont donc aussi plus resserrées. Les liens familiaux non seulement ne s’affaiblissent pas en général, mais tendent à s’étoffer en s’adaptant au processus d’individualisation de la société.
D’autres illustrations de ce processus d’individualisation sont tout aussi possibles : le développement du capitalisme et du marché, les formes d’urbanisation avec le développement de l’habitat individuel, l’essor des sociétés démocratiques (voir le chapitre sur le vote) …