ATTENTION :
Le développement des firmes multinationales a poussé les économistes à prendre en compte leur stratégie d'implantation pour mieux comprendre le commerce international et la spécialisation des pays.
Depuis 30 ou 35 ans, on assiste à un développement important des firmes multinationales (FMN), même si bien sûr, au XIXe siècle au moins, il existait déjà des entreprises industrielles multinationales. Précisons ce que l’on appelle FMN. Habituellement, il s’agit d’une entreprise qui a une base nationale et qui possède au moins une filiale dans un autre pays. De ce fait, elle produit et/ou commercialise ce qu’elle produit en dehors de son pays d’origine. (Pour plus de détail voir la notion associée). Ce type d’entreprise tend à se développer comme le montre le flux d’investissements directs à l’étranger qui depuis les années 70 augmente fortement malgré depuis une quinzaine d’année des périodes de flux et de reflux (voir notion FMN). Quoi qu’il en soit, vous connaissez sans doute nombre d’entreprises françaises, allemandes ou américaines qui ont implanté des unités de production dans d’autres pays en Chine ou en Asie de manière générale, dans des pays du Maghreb ou d’Europe de l’est.
L’existence des entreprises transnationales génère du commerce intra-firme : celui-ci représente l’ensemble des échanges de biens internes à une FMN (firme multinationale) entre la maison mère et ses filiales ou entre les filiales. Ainsi, du fait de la décomposition des processus productifs (les différentes étapes du processus de production sont réparties dans plusieurs pays), une même firme peut importer de ses filiales des produits semi-finis pour les assembler sur un autre territoire avant de les exporter à une de ses filiales qui commercialisera les produits finis dans le monde. Des produits intermédiaires peuvent donc passer plusieurs fois les frontières. Des estimations indiquent que le commerce intra-firme strict représente désormais entre 30 et 40 % du total des échanges internationaux. Pour la Chine, on estime même que 50 % de ses exportations mondiales sont en réalité le fait d’un commerce intra-firme. On voit donc clairement que l’activité des firmes transnationales " gonfle " le volume du commerce mondial.
Une conséquence de ce commerce intra-firme est qu’il ne correspond pas strictement à une logique de marché : les prix des biens internes échangés ne reposent pas sur une mise en concurrence par le marché mais, par exemple, sur un arbitrage fiscal de la firme internationales : les FMN minorent les coûts dans les pays où les impôts sur les bénéfices sont les plus faibles et les majorent dans le cas inverse.
Quoi qu’il en soit se pose pour toute entreprise qui se veut « mondiale » la question de produire sur son territoire national et d’exporter ou alors de s’implanter sur un territoire étranger pour vendre voire pour produire.
Pour pouvoir vendre dans un pays étranger, une entreprise doit fixer un prix compétitif par rapport à ses concurrents : c’est la logique de la compétitivité-prix. Pour cela, selon la nature de la production, il faut soit jouer sur les différents coûts, notamment les coûts salariaux qui représentent souvent une part importante des coûts avec les coûts des consommations intermédiaires (matière première, etc.), soit sur la productivité du travail en l’élevant en mécanisant ou automatisant la production notamment.
Toutefois, une autre stratégie est possible : elle prend appui sur la qualité ou sur les caractéristiques globales du produit. Dans une logique de compétitivité structurelle ou hors-prix (ou compétitivité-produit), les entreprises cherchent alors à agir sur les particularités de leurs produits et à les mettre en avant, pour les vendre à l’étranger malgré un prix relativement plus élevé que celui des concurrents. Ces caractéristiques peuvent être l’image de marque, la fiabilité, des innovations incorporées, le réseau de service après-vente, etc. La compétitivité structurelle dépend notamment du point de vue productif de la qualité de la main d’œuvre et de la qualité des infrastructures collectives.
Devant la difficulté d’améliorer leur compétitivité-prix à l’intérieur de leur propre pays, certaines firmes vont avoir une stratégie de localisation de la production en dehors de leur pays d’origine pour réduire leurs coûts de production en fonction des caractéristiques propres de chaque espace national. La division du processus de production entre des pays différents exploite ces différences de conditions de production entre les pays : dans certains pays, les matières premières sont peu chères, dans d’autres ce sont les impôts ou le coût du travail. Les firmes multinationales vont chercher à profiter de tous ou de certains de ces avantages. C’est ainsi que de nombreuses entreprises ont délocalisé une partie de leur activité de fabrication vers la Chine par exemple : elles ont fermé des unités de production en Europe, pour en exploiter de nouvelles en Chine. Toutefois, les FMN doivent aussi tenir compte d’autres éléments comme la qualité et la formation de la main d’œuvre qui joue sur la productivité du travail, mais aussi plus largement de la qualité des infrastructures collectives, de transport et de communication, particulièrement, qui ont une influence sur le coût global de production à l’étranger. C’est d’ailleurs pour cela que de nombreuses entreprises s’installent dans des pays développés : une grande partie des investissements directs à l’étranger se fait à destination des pays développés (États-Unis, Europe, etc.).
En dehors de la volonté d’améliorer la compétitivité, des entreprises (et cela depuis très longtemps) ont internationalisé leur processus de production pour avoir accès à des ressources qui n’étaient pas présentes sur leur territoire d’origine : on parle d’intégration verticale. L’exemple le plus connu est celui de l’industrie pétrolière : les compagnies pétrolières qui souvent transforment le pétrole en essence ont développé des activités de recherche, de prospection, d’exploration et d’extraction du pétrole dans de nombreux pays. De cette façon, elles sont assurées d’avoir accès à matières premières fondamentales pour leur activité. Elles peuvent ainsi maîtriser l’ensemble du processus de production.
Enfin, un des motifs les plus importants de l’implantation d’une entreprise dans un pays étranger est de se rapprocher d’un marché qu’elles souhaitent toucher : il s’agit pour elles de se rapprocher de la demande. Les avantages de cette implantation peuvent être divers : contourner des barrières protectionnistes, avoir une plus grande capacité d’adaptation aux goûts de la clientèle (et pour cela produire des biens spécifiques et adaptés au pays) ou investir une zone commerciale stratégique (l’Asie par exemple qui connaît une forte croissance économique et possède une population très nombreuse). Parfois, comme dans le cas de la Chine, l’implantation dans ce pays a un double objectif de coût de production mais aussi d’accès au marché.