ATTENTION :
Depuis 1945 et le tournant des années 1960, le changement social a été d’importance : transformation de la stratification sociale, urbanisation, tertiarisation, bouleversement des valeurs (pensez, par exemple, à la transformation des croyances religieuses), massification scolaire, émancipation des femmes, et on pourrait ajouter bien d’autres exemples. Tous ces changements font que les critères de différenciation sociale se sont multipliés.
L’INSEE propose un classement de la population afin de décrire la société. Pour cela, il a créé un certain nombre de grandes catégories socioprofessionnelles ayant une certaine homogénéité sociale. C’est-à-dire qu’à l’intérieur de ces groupes le style de vie sera à peu près le même ; le niveau de vie sera proche de même que les modes de vie et l’identité sociale. Pour établir ce classement, l’INSEE utilise les critères suivants : le type de métier (classer les actifs d’après leur profession), le statut professionnel (salarié ou non), la place dans la hiérarchie professionnelle associée à la qualification : celle-ci appliquée au travailleur se mesure généralement par le diplôme, la taille de l’entreprise (de 0 à 9 salariés ou 10 salariés et plus), la nature de l’employeur (entreprise ou État), le secteur d’activité (agriculture, etc.). Cela lui permet de construire une nomenclature socioprofessionnelle avec 6 grandes catégories socioprofessionnelles (voir pour cela la notion « catégorie socioprofessionnelle »).
Le système français des PCS se veut ainsi une approche des groupes sociaux avec comme particularité de ne pas se présenter la forme d’une simple échelle unidimensionnelle. Cette nomenclature permet, les enquêtes le montrent, de saisir des différences de comportements ou d’attitudes : la PCS résumant souvent un style de vie particulier et des valeurs particulières.
L’âge est devenu un critère important pour différencier les styles de vie notamment dans les pratiques culturelles particulièrement liées chez les adolescents et les jeunes à la musique. Ces derniers tendent à former un groupe social spécifique… même s’il reste traversé par des conditions matérielles et culturelles de vie très différentes. D’autres comportements que les comportements strictement culturels sont liés à l’âge : que ce soit bien sûr dans les pratiques et l’organisation familiale (entraide familiale de la part des grands-parents, volonté d’autonomie chez les adolescents et les jeunes, etc.) ou dans le rapport au travail (avec des périodes spécifiques d’entrée et de sortie du monde du travail chez les jeunes et chez les personnes ayant l’âge de partir à la retraite) par exemple.
Il se peut aussi que chaque classe d’âge ait connue les mêmes événements économiques (Trente glorieuses ou chômage de masse par exemple) ou sociaux (Guerre d’Algérie, événements de mai 68, etc.) et que, par cela, ils forment une génération à part qui a des rapports à l’économie, à la politique, à la morale différents.
Tout comme l’âge, le genre détermine des pratiques sociales le plus souvent différentes. On peut ainsi revenir sur le mode d’entrée dans la vie adulte des jeunes et remarquer que le modèle féminin est plus précoce d’environ deux ans que celui masculin dans les étapes de ce processus : quitter ses parents, prendre un emploi, fonder une famille. En particulier la décohabitation familiale survient plus rapidement après la fin des études chez les filles et elle est plus nettement dissociée de l’emploi à l’accès stable que chez les garçons.
Restons dans le domaine familial et professionnel pour montrer l’importance des différences entre hommes et femmes. Vous le savez sans doute les femmes assurent plus des 2/3 des tâches domestiques et ont un temps de travail plus faible que celui des hommes (du fait de l’importance du travail à temps partiel chez les femmes). Dès lors l’accès au temps libre, ressource rare et valorisée bien sûr, est plus faible pour les femmes que pour les hommes : on peut parler d’inégalités entre hommes et femmes. Cela est d’autant plus vrai que dans le monde du travail les inégalités de salaire et d’emplois existent aussi : à travail égal, les femmes en France ont un revenu plus faible (sans compter l’importance du temps partiel pour elles) et à qualification égale elles accèdent moins souvent que les hommes à des postes de responsabilité. On pourrait compléter évidemment ces analyses dans le domaine politique et dans d’autres domaine sans doute. Quoi qu’il en soit, le genre reste un marqueur et implique souvent des différences de pratiques voire des inégalités entre individus.
La diversité des causes de différenciation, l’âge, le sexe, etc., montre qu’un même groupe socioprofessionnel peut être traversé de diverses inégalités. Cela contribue à ce que les inégalités soient davantage vécues sur le mode individuel que collectif. La frontière des groupes sociaux est de ce fait beaucoup moins claire. Cela ne signifie pas pour autant que la hiérarchie entre les groupes n’existe plus. La réduction des inégalités devient également moins simple dans la mesure où celles-ci ne sont pas clairement attachées à tel ou tel groupe. La question centrale devient, plus que jamais, celle de l’égalité des chances.