ATTENTION :

ce cours correspond au programme de 2013, il n'est pas conforme au programme de terminale de SES en vigueur depuis 2019.

3. Déflation et dépression : les aspects cumulatifs d'une situation de crise

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À chaque fois que l'économie entre en récession, on court le risque d'une baisse cumulative de toutes les grandeurs économiques – production, revenus. Cette « spirale dépressive » – dont la grande crise des années 30 constitue l'exemple le plus mémorable – rend très difficile le retour de la croissance. Il est donc essentiel de comprendre les mécanismes de la dépression, qui peuvent même parfois conduire à la baisse généralisée des prix : la déflation.

À chaque fois que l'économie entre en récession, on court le risque d'une baisse cumulative de toutes les grandeurs économiques – production, revenus. Cette « spirale dépressive » – dont la grande crise des années 30 constitue l'exemple le plus mémorable – rend très difficile le retour de la croissance. Il est donc essentiel de comprendre les mécanismes de la dépression, qui peuvent même parfois conduire à la baisse généralisée des prix : la déflation.

3.1. La dépression

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La dépression est une situation de baisse du PIB (ou de fort ralentissement de la croissance) durant une période longue. Évidemment, au sens strict, les dépressions sont rares. Citons celles qu'ont connues les États-Unis durant la crise de 1929. (voir notion « dépression »). Les mécanismes sont les mêmes que ceux développés dans la partie 2, à la différence près qu'il n'y a plus aucun mécanisme de « rappel » lorsque l'on parle de dépression. On ne semble plus pouvoir retrouver rapidement une croissance économique forte et durable. Ce caractère cumulatif peut être lié à plusieurs situations économiques. Tout d'abord, le retournement qui amène à la dépression peut avoir été précédé par un ralentissement de la production dans des secteurs d'activités importants. Ensuite, le système financier peut être fragile et ne pas supporter des faillites en chaîne et des difficultés de remboursement de ses clients, etc. Enfin, la politique menée peut être défaillante. Illustrons cela avec la crise de 1929 aux États-Unis, souvent appelée la Grande Dépression. La production globale a baissé de 24 % entre 1929 et 1933, le taux de croissance étant resté négatif durant ces quatre années. Puis la production a ensuite augmenté mais insuffisamment pour réduire fortement le chômage de masse. Si le taux de chômage était de 3,2 % en 1929, il était de 24,9 % en 1933 et encore de 14,6 % en 1940. L'importance et la durée de cette dépression ont plusieurs explications. Certains économistes et historiens insistent sur le fait que les secteurs d'activité qui étaient les moteurs de la croissance avant le retournement comme l'automobile, l'électroménager ou la radio mais aussi l'immobilier avaient vu leur croissance fortement ralentir avant ce retournement : ils ne pouvaient plus, en pleine crise, maintenir l'activité. De plus, le problème serait aussi lié à une insuffisance durable de la demande face à la forte augmentation de la production liée aux gains de productivité. La productivité dans l'industrie a d'ailleurs beaucoup plus augmenté que les salaires : à cause d'un fort chômage de masse, il ne pouvait y avoir de pression à la hausse des salaires. Autre facteur : la crise bancaire. Durant cette période, le nombre de banques a été divisé par deux (du fait des problèmes de liquidité, des difficultés pour trouver de nouveaux clients et des défauts de remboursement). Les conséquences sont importantes et peuvent largement expliquer l'importance et la longueur de la dépression. Avec moins de banques, la masse des crédits distribués recule. Ainsi, le financement des dépenses des entreprises et des ménages en biens durables se réduit. La demande globale baisse, ce qui pousse les entreprises à réduire leur production, à réduire l'emploi et/ou les salaires ce qui affecte à nouveau la demande globale, la production, l'emploi et les revenus. Enfin, le dernier facteur est le manque de réactivité des autorités publiques pour relancer l'activité économique. À cette époque, les politiques de relance n'étaient pas utilisées et les préceptes de Keynes étaient loin de faire l'unanimité. Au début des années 30, aucune politique budgétaire n'était envisagée pour faire face au ralentissement économique et au creusement du déficit public (lié à la crise elle-même). Les autorités publiques ont ensuite plutôt essayé de le réduire par des hausses d'impôts (par exemple le taux marginal de l'impôt sur le revenu passe de 25 % à 63 % de 1931 à 1932). Cela, bien sûr, a un effet dépressif supplémentaire. Ce n'est qu'avec le deuxième New Deal que les autorités publiques américaines mettent en place une relance budgétaire forte et acceptent un creusement assez important du déficit à partir de 1935. En ce qui concerne la politique monétaire, elle n'a pas été suffisamment expansive au début de la crise quand les banques ont accru leurs réserves auprès de la Banque centrale plutôt que de prêter (par crainte de faire faillite) ce qui a nuit à la consommation, à l'investissement et a approfondi la crise. Ce n'est qu'à partir de 1933 qu'elles recommencent à prêter et que la reprise s’amorce.

La dépression est une situation de baisse du PIB (ou de fort ralentissement de la croissance) durant une période longue. Évidemment, au sens strict, les dépressions sont rares. Citons celles qu'ont connues les États-Unis durant la crise de 1929. (voir notion « dépression »).

Les mécanismes sont les mêmes que ceux développés dans la partie 2, à la différence près qu'il n'y a plus aucun mécanisme de « rappel » lorsque l'on parle de dépression. On ne semble plus pouvoir retrouver rapidement une croissance économique forte et durable. Ce caractère cumulatif peut être lié à plusieurs situations économiques. Tout d'abord, le retournement qui amène à la dépression peut avoir été précédé par un ralentissement de la production dans des secteurs d'activités importants. Ensuite, le système financier peut être fragile et ne pas supporter des faillites en chaîne et des difficultés de remboursement de ses clients, etc. Enfin, la politique menée peut être défaillante.

Illustrons cela avec la crise de 1929 aux États-Unis, souvent appelée la Grande Dépression.

La production globale a baissé de 24 % entre 1929 et 1933, le taux de croissance étant resté négatif durant ces quatre années. Puis la production a ensuite augmenté mais insuffisamment pour réduire fortement le chômage de masse. Si le taux de chômage était de 3,2 % en 1929, il était de 24,9 % en 1933 et encore de 14,6 % en 1940.

L'importance et la durée de cette dépression ont plusieurs explications. Certains économistes et historiens insistent sur le fait que les secteurs d'activité qui étaient les moteurs de la croissance avant le retournement comme l'automobile, l'électroménager ou la radio mais aussi l'immobilier avaient vu leur croissance fortement ralentir avant ce retournement : ils ne pouvaient plus, en pleine crise, maintenir l'activité.

De plus, le problème serait aussi lié à une insuffisance durable de la demande face à la forte augmentation de la production liée aux gains de productivité. La productivité dans l'industrie a d'ailleurs beaucoup plus augmenté que les salaires : à cause d'un fort chômage de masse, il ne pouvait y avoir de pression à la hausse des salaires.

Autre facteur : la crise bancaire. Durant cette période, le nombre de banques a été divisé par deux (du fait des problèmes de liquidité, des difficultés pour trouver de nouveaux clients et des défauts de remboursement). Les conséquences sont importantes et peuvent largement expliquer l'importance et la longueur de la dépression. Avec moins de banques, la masse des crédits distribués recule. Ainsi, le financement des dépenses des entreprises et des ménages en biens durables se réduit. La demande globale baisse, ce qui pousse les entreprises à réduire leur production, à réduire l'emploi et/ou les salaires ce qui affecte à nouveau la demande globale, la production, l'emploi et les revenus.

Enfin, le dernier facteur est le manque de réactivité des autorités publiques pour relancer l'activité économique. À cette époque, les politiques de relance n'étaient pas utilisées et les préceptes de Keynes étaient loin de faire l'unanimité. Au début des années 30, aucune politique budgétaire n'était envisagée pour faire face au ralentissement économique et au creusement du déficit public (lié à la crise elle-même). Les autorités publiques ont ensuite plutôt essayé de le réduire par des hausses d'impôts (par exemple le taux marginal de l'impôt sur le revenu passe de 25 % à 63 % de 1931 à 1932). Cela, bien sûr, a un effet dépressif supplémentaire. Ce n'est qu'avec le deuxième New Deal que les autorités publiques américaines mettent en place une relance budgétaire forte et acceptent un creusement assez important du déficit à partir de 1935. En ce qui concerne la politique monétaire, elle n'a pas été suffisamment expansive au début de la crise quand les banques ont accru leurs réserves auprès de la Banque centrale plutôt que de prêter (par crainte de faire faillite) ce qui a nuit à la consommation, à l'investissement et a approfondi la crise. Ce n'est qu'à partir de 1933 qu'elles recommencent à prêter et que la reprise s’amorce.

3.2. La déflation

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La déflation ajoute un élément important à la situation de dépression : c'est la baisse générale et auto-entretenue des prix. Cette baisse approfondie la dépression par plusieurs mécanismes. En premier lieu, la baisse des prix incite les ménage à repousser leurs achats attendant des prix plus faibles : la demande baisse, et par conséquent les prix et la production aussi. En deuxième lieu, la baisse des prix réduit les marges des entreprises qui ne vont plus être incitées à produire et à investir : la demande globale se réduit donc. En troisième lieu, la baisse des prix augmente la valeur des dettes : il faut rembourser la même somme en valeur nominale avec des actifs qui, mois après mois, perdent de leur valeur. Les entreprises, l'État et les ménages endettés, doivent réduire leurs dépenses pour pouvoir faire face aux remboursements, ce qui nuit là encore, à la demande. Précisons, en effet, que pour se désendetter les agents économiques vendent ce qu'ils possèdent (des actions, des obligations, des maisons par exemple) ce qui réduit leur valeur : la richesse détenue perd de la valeur, ce qui n'incite pas ou ne permet pas d'emprunter pour de nouvelles dépenses et pose donc des problèmes de remboursement. La demande se réduit encore et avec elle les prix et la production. Le chômage augmente et les revenus baissent. Le mécanisme est ainsi auto-entretenu. Illustrons cette situation par un exemple récent, celui de la Grèce. Dans ce pays, l'inflation a d'abord ralenti de 2010 à 2012 puis les prix ont baissé en 2013 et 2014 malgré une politique très accommodante de la BCE (très faibles taux d'intérêt directeurs notamment). Cela correspond à une déflation d'autant que durant ces années, le PIB n'a cessé de diminuer (sauf en 2014) pour atteindre une baisse totale similaire à celle des États-Unis durant la Grande dépression (environ baisse de 25 % depuis 2008). Quelle est le rôle de la très faible augmentation des prix voire de sa baisse ? On peut penser que les entreprises, voyant leurs marges se réduire, ont baissé les salaires et ont licencié du personnel. Effectivement, la rémunération réelle des salariés a baissé depuis 2010, de même que leur revenu disponible net : 9,56 % en 2010, 9,37 % en 2011, 8,10 % en 2012 et 8,74 % en 2013 d'après l'OCDE. Cette tendance réduit bien sûr la consommation des ménages durant toutes ces années (9 % en 2010, 10,9 % en 2011, 10,6 % en 2012 et 3,6 % en 2013) qui n'a repris son augmentation qu'en 2014. Par conséquent, les entreprises ne sont pas incitées à investir : durant ces années, l'investissement baisse de 20,8% en 2010 puis de 17 % et de 28,5 % en 2012 et de 9,5 % en 2013 pour repartir à la hausse aussi en 2014. On voit donc bien que la demande globale diminue, ce qui explique la baisse du PIB durant ces années (le volume des exportations n'augmentant que très légèrement). On peut trouver là aussi une explication à la forte hausse du chômage qui est passé de 9,6 % en 2009 à 27,5 % en 2013. Ce chômage devient véritablement un chômage de masse.

La déflation ajoute un élément important à la situation de dépression : c'est la baisse générale et auto-entretenue des prix. Cette baisse approfondie la dépression par plusieurs mécanismes.

En premier lieu, la baisse des prix incite les ménage à repousser leurs achats attendant des prix plus faibles : la demande baisse, et par conséquent les prix et la production aussi.

En deuxième lieu, la baisse des prix réduit les marges des entreprises qui ne vont plus être incitées à produire et à investir : la demande globale se réduit donc.

En troisième lieu, la baisse des prix augmente la valeur des dettes : il faut rembourser la même somme en valeur nominale avec des actifs qui, mois après mois, perdent de leur valeur. Les entreprises, l'État et les ménages endettés, doivent réduire leurs dépenses pour pouvoir faire face aux remboursements, ce qui nuit là encore, à la demande.

Précisons, en effet, que pour se désendetter les agents économiques vendent ce qu'ils possèdent (des actions, des obligations, des maisons par exemple) ce qui réduit leur valeur : la richesse détenue perd de la valeur, ce qui n'incite pas ou ne permet pas d'emprunter pour de nouvelles dépenses et pose donc des problèmes de remboursement. La demande se réduit encore et avec elle les prix et la production. Le chômage augmente et les revenus baissent. Le mécanisme est ainsi auto-entretenu.

Illustrons cette situation par un exemple récent, celui de la Grèce. Dans ce pays, l'inflation a d'abord ralenti de 2010 à 2012 puis les prix ont baissé en 2013 et 2014 malgré une politique très accommodante de la BCE (très faibles taux d'intérêt directeurs notamment). Cela correspond à une déflation d'autant que durant ces années, le PIB n'a cessé de diminuer (sauf en 2014) pour atteindre une baisse totale similaire à celle des États-Unis durant la Grande dépression (environ baisse de 25 % depuis 2008).

Quelle est le rôle de la très faible augmentation des prix voire de sa baisse ? On peut penser que les entreprises, voyant leurs marges se réduire, ont baissé les salaires et ont licencié du personnel. Effectivement, la rémunération réelle des salariés a baissé depuis 2010, de même que leur revenu disponible net : 9,56 % en 2010, 9,37 % en 2011, 8,10 % en 2012 et 8,74 % en 2013 d'après l'OCDE. Cette tendance réduit bien sûr la consommation des ménages durant toutes ces années (9 % en 2010, 10,9 % en 2011, 10,6 % en 2012 et 3,6 % en 2013) qui n'a repris son augmentation qu'en 2014.

Par conséquent, les entreprises ne sont pas incitées à investir : durant ces années, l'investissement baisse de 20,8% en 2010 puis de 17 % et de 28,5 % en 2012 et de 9,5 % en 2013 pour repartir à la hausse aussi en 2014.

On voit donc bien que la demande globale diminue, ce qui explique la baisse du PIB durant ces années (le volume des exportations n'augmentant que très légèrement). On peut trouver là aussi une explication à la forte hausse du chômage qui est passé de 9,6 % en 2009 à 27,5 % en 2013. Ce chômage devient véritablement un chômage de masse.