Egalité

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Lexique

L’égalité correspond à des situations identiques ou équivalentes, entre individus, face aux droits qu’ils peuvent revendiquer, face aux conditions d’existence et face aux ressources rares auxquelles ils peuvent prétendre (emploi, prestige social, etc.).

Définition

L’égalité correspond à des situations identiques, entre individus, face aux droits qu’ils peuvent revendiquer, face aux conditions d’existence et face aux ressources rares auxquelles ils peuvent prétendre (emploi, prestige social, etc.).

En effet, d’un point de vue sociologique, l’égalité est une position sociale identique ou équivalente dans laquelle se trouvent les individus.

Trois formes de position sociale peuvent être distinguées. Ce sont, en premier lieu, des positions face au droit : chaque individu a les même droits (de vote par exemple), se voit aussi appliquer les mêmes obligations (obligation de payer ses impôts, etc.). On parle d’égalité des droits.

En second lieu, l’égalité des situations entre individus (ou égalités des conditions ou égalité des places ou égalité réelle ou égalité des résultats) est une situation sociale dans laquelle ces individus possèdent les mêmes conditions de vie, les mêmes ressources économiques (revenu, etc.), les mêmes ressources sociales ou culturelles (prestige, etc.).

Enfin, dans une société différenciée comme la nôtre (l’égalité des situations étant une référence bien abstraite), avoir les mêmes chances d’accès aux différentes positions sociales est aussi un principe d’égalité qu’on appelle égalité des chances.

Tendances

Les historiens et sociologues insistent souvent sur l’évolution des sociétés, d’une société paysanne à une société moderne. Si, dans les sociétés paysannes, la hiérarchie était relativement acceptée, l’égalité devient une valeur fondamentale dans nos sociétés.

Ce fut tout d’abord l’égalité des droits, qui apparaît notamment en France avec la Révolution française et la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. Plus tard, cela se traduit par une demande d’intervention de l’État qui aboutit à la construction d’un État-providence (voir cette notion) pour réduire les inégalités de conditions (revenus, santé, éducation, etc.).

Cependant, l’évolution de l’ensemble des inégalités est évidemment complexe et ne peut être résumée par un seul indicateur. Dans un pays comme la France, l’égalité des droits est en progrès et « évidemment » reconnue par la loi. L’exemple de l’égalité de droit, bien progressive, des femmes et des hommes vous est sans doute bien connu ! Par contre, l’évolution de l’égalité des situations n’est sans doute pas aussi linéaire. Les progrès de niveau de vie et dans le domaine de la santé, par exemple, peuvent profiter d’abord aux plus favorisés (avec donc un accroissement des inégalités : pensez aux villes ouvrières du XIXe siècle) et se diffuser plus ou moins rapidement et complètement au reste de la population. On sait aussi que la réduction des inégalités de revenu, qui a été réelle durant une bonne partie du XXe siècle, peut s’inverser … comme aux États-Unis depuis plus d’une trentaine d’années.

Enjeux

On distingue souvent l’égalité des « droits de » (de penser, d’expression, etc.) et l’égalité des « droits à » (droit à l’emploi, à la protection sociale, etc.). Les premiers sont peu contestés, car ils sont sources de liberté pour tous, sinon pour préciser que ces droits peuvent n’être que formels dans la réalité, c’est-à-dire n’être pas réellement utilisés par tous. Les « droits à », à l’emploi, à la protection sociale, etc. sont, de leur côté parfois, contestés. Ne risquent-ils pas de pousser les individus à faire en sorte que ces droits soient respectés, en faisant appel à l’État ? Les libéraux insistent ainsi sur le fait que cette intervention de l’État est forcément contraignante car elle oblige, par exemple, à imposer de payer des impôts pour financer un système de protection sociale. Il s’agit donc d’une atteinte à la liberté individuelle (ici celle d’utiliser ses revenus comme on le souhaite). Mais, en privilégiant ainsi la liberté, ne nie-t-on pas la réalité d’une forme d’égalité importante pour les individus ?

Un autre enjeu est la relation entre égalité des chances et égalité des situations. Dans une société complexe comme la nôtre, qui connaît une très grande division du travail, n’est-il pas normal que des inégalités de position sociale perdurent ? Dès lors, la question est celle de l’égalité d’accès à ces différentes positions. Mais, pour cela, le libre accès aux professions et la libre compétition entre individu sont-ils suffisants ? Le rôle des diplômes, notamment en France, étant très important, se pose la question de l’égalité des chances … à l’école. Si elle n’est pas respectée, vient-elle de l’organisation du système scolaire ? Ou vient-elle des inégalités économiques ou des différences de capital culturel ? Si cette dernière supposition est vrai, l’inégalité des chances proviendrait donc des inégalités des conditions. On revient donc au débat précédent : favoriser l’égalité des chances ne revient-il pas à favoriser l’égalité des situations ?

Enfin, dernière question, prendre le parti de favoriser l’égalité des situations, ne risque-t-il pas de nuire aux incitations dans le domaine économique ? Prenons un cas extrême : si les revenus sont les mêmes, y aurait-il, par exemple, une incitation à faire des études difficiles pour exercer une activité complexe qui serait rémunérée au même niveau que tout autre emploi ? Cette égalité ne risque-t-elle de nuire au dynamisme de l’économie ? D’un autre côté, ce type de raisonnement (en prenant des cas extrêmes) est-il pertinent dès lors que la question des inégalités est plus une question de degré que d’égalité totale ou d’inégalité totale ?

Indicateurs

Il n’existe pas, évidemment, un indicateur unique pour mesurer l’importance de ces trois formes d’égalité.

Concernant l’égalité des droits, c’est l’inscription de l’égalité de droit dans la loi, notamment dans les principes constitutionnels, qui peut constituer un indicateur utile.

Concernant l’égalité des chances, toute statistique d’accès à telle ou telle ressource (proportion ou probabilité d’avoir ...) est un indicateur intéressant. Ainsi, l’accès à telle ou telle profession ou catégorie sociale (proportion de tel ou tel type d’individus accédant à tel ou tel emploi) est un indicateur particulièrement suivi. Pour cela, allez voir dans les notions de mobilité sociale, mobilité observée et fluidité sociale.

L’égalité des situations est mesurée par tous les indicateurs d’inégalités (rapport interdécile ou écart-type) et peut être représentée graphiquement par des courbes de Lorenz.

Erreurs Fréquentes

Raisonner sur l’égalité en général sans référence au type d’égalité.

Croire que l’égalité est une valeur en soit reconnue par tous et dans toutes les sociétés.

Croire qu’égalité et justice sociale sont synonymes.

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