2. Comment est créée la monnaie ?

2.1. Il faut distinguer création de monnaie et fabrication de la monnaie.

L’essentiel de la monnaie en circulation étant composé de monnaie scripturale, l’augmentation de la masse monétaire ne peut être assimilée à une simple question de fabrication de pièces ou de billets. Cela est d’autant plus vrai qu’aujourd’hui, ces pièces et ces billets ne sont produits que pour les besoins des ménages et des commerçants (ou d’autres entreprises) qui veulent de la monnaie manuelle pour certains achats quotidiens et transforment de la monnaie scripturale en monnaie manuelle. Du point de vue économique, on s’intéresse plus à la création de monnaie (sous-entendu monnaie scripturale) qu’à la question de la fabrication de la monnaie fiduciaire en circulation.

L’essentiel de la monnaie en circulation étant composé de monnaie scripturale, l’augmentation de la masse monétaire ne peut être assimilée à une simple question de fabrication de pièces ou de billets. Cela est d’autant plus vrai qu’aujourd’hui, ces pièces et ces billets ne sont produits que pour les besoins des ménages et des commerçants (ou d’autres entreprises) qui veulent de la monnaie manuelle pour certains achats quotidiens et transforment de la monnaie scripturale en monnaie manuelle. Du point de vue économique, on s’intéresse plus à la création de monnaie (sous-entendu monnaie scripturale) qu’à la question de la fabrication de la monnaie fiduciaire en circulation.

2.2. La création de monnaie scripturale par le crédit : explication générale.

Tout d’abord, il faut préciser que toute augmentation de l’ « argent » qu’un agent économique possède sur un compte courant dans une banque ne corresponde pas à une création monétaire. Si cette augmentation provient, par exemple, de la paye perçue, il y a simplement un transfert de compte à compte entre celui du salarié et celui de l’employeur : il n’y a pas de monnaie supplémentaire qui circule dans l’ensemble de l’économie : il n’y a pas de création monétaire.En fait, la création monétaire provient simplement, et pour l’essentiel, des crédits distribués par les banques. En effet, lorsqu’une banque accorde un crédit, elle va créditer le compte de son client : elle va inscrire la somme prêtée sur le compte courant de son client. Elle a ainsi créé de la monnaie scripturale : la masse monétaire augmente donc puisque son client pourra utiliser cette monnaie pour régler son achat qui est à la base du crédit demandé. Cet argent circulera ensuite dans l’économie lorsque d’autres agents économiques utiliseront cette monnaie pour les propres achats.Il est courant de présenter ce phénomène, pour l’expliquer de manière plus rigoureuse et plus approfondie, sous forme d’écriture dans le bilan d’une banque.EN SAVOIR PLUS Les banques commerciales ne créent pas seulement de la monnaie lorsqu’elles accordent des crédits à d’autres agents économiques mais aussi chaque fois qu’ « elles monétisent un actif », c’est-à-dire qu’elles créditent un compte courant en achetant un actif à un client. C’est le cas lorsqu’elles achètent des devises à leurs clients en créditant leur compte courant de la contrepartie en monnaie nationale de la valeur de cet achat. Présentons le cas d’un client veut changer 112 $ en euros. Si le taux de change est de 1 € = 1,12 $, la banque devra créditer le compte de son client de 100 € (on ignore ici les frais que doit payer le client à sa banque pour cette opération).

Tout d’abord, il faut préciser que toute augmentation de l’ « argent » qu’un agent économique possède sur un compte courant dans une banque ne corresponde pas à une création monétaire. Si cette augmentation provient, par exemple, de la paye perçue, il y a simplement un transfert de compte à compte entre celui du salarié et celui de l’employeur : il n’y a pas de monnaie supplémentaire qui circule dans l’ensemble de l’économie : il n’y a pas de création monétaire.

En fait, la création monétaire provient simplement, et pour l’essentiel, des crédits distribués par les banques. En effet, lorsqu’une banque accorde un crédit, elle va créditer le compte de son client : elle va inscrire la somme prêtée sur le compte courant de son client. Elle a ainsi créé de la monnaie scripturale : la masse monétaire augmente donc puisque son client pourra utiliser cette monnaie pour régler son achat qui est à la base du crédit demandé. Cet argent circulera ensuite dans l’économie lorsque d’autres agents économiques utiliseront cette monnaie pour les propres achats.

Il est courant de présenter ce phénomène, pour l’expliquer de manière plus rigoureuse et plus approfondie, sous forme d’écriture dans le bilan d’une banque.

EN SAVOIR PLUS

Les banques commerciales ne créent pas seulement de la monnaie lorsqu’elles accordent des crédits à d’autres agents économiques mais aussi chaque fois qu’ « elles monétisent un actif », c’est-à-dire qu’elles créditent un compte courant en achetant un actif à un client. C’est le cas lorsqu’elles achètent des devises à leurs clients en créditant leur compte courant de la contrepartie en monnaie nationale de la valeur de cet achat. Présentons le cas d’un client veut changer 112 $ en euros. Si le taux de change est de 1 € = 1,12 $, la banque devra créditer le compte de son client de 100 € (on ignore ici les frais que doit payer le client à sa banque pour cette opération).

2.3. La création de monnaie scripturale par le crédit : présentation par les bilans.

2.3.1. Qu’est-ce qu’un bilan ? Le bilan d’une entreprise.

Un bilan représente à un moment donné (dernier jour de l’année par exemple), tout ce que possède une entreprise et toutes les ressources qui ont permis de financer ce qu’elle possède. Il s’agit donc d’une photo de l’entreprise à un moment donné et non un film qui déroulerait l’activité de l’entreprise durant l’année. Évidemment, l’ensemble des ressources, appelé « actif » correspond à l’ensemble de ce qu’elle possède : elle a dû obtenir des ressources, appelées « passif », pour posséder tout ce qu’elle possède.

Présentons un exemple fictif, très très simplifié d’une entreprise qui n’est pas une banque : L’entreprise E établit son bilan, disons au 31 mars :

ActifPassif
Bâtiments 1 000 000 €Capital 800 000 €
Stocks matières premières 50 000 €Dettes 300 000 €
Créances 50 000 €
Dépôt sur son compte en banque 10 000 €
Total 1 100 000 €Total 1 100 000 €

Avec du côté de l’actif :

Bâtiments : valeur des bâtiments possédés ;

Stocks matières possédés : valeur des matières premières achetées mais non encore utilisées ;

Créance : argent qui a été prêté par exemple à des clients et que ces derniers doivent rembourser (ils doivent 50 000 € à l’entreprise A qui possède donc une créance sur eux de 50 000 €).

Avec du côté du passif :

Capital : ressources apportées par les propriétaires de l’entreprise E qui lui ont permis d’acheter bâtiments etc.

Dettes : ressources provenant des emprunts de l’entreprise auprès d’une banque par exemple qui ont complété celles provenant des propriétaires.

2.3.2. Le bilan d’une banque et son fonctionnement général.

Là encore, présentons un bilan très très simplifié d’une banque B :

ActifPassif
Créances diverses 5 000 000 €Dettes vis-à-vis d’autres banques 3 000 000 €
Crédits à la clientèle 14 000 000 €Dépôts de la clientèle 10 000 000 €
Bâtiments 1 000 000 €Dettes obligataires 5 000 000 €
Capital 2 000 000 €
Total 20 000 000 €Total 20 000 000 €

Précisons certains éléments nouveaux du bilan d’une banque, qui permettent de mieux comprendre comment fonctionne une banque :

Du côté du passif, la banque B a deux types de dettes, qui sont des ressources pour elle : les emprunts auprès d’autres banques (sur le marché monétaire et notamment le marché interbancaire : voir plus loin) mais aussi des emprunts sur les marchés financiers (des obligations ici : revoir le chapitre précédent si nécessaire). Elle a une ressource très particulière : les dépôts de ses clients, notamment à vue sur leur compte courant notamment. En effet, on peut parler d’une ressource pour la banque, car, d’une certaine manière, elle « utilise » ces dépôts pour prêter de l’ « argent » à ses clients. On dit qu’elle fait de la transformation : elle utilise des ressources (qui ne lui appartiennent pas mais qu’elles gèrent) à très court terme (les clients pouvant vouloir utiliser cet argent à tout moment) pour les prêter à long terme. De ce point, précisons-le tout de suite, son activité est très risquée : elle doit pouvoir faire face aux retraits de ces clients (c’est ce que l’on appelle le risque d’illiquidité). À côté de cela, elle a, par contre, une ressource plus stable : c’est l’argent apporté par les propriétaires, le capital. Plus son capital est élevé, vous le comprenez moins elle prend le risque de manquer de liquidité, ou, dit autrement, plus son risque d’illiquidité est faible.

Du côté de l’actif, à côté des bâtiments, des locaux elle possède des types de créances différents. Tout d’abord, des créances sur les clients auxquels elle a accordé des crédits, qui devront bien sûr être remboursés. Ensuite, elle peut avoir d’autres créances (ici, les créances diverses) qui sont, par exemple, des placements sur les marchés financiers ou alors des crédits accordés à d’autres banques. Là encore, vous vous rendez compte des risques pris par les banques : ce qu’elles possèdent dépend de la capacité de remboursement de ses clients ou des autres banques mais aussi de la qualité de ses placements financiers (peut-être avez-vous entendu parler des problèmes de certaines d’entre elles au moment de la crise des subprimes ? Voir le chapitre 4 de terminale).

2.3.3. L’évolution de l’actif et du passif lorsqu’un crédit est accordé : les crédits font les dépôts.

Distinguons deux cas :

  • Si une banque utilise une partie des dépôts non utilisés pour accorder des crédits, elle va créditer son client de la somme prêtée. Il y aura un simple transfert de monnaie des dépôts non utilisés vers le compte du client qui veut utiliser cette monnaie (on retrouve ici le rôle de transformation des banques). Toutefois, si les clients retirent de l’ « argent » ou utilisent plus d’ « argent liquide » que ce que la banque avait prévu, elle aura besoin de monnaie centrale qu’elle fournira à son client et aura, de fait, créé de la monnaie scripturale.
  • Dans ce deuxième cas, elle crée de la monnaie scripturale ex nihilo comme disent les économistes sans utiliser des dépôts déjà existants : la masse monétaire augmente. Présentons donc cette situation à partir des bilans d’une entreprise qui emprunte auprès d’une banque mais en étudiant, cette fois-ci, les évolutions (marquées par le Δ qui signifie « variation ») de l’actif et du passif lorsqu’un crédit est accordé sans ressource préalable.

Supposons qu’une entreprise emprunte 10 000 € pour un projet d’investissement. Sa banque lui prête donc 10 000 € qui seront la propriété de l’entreprise et qu’elle pourra utiliser pour financer son investissement. On peut présenter cela dans le bilan de l’entreprise suivant qui montre les variations de son actif et de son passif lié à cet emprunt :

Variations dans le bilan de l’entreprise

Δ ActifΔ Passif
Dépôt sur son compte en banque + 10 000 €Dette auprès de la banque + 10 000 €

Du côté de la banque, les mêmes opérations sont enregistrées : elle a une créance sur son client qui augmente de la valeur du prêt qu’il devra rembourser :

Bilan de la banque commerciale

Δ ActifΔ Passif
Créance sur son client + 10 000 €Dépôt du client + 10 000 €

Vous le voyez : les dépôts à vue ont augmenté. Il y a eu création monétaire, de monnaie scripturale et cela, sans avoir utilisée des ressources préalables. (On verra bientôt que cette création n’est pas illimitée : voir 2.5.)

Précisons que seules les banques ont ce pouvoir. Il existe, en effet, d’autres institutions financières qui accordent des prêts sans avoir le droit de gérer des moyens de paiement, des dépôts à vue, comme les établissements de crédits à la consommation qui n’utilisent que des ressources déjà existantes qu’ils ont collectées pour prêter de l’argent. Ces établissements ne peuvent pas créer de la monnaie.

2.4. La monnaie scripturale peut-elle créée de manière infinie ? Peut-elle être réduite, détruite ?

2.4.1. Problème 1 : La monnaie peut-elle être détruite ?

Oui ! La monnaie scripturale peut être détruite ! Comme la monnaie scripturale peut être créée lors d’un prêt bancaire, elle est détruite lorsqu’elle est remboursée : l’ « argent » utilisé par l’entreprise pour le remboursement réduit le montant des dépôts sur son compte courant et donc la monnaie scripturale. On retrouve ici ce que nous disions plus haut, la monnaie scripturale est bien une dette qui disparaît au moment du remboursement.

Si la monnaie peut être créée et détruite, la masse monétaire ne peut augmenter que si la création de monnaie est plus importante que sa destruction et donc si les crédits accordés sont supérieurs aux remboursements.

2.4.2. Problème 2 : Les banques de second rang peuvent-elles créées de la monnaie de manière illimitée ?

La monnaie scripturale ne nécessitant pas a priori de ressources préalables pour être créée, on peut penser que les banques pourraient créer beaucoup de monnaie, et ainsi enrichir les agents économiques qui pourront plus dépenser. Mais cela n’est pas aussi simple, vous le devinez peut-être.

Premier élément de réponse : la création de monnaie scripturale est une réponse à une demande de crédit.

En effet, à l’origine de la création monétaire, il y a une entreprise ou un ménage qui font une demande de prêt. Donc, une banque commerciale est limitée par la demande de ses clients. De plus, comme les clients doivent rembourser la somme avec un taux d’intérêt, les demandes de crédit ne seront faites que si les clients pensent pouvoir rembourser ce prêt (et si la banque elle-même estime que ces prêts peuvent être remboursés).

Deuxième élément de réponse : à qui appartient la monnaie créée ? Une banque a-t-elle intérêt à créer de la monnaie ?

En effet, la monnaie créée par une banque ne lui appartient pas mais à l’entreprise ou au ménage qui ont demandé le prêt et qui obtiennent cet « argent ». Dès lors, processus curieux, la banque crée quelque chose qui ne lui appartient pas mais qui devra lui être remboursée ! Toutefois, le seul intérêt (c’est le cas de le dire !) qu’une banque a à créer de la monnaie est donné par le remboursement qui lui procure des revenus provenant des intérêts perçus. Ce sont ces intérêts qui forment une partie de son profit, de son bénéfice. Mais, bien sûr, une banque n’est jamais sûre de la capacité de remboursement de ses clients : elle ne va pas prêter de manière infinie de l’argent. C’est ce que les économistes appellent le risque d’insolvabilité.

Troisième élément de réponse : que se passe-t-il si les agents économiques souhaitent obtenir de l’argent liquide, de la monnaie manuelle, fiduciaire ou tout simplement utiliser cette monnaie créée ?

Le changement de forme de la monnaie est un des problèmes clés pour une banque. Dès lors qu’un client utilise la monnaie déposée sur son compte courant, cette monnaie doit circuler d’une banque à l’autre. Dans ce cas-là, elle circule de compte à compte entre les différentes banques sur les comptes de la banque centrale. Si la banque n’a pas suffisamment de liquidités sur son compte à la Banque centrale, elle doit en obtenir sur le marché monétaire où s’emprunte et se prête cette monnaie, qui, nous l’avons vu, est la monnaie centrale. Mais, évidemment ces emprunts ont un coût, le taux d’intérêt sur ce marché monétaire ou plus précisément sur le marché interbancaire, ce qui limite là encore l’activité de création de monnaie scripturale. Il y a donc un risque que les économistes appellent le risque d’illiquidité.

Quatrième élément de réponse : n’y a-t-il pas, au-delà de la gestion des banques, des risques macroéconomiques à créer trop de monnaie ?

Quittons maintenant les aspects microéconomiques pour des analyses plus macroéconomiques. La monnaie créée est donc la contrepartie de crédits accordés aux ménages ou entreprises. Ces crédits accordés vont donc augmenter la demande globale. L’augmentation de la demande peut avoir deux effets : augmenter la production (puisqu’il faut répondre à l’augmentation de la demande) et/ou accélérer la hausse des prix (s’il est difficile d’augmenter tout de suite la production, ce sont les prix qui augmenteront face à la hausse de la demande). Dès lors, et dans ce second cas, il y a un risque d’inflation, c’est-à-dire d’augmentation générale des prix. La Banque centrale, qui est la gardienne de la monnaie et de sa valeur, doit veiller à ce qu’il n’y ait pas trop d’inflation ; ainsi, en cas d’inflation trop forte liée à une trop création monétaire, elle prêtera donc moins de liquidité sur le marché monétaire aux banques de second rang. Vous le voyez la création monétaire est aussi influencée par la Banque centrale.

Il faut maintenant détailler et expliquer l’ensemble des mécanismes en cause.