Régime de change

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Lexique

Ensemble de règles qui organisent les échanges de monnaies entre elles. Il y a plusieurs régimes de change possibles.

Définition

Les échanges internationaux de biens de services ou de capitaux nécessitent un échange de monnaie, puisque chaque pays (ou ensemble de pays pour les pays de la zone euro, par exemple) a sa propre monnaie.

Se posent alors trois sortes de questions:

  • la convertibilité : c'est-à -dire la garantie donnée par les autorités monétaires que l'on peut échanger de la monnaie nationale contre une autre.Ceci implique que la monnaie soit cotée sur le marché des changes, marché où se réalise la confrontation Offre/demande de devises. On appelle "devise" une créance libellée dans une monnaie étrangère (pour un américain, le dollar est la monnaie nationale, l'euro est une devise)
  • les liquidités internationales : quels sont les moyens de paiement acceptés par les pays créanciers des pays débiteurs (en cas de déficit de la balance des paiements) ?
  • la formation des taux de change (Quantité d'une devise étrangère qui peut être acquise avec une unité de monnaie) : à quel prix les monnaies s'échangent-elles deux à deux?(sur le marché des changes)

Un régime de change doit en principe régler ces trois questions. On peut opposer deux types de régime de change :

  • Le régime de changes fixes :
    La monnaie nationale a une valeur officielle exprimée par rapport à une "monnaie étalon" (l'or, le dollar ou une combinaison de devises).
    La parité est ainsi la valeur officielle d'une monnaie par rapport à une autre, elle est stable puisque les autorités monétaires (Banque Centrale) ont l'obligation d'intervenir sur le marché des changes pour défendre le parité de leur monnaie (grâce à des achats ou à des ventes de devises détenues en réserve).
    Lorsque la parité ne peut plus être maintenue, il faut procéder à une modification du taux de change fixé, par une dévaluation, ou une réévaluation de la valeur officielle de la monnaie.
  • Le régime de changes flottants :
    Il n'y a pas d'étalon, il n'existe pas de parité officielle. Le taux de change d'une monnaie varie librement sur le marché des changes, en fonction de l'offre et de la demande pour cette monnaie. On peut demander de la monnaie parce qu'on achète des produits à l'étranger, parce qu'on veut acheter des titres à l'étranger ou pour des tas d'autres raisons.
    Le cours suit la tendance du jour : on parle d'appréciation ou de dépréciation de la monnaie quand il varie.
    La Banque centrale n'a plus d'obligation d'intervention quant à la valeur de sa monnaie par rapport aux autres (mais elle peut toujours intervenir pour limiter l'ampleur des variations).
    C'est le régime de changes en vigueur aujourd'hui
    .

Tendances

Quelle a été l'évolution historique du Système monétaire international, du système de Bretton-Woods au flottement généralisé des monnaies ?

La conférence monétaire et financière des Nations -Unies, à Bretton-Woods en 1944, a mis en place un Système monétaire international qui fonctionnera jusqu'en 1971. On appelle Système monétaire international un ensemble de règles et institutions définissant le mode de détermination du cours des monnaies et la nature des réserves internationales.

Les principes du système de Bretton-Woods sont les suivants :

  • libre convertibilité des monnaies
  • parités fixes : chaque monnaie a une parité officielle définie par rapport à l'or ou au dollar(avec des marges de fluctuation autorisées de ou- 1%)
  • le dollar a une valeur fixe définie en or (35$ l'once d'or)
  • création d'un "fonds", le FMI,qui est chargé de veiller au respect des règles monétaires, et de prêter aux pays débiteurs les devises nécessaires aux interventions sur le marché des changes.

Après la guerre, le développement des échanges internationaux engendre un besoin croissant de liquidités internationales. Or il n'y a pas de monnaie "internationale", qui serait émise par une institution internationale. Il n'y a que des monnaies nationales. La solution qui se met en place est l'alimentation en réserves internationales grâce au déficit extérieur américain. On assiste au gonflement des $ en circulation dans le monde, et à une perte de confiance dans le dollar.

L'inflation se développe aux U.S.A. En 1971, la balance commerciale américaine devient déficitaire. En août 1971, le président Richard Nixon suspend la convertibilité du dollar en or.

Après des tentatives d'aménagement du système, les accords de la Jamaïque,en 1976, officialisent l'abandon du système des changes fixes pour le système des changes flottants : c'est la fin du système de Bretton-Woods.

Enjeux

En régime de changes flottants, la Banque centrale n'a pas à épuiser ses réserves de change en cas d'attaque spéculative contre la monnaie nationale mais l'incertitude devient la règle (on ne sait jamais quel sera le taux de change d'une monnaie dans les jours à venir, et encore moins dans les mois ou les années à venir). Le flottement généralisé des monnaies a comme conséquence l'instabilité monétaire.

  • Pour les libéraux (M.Friedman, par exemple), le marché fonctionnant librement devrait mettre fin aux désordres monétaires, en permettant un équilibrage automatique des balances des paiements : si un pays a un déficit, il doit acheter des devises pour payer ses achats. Sa monnaie se déprécie donc, ce qui stimule les exportations (en abaissant le prix de ses produits sur les marchés étrangers) et décourage les importations (pour la raison inverse), ramenant les échanges à l'équilibre.
  • Dans les faits, les taux de change connaissent d'importantes variations, que la situation économique ne justifie pas toujours, loin de là .

La réalisation de l'Union Economique et Monétaire en Europe,et l'adoption de l'euro comme "monnaie unique" de la zone constituent des réponses au risque d'instabilité des taux de change.

Indicateurs

Quels sont les principaux éléments qui déterminent le taux de change d'une monnaie ?

  • Les explications liées aux marchés des biens et services :
    • le solde de la balance des transactions courantes : s'il est déficitaire, la monnaie nationale est plus offerte que demandée sur le marché des changes.Le cours de cette monnaie tend alors à se déprécier. En cas d'excédent, il tend à s'apprécier.
    • la théorie des parités de pouvoir d'achat : si deux pays ont des structures de consommation identiques, le taux de change correct devrait être celui qui permet l'égalité des pouvoirs d'achat entre les deux pays.
  • Les explications liées aux mouvements de capitaux :
    Les masses de capitaux qui circulent aujourd'hui d'une monnaie à une autre ont fortement progressé. Le volume de transactions quotidiennes de change est passé de 900 milliards de $ au début des années 1990, à 1800 milliards de $ actuellement (soit 80 fois plus que le montant des paiements quotidiens associés aux échanges de biens et services).
    Ce sont alors les fluctuations de taux d'intérêt et les facteurs financiers qui expliquent surtout les variations de taux de change.
    De plus, les mouvements spéculatifs tendent à accroître l'instabilité des taux de change.

Erreurs Fréquentes

  • Penser que la dépréciation d'une monnaie améliore systématiquement la compétitivité du pays.
    En principe, la dévaluation devrait favoriser la hausse des exportations, puisque les prix des produits nationaux exprimés en devises baissent.
    Mais l'augmentation symétrique du prix des importations risque de favoriser l'inflation intérieure. En effet, certaines importations sont incompressibles (matières premières, énergie …), leur demande ne diminue pas malgré la hausse des prix. Cette inflation peut annuler l'effet de baisse des prix obtenu par la dépréciation.
  • Penser qu'une monnaie forte est forcément désirable.
    Une monnaie forte est souvent interprétée comme le signe de la réussite économique d'une nation. Mais elle peut aussi être le résultat d'une politique de change destinée à favoriser l'appréciation de la monnaie, par la hausse des taux d'intérêt.