Exclusion
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Lexique
Processus de fragilisation du lien social, de désaffiliation, au cours duquel l'individu perd peu à peu les liens installés avec d'autres individus ou des groupes d'individus.
Définition
Processus de fragilisation du lien social, de désaffiliation, au cours duquel l'individu perd peu à peu les liens installés avec d'autres individus ou des groupes d'individus et pouvant boutir à la mise à l'écart de la société d'un individu ou d'un groupe d'individus. L'exclusion se construit par des ruptures successives. Elle est rarement totale.
Remarque : la notion est délicate à définir précisément car les « exclus » font bien partie de la société comprise comme un ensemble d'individus sur un territoire donné ; cependant leurs liens sociaux sont particulièrement lâches ce qui ne leur permet pas d'acquérir une identité sociale positive car ils sont en dehors ou aux marges de la société conçue comme un tout cohérent et intégré.
Tendances
Il semble que l' «exclusion» ait tendance à s'accroître du fait de l'augmentation du chômage (exclusion du marché du travail, de la société de consommation), des fragilités affectant la famille et les liens familiaux (augmentation du nombre de divorces, réduction de la taille des familles, etc.). C'est d'autant plus vrai que ces fragilités ont tendance à ne pas frapper au hasard les individus : certains cumulent les fragiltés et c'est ce cumul qui engendre le processus d'exclusion.
Enjeux
- L'exclusion est-elle totale ? ou peut-on être exclu d'un domaine de la vie sociale et intégré dans d'autres domaines ?
- une société peut-elle accepter de sécréter des exclus ? Dit autrement, une société peut-elle survivre dans le long terme si elle n'est pas capable d'intégrer correctement ses membres ?
Indicateurs
Le nombre de chômeurs de longue durée (plus d'un an), le nombre de SDF, le nombre d' « illettrés », etc, peuvent être utilisés comme des indicateurs de l'exclusion. Mais, il faut manier ces indicateurs avec prudence car les méthodes d'établissement des données statistiques sont ici particulièrement complexes.
- SDF : il est très difficile de recenser leur nombre du fait de la difficulté qu'on a à les connaître et de leur mobilité. L'INED et l'INSEE, en France, ont tenté leur dénombrement : en janvier 2001, il y en aurait 86 000, enfants compris. ( cf pour en savoir plus).
- « Illettrisme » : ne pas savoir lire ou écrire peut être un handicap pour nouer des liens sociaux même si, justement, ce manque peut être compensé par la mobilisation d'individus proches, d'associations etc. L'individu « illettré » n'est donc pas forcément exclu, frustré, violent. Il faut se méfier des amalgames ! Sa mesure pose aussi problème. Les proportions d' « illettrés », en France, qui apparaissent dans la presse, dans certains livres peuvent aller de 4% des adultes à 40% ! La mesure peut provenir d'une interrogation de la personne (savez-vous lire ? écrire ? lire et écrire ?). Des tests peuvent être réalisés : lire des mots isolés ; savoir lire des phrases ; savoir comprendre un texte « simple » ; savoir rédiger un chèque etc. Certains auteurs ou certaines associations vont même définir l' « illettrisme » comme l' « éloignement des réseaux de communication » ou comme l' « absence de familiarité avec les livres et les journaux ». Ces mesures très floues et changeantes permettent une évaluation du nombre d' « illettrés » de 400 000 personnes à plus de 8 millions actuellement en France !
- IPH 2 : Les Nations Unies calculent pour les pays développés un Indicateur de Pauvreté Humaine comportant 4 variables pouvant mesurer des formes d'exclusion sociale : la probabilité de décéder avant 60 ans ; la proportion d'adultes de 16 à 65 ans ayant des difficultés à comprendre un texte suivi ; la proportion d'individus ayant un revenu disponible inférieur à 50% du revenu disponible médian du pays ; la proportion de chômeurs de longue durée.
Cet indicateur n'a de sens que dans son évolution ou les comparaisons qu'il permet. Cependant, même ainsi, les données doivent être interprétées avec prudence. Par exemple, l'organisme qui mesure la proportion d'adultes ayant des difficultés de compréhension à comprendre un texte suivi (Statistiques Canada sous couvert de l'OCDE) avait évalué la part d'adultes « illettrés » en France à 40% dans les années 1990, ce qui est quand même beaucoup !