Division internationale du travail
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Lexique
Processus au cours duquel les pays se sont spécialisés et, du coup, se répartissent les différentes fabrications : ils ne produisent pas tous la même chose et, de ce fait, échangent entre eux leur production.
Définition
La division internationale du travail, ou DIT, désigne le fait que les pays se sont spécialisés : ils ne fabriquent pas tous la même chose et, de ce fait, échangent entre eux leur production. Cette spécialisation de pays ou zones repose sur les avantages comparatifs des différents pays, du moins en théorie. On peut dire que les pays se sont divisés le travail, d'où l'expression. La division internationale du travail (DIT) s'accompagne évidemment du développement des échanges internationaux.
- La DIT traditionnelle attribue aux pays développés la fabrication des biens manufacturés et des services et aux pays pauvres, souvent les pays du sud, la fourniture des produits primaires en général (produits agricoles, matières premières). Cependant au fur et à mesure du développement des techniques mais aussi des pays, la division internationale du travail se transforme. Ainsi certains pays du sud se sont mis à fabriquer les produits manufacturés courants (textiles, par exemple).
- On parle parfois de "nouvelle division internationale du travail" pour désigner la spécialisation actuelle des pays : les nouveaux pays industrialisés, asiatiques surtout, produisent aujourd'hui des produits manufacturés, y compris des produits haut de gamme. Les pays développés fabriquent surtout les produits technologiques et les services dont la production nécessite de hautes qualifications. Les pays les plus pauvres restent cantonnés dans les produits primaires à faible valeur ajoutée.
Tendances
La DIT se transforme au cours du temps et on distingue une DIT traditionnelle de complémentarité et une DIT plus récente de concurrence.
- Dans la DIT de complémentarité, jusqu'aux années 1970, les pays développés du Nord importent des produits de base des PED (du Sud) et exportent des produits manufacturés entre eux et vers le Sud. Elle correspond à un partage des productions de type colonial.
- Depuis les années 1970, on assiste au développement d'une DIT de concurrence entre pays industrialisés qui exportent et échangent des produits manufacturés similaires, auxquels s'adjoignent les pays émergents (essentiellement les NPI asiatiques). Les échanges intra-branches (des voitures contre d'autres voitures) se développent au détriment des échanges inter-branches.
Les échanges de produits manufacturés ne se font plus exclusivement à partir des pays du Nord, les NPI (asiatiques surtout) prennent une part croissante dans ces exportations et concurrencent vivement les pays du Nord. La construction navale, par exemple, n'est plus aujourd'hui le monopole des anciennes puissances industrialisées, bien au contraire
Les autres PED se trouvent marginalisés dans le commerce international dont ils occupent une faible part.
Certains pays exportateurs de produits énergétiques (pétrole, gaz) voient leur situation fluctuer fortement au gré des chocs et contre chocs pétroliers.
Cette conception d'une DIT traditionnelle de complémentarité est contestable, on peut même se demander si elle a jamais existé. En effet, si les pays du Sud sont (sauf pour les NPI) globalement exportateurs de produits de base, ils ne sont pas les seuls. Les pays du Nord sont également de gros exportateurs de produits primaires (Etats-Unis et France sont les plus gros exportateurs de produits agricoles).
La DIT se transforme aussi sous la poussée des transformations de la demande : les pays qui le peuvent se spécialisent dans la production des produits à forte élasticité, c'est à dire ceux dont la demande augmente beaucoup quand les revenus s'élèvent. Ils abandonnent alors la fabrication des produits à plus faible élasticité aux pays moins puissants.
Enjeux
Pour les économistes libéraux, la DIT qui repose sur la spécialisation des pays et le libre échange est bénéfique à tous. Grâce à cette spécialisation, les produits sont plus abondants et moins chers (économies d'échelle) (cf la théorie des avantages comparatifs de Ricardo)
Pour les économistes marxistes, cette DIT est le résultat de la domination des pays capitalistes (riches) qui exploitent les pays en développement (pauvres). Il en résulte un échange inégal au bénéfice des pays développés qui "pillent les richesses du Tiers Monde".
La façon de se diviser le travail entre les pays de la planète a évidemment des enjeux : on peut penser que certaines productions sont plus intéressantes pour le pays, pour sa croissance et son développement, que d'autres. Les pays qui fabriqueront ces produits disposeront de davantage de revenus et de pouvoir.
Par exemple, le pays qui maîtrise la recherche et la technologie a plus de pouvoir que celui qui est obligé d'acheter les brevets. Il en tirera aussi davantage de revenus.
Comment alors se fait cette répartition ? Elle repose en principe sur les avantages comparatifs des différents pays : celui qui a une main d'oeuvre peu coûteuse va produire des produits contenant beaucoup de travail, celui qui a un climat propice va produire du coton, celui qui a des ingénieurs et des capitaux va produire des biens de haute technologie, etc... Mais, dans la réalité, toutes les spécialisations ne donnent pas les mêmes avantages. Il est préférable pour un pays de se spécialiser dans des exportations de produits à haute valeur ajoutée et haute technologie (comme l'aéronautique ou les biotechnologies par exemple) dont la demande mondiale croît rapidement (forte élasticité) que dans des produits primaires (matières premières, par exemple) dont la demande mondiale augmente peu, voire stagne ou décroît. Bon nombre de PED spécialisés dans des exportations de un ou quelques produits de base sont les perdants (contrairement à la théorie des avantages comparatifs de Ricardo) de cette DIT qui les marginalise. Il y a des rivalités et des luttes pour le contrôle et la maîtrise de ces productions à haute technologie qui hiérarchisent les pays.
Indicateurs
On peut mesurer la spécialisation des pays en étudiant la structure de leurs exportations, soit schématiquement en distinguant produits primaires, produits manufacturés et services, soit plus finement en distinguant les différentes branches industrielles et de services.
En regroupant les pays par zone, ou par type de pays, on peut observer la division internationale du travail, comme on peut la voir dans le tableau ci-dessous qui décrit les exportations en 2015.
en % du total des exportations de la zone | Produits agricoles | combustibles et produits des industries extractives | produits manufacturés |
Monde | 9,5 | 20,5 | 66,2 |
Amérique du Nord | 11,1 | 16,7 | 67,6 |
Amérique du Sud et centrale | 30,6 | 39,9 | 25,5 |
Europe | 10,6 | 11,1 | 74,8 |
Communauté des Etats indépendants (CEI)* | 9,2 | 66,1 | 22,4 |
Afrique | 11,5 | 62,9 | 21.3 |
Moyen-Orient | 2.3 | 64,9 | 20,7 |
Asie | 6,7 | 7,9 | 80,0 |
Valeur (milliards de $) | 1 765 | 3 789 | 12 243 |
Source : OMC, https://www.wto.org/french/res_f/statis_f/its2015_f/its15_merch_trade_p…
* La CEI regroupe les anciens pays socialistes de l'est de l'Europe.
On rappelle que les marchandises, au sens strict, ne contiennent que des biens.
On voit clairement ici que certaines zones, l'Afrique par exemple, est spécialisée dans l'exportation de produits primaires (près de 80 % de leurs exportations) alors que d'autres, comme l'Europe ou l'Asie par exemple, exportent essentiellement des produits manufacturés (près de 75 % pour la première et 80 % pour la seconde).
Erreurs Fréquentes
Ne pas confondre Division internationale du travail et division du travail. Oublier l'adjectif change beaucoup les choses : la division du travail renvoie aux analyses d'A. Smith, qui montre l'intérêt que retirent les individus à se spécialiser et à échanger le résultat de leur travail, en particulier sur le plan de la productivité, et/ou d'E. Durkheim, qui montre que la division du travail est au fondement du lien social, les individus dépendants les uns des autres du fait de la spécialisation. La notion de DIT renvoie davantage à une réalité qu'à une analyse théorique.