Valeur ajoutée

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Lexique

La valeur ajoutée mesure la richesse "réellement" créée par une organisation productive (entreprise, administration, association).

Définition

La valeur ajoutée mesure la richesse "réellement" créée par une organisation productive (entreprise, administration, association).

  • Comment la valeur ajoutée est-elle calculée dans une entreprise ? Quand une entreprise produit pour 3 millions d'euros de produits, elle n'a pas créé elle-même la totalité de cette production car elle a acheté des produits (biens et services, par exemple les matières premières, l'électricité, etc...) à d'autres entreprises. Il est intéressant de savoir ce qu'elle a effectivement produit, c'est-à -dire la valeur qu'elle a ajoutée à la valeur des biens qu'elle a achetés à l'extérieur. C'est ce que mesure la valeur ajoutée. Prenons un exemple : il est rare, quand on veut acheter un vélo, de le trouver sans pneus. Le prix d'achat du vélo est donc un prix est global qui comprend tout ce qu'il y a dans un vélo quel quelle soit l'entreprise quia produit ces éléments. Donc, l'entreprise qui a fabriqué ce vélo et nous le vend pour 500 euros par exemple n'a pas produit elle-même ces 500 euros: elle a produit moins. Pour savoir ce qu'elle a produit, il faut enlever la valeur des pneus etc. au prix de vente. On obtient ainsi la valeur ajoutée.
  • Pour connaître la valeur ajoutée d'une entreprise sur une période donnée (un an, par exemple), on doit donc soustraire du chiffre d'affaires de l'entreprise (c'est-à -dire le montant de ses ventes pendant l'année) le montant total de ses consommations intermédiaires (c'est-à -dire la valeur des produits achetés à d'autres entreprises pour être incorporés dans la production), aux variations de stocks près (quand l'entreprise ne vend pas toute sa production, elle augmente ses stocks et cela correspond quand même à de la production). On a donc, schématiquement : Valeur ajoutée brute = chiffre d'affaires - consommations intermédiaires ou valeur ajoutée brute = valeur de la production - valeur des consommations intermédiaires. La valeur ajoutée est dite "brute" car on n'a pas enlevé du chiffre d'affaires le montant correspondant à l'usure du capital (ce que l'on appelle l'"amortissement"). Si on l'enlevait, on parlerait de valeur ajoutée "nette". Il faut bien dire que, très souvent, on oublie de préciser s'il s'agit de la valeur ajoutée brute ou nette. La plupart du temps, quand on dit simplement "valeur ajoutée", il s'agit de la valeur ajoutée brute.
  • On peut aussi calculer la valeur ajoutée des adminsitrations et des associations. Dans ce cas, la production, étant non marchande, est calculée par la totalité des dépenses (on suppose qu'ils ne font pas de bénéfices), salaires, etc. La valeur ajoutée est obtenue en enlevant à cette valeur de la production non marchande, la valeur des consommations intermédiaires.
  • Mesurer la valeur ajoutée de toutes les organisations résidant sur le territoire national depuis plus d'un an permet, en en faisant la somme, de connaître la valeur de la production de la France, appelée par la Comptabilité Nationale PIB (brut car on fait la somme des valeurs ajoutées brutes). Autrement dit, quand on parle de la valeur ajoutée de la France, on parle du PIB. Il vaut mieux le savoir !

Tendances

Connaître la valeur ajoutée de la France au fil du temps permet bien sûr de mesurer sa croissance économique (voir à ce propos la notion de PIB).

Mais on peut aussi étudier l'évolution du partage de la valeur ajoutée entre les différents acteurs de l'économie:

Titre : Répartition de la valeur ajoutée brute en France depuis 1980 (en %). Source : INSEE, Tableaux de l'Economie française 2001-2002, p. 109.

en % du PIB19801990200020102015
Rémunération des salariés55.1448.7050.6052.0552.12
EBE et Revenus mixtes bruts32.1735.4835.9935.4534.75
Impôts sur la production nets des subventions12.6712.7513.4512.5013.13
TOTAL100.00100.00100.00100.00100.00
PIB ou valeur ajoutée brute en millions d'€ à prix courants453.21058.61485.31998.520181.1

Après de longues années au cours desquelles la part des salaires n'avait cessé de croître (jusqu'à la fin des années 1970 environ), on observe une nette tendance à la hausse de la part des profits (mesurés par l'E.B.E) dans la valeur ajoutée dans les années 80. Cette hausse s'accompagne évidemment d'une baisse de la part des salaires. Cela ne signifie pas forcément que les salaires ont diminué : en effet, vous pouvez observer qu'entre 1980 et 1990, le PIB, la valeur ajoutée, en millions d'euros, a beaucoup augmenté. Donc 48,70 % de 1 058.3 millions d'euros, c'est bien plus que 55,14 % de 453,2. Cependant, pour avoir une idée plus précise de l'évolution du montant des salaires, il faudrait disposer de chiffres en prix constants, c'est-à -dire corrigés de l'inflation.

Depuis les années 1990, la part des salaires a de nouveau augmenté pour se stabiliser autour de 52 %.

Enjeux

Connaître la richesse effectivement créée dans l'entreprise grâce aux facteurs de production (capital et travail) utilisés est très important : pour l'entreprise et sa direction qui peuvent ensuite faire des choix et prendre des décisions pour l'avenir, pour l'ensemble des acteurs dans l'entreprise (en particulier les salariés, mais aussi les propriétaires, par exemple, ou les banquiers) car quand on produit des richesses, on doit ensuite se les répartir : c'est comme quand on fabrique un gâteau, il faut ensuite se le partager.

Il y a donc des enjeux très importants dans le partage de la valeur ajoutée, aussi bien sur le plan économique que sur le plan social. Schématiquement, la valeur ajoutée produite dans l'entreprise est partagée entre trois acteurs principaux :

  • les salariés qui ont fourni le travail nécessaire à la production,
  • les proriétaires qui ont fourni le capital nécessaire à la production,
  • l'Etat qui prélève pour financer les dépenses publiques des impôts sur la production.

On comprend facilement que le partage de la valeur ajoutée va donner lieu à des conflits : chacun veut augmenter sa part au détriment des autres ! Si la part de la valeur ajoutée allant aux salariés augmente, on peut penser que cela va favoriser l'accroissement de la demande, et ainsi stimuler l'offre et donc l'emploi. Cependant pour augmenter l'offre, il faut aussi investir. Si la part de la valeur ajoutée allant aux propriétaires diminue, on peut craindre de plus grandes difficultés pour financer les investissements. Inversement si la part allant aux propriétaires augmente, il sera plus facile d'investir mais à quoi bon investir si la demande n'augmente pas ? Le "juste milieu" est difficile à trouver...

Remarquons que nous avons parlé du partage de la valeur ajoutée en termes de personnes (les salariés, les propriétaires ...). On peut en parler aussi en termes de revenus : dans ce cas, on dira que la valeur ajoutée se partage entre les salaires, les bénéfices (mesurés en général par l'E.B.E.) et les impôts. Finalement, ça revient au même !

Indicateurs

  • La valeur ajoutée se mesure en valeur, c'est-à -dire en monnaie. Vous trouverez donc son montant en euros, en dollars, en yens, etc. De ce fait, un problème immédiat se pose, que nous avons déjà rencontré à la rubrique tendances : ces montants en euros sont-ils à prix constants ou à prix courants ? Si l'on n'a qu'une seule année, il n'y a pas de problème. Mais si l'on a plusieurs années et que l'on veut commenter l'évolution de la valeur ajoutée, il est impératif de se poser la question. Seules des données à prix constants (ou en volume ou réelle, ces appellations sont synonymes) nous permettent de parler de l'évolution réelle de la valeur ajoutée.
  • La plupart du temps, dans les tableaux synthétiques présentant plusieurs pays, vous ne trouverez pas le montant de la valeur ajoutée de chaque pays mais son évolution, c'est-à -dire son taux de croissance annuel en %, ou son taux de croissance annuel moyen si l'on a des périodes. Cela peut se comprendre : quel serait l'intérêt de comparer la masse de la valeur ajoutée américaine à celle de la Belgique ? La différence de taille entre les deux pays est trop grande. En revanche, on peut très bien comparer les taux de croissance de leur valeur ajoutée.

Erreurs Fréquentes

  • Croire que valeur ajoutée et richesse créée par une organisation sont deux choses différentes. Autrement dit, l'expression valeur ajoutée doit être immédiatement synonyme, pour vous, de production nouvelle. La valeur ajoutée estla façon de mesurer la production effectivement réalisée.
  • La deuxième difficulté vient du fait que la plupart du temps, les tableaux parlent de la croissance de la valeur ajoutée et non de la valeur ajoutée elle-même. Il faut donc bien veiller à la façon d'utiliser les nombres du tableau dans les phrases : si le taux de croissance de la valeur ajoutée passe de 3.5% une année à 2.8% l'année suivante, la valeur ajoutée n'a pas diminué. C'est son taux de croissance qui a diminué. On dira donc que la croissance de la valeur ajoutée s'est ralentie, ou que la valeur ajoutée augmente moins vite.
  • Croire que valeur ajoutée et bénéfices sont deux choses identiques. La valeur ajoutée n'est évidemment pas assimilable aux bénéfices de l'entreprise (il faut enlever l'ensemble des dépenses à la valeur de la production).
  • Confondre valeur ajoutée et TVA : il y a effectivement un impôt qui s'appelle "taxe à la valeur ajoutée", mais il ne faut pas confondre l'împôt et ce sur quoi il est appliqué.
Chapitre(s) associé(s)
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