ATTENTION :
Si la majorité des économistes estiment que le développement des échanges internationaux est bénéfique pour les individus en tant que consommateurs, quelques-uns mettent en avant les avantages du protectionnisme notamment pour les producteurs ou les travailleurs.
Le libre-échange étant une situation dans laquelle il n’existe aucun obstacle aux échanges de biens et services entre pays, c’est une situation extrême qui n’existe pas dans la réalité mais qui facilite les raisonnements économiques.
Comme nous l’avons vu, le GATT puis l’OMC ont fait en sorte que ces obstacles soient les plus réduits possibles même si, pendant de nombreuses années, des secteurs ont échappé à ce mouvement vers le libre-échange comme l’agriculture et le textile et s’il existe encore différents types de barrières protectionnistes (voir paragraphe 2.2.).
Quoi qu’il en soit, nous nous trouvons, du fait de ces institutions, dans une période où les mouvements internationaux de marchandises sont largement facilités. On peut donc parler de relatif libre-échange.
S’il est difficile d’établir et de mesurer les avantages du libre-échange dans la réalité sociale, les économistes, notamment les économistes néo-classiques, estiment qu’il est source a priori de nombreux avantages pour les entreprises mais aussi, voire surtout, pour les ménages. Présentons leurs arguments.
Tout d’abord, le libre-échange permet aux entreprises d’élargir leur marché et, par-là même, d’augmenter leur production en vue de réaliser des économies d’échelle. Avec ces économies d’échelle, les rendements deviennent croissants, ce qui permet augmenter le profit des entreprises. Toutefois, le libre-échange se traduit par une concurrence accrue entre entreprises de pays différents : certaines peuvent dsiparaître du fait d'une faible compétitivité.
Que se passe-t-il du côté des ménages ? Ils peuvent, en tant que consommateurs, acheter des produits moins chers ce qui améliore leur pouvoir d’achat. Pensez ainsi à tous les biens peu coûteux importés en France de Chine. De plus, les consommateurs ont accès à des produits différents, produits qu’ils ne pourraient pas obtenir sans importation (bananes ou ordinateurs selon les pays par exemple). Notons aussi que les échanges internationaux attisent la concurrence ce qui incite les entreprises soit à produire de manière plus efficace, donc de manière moins coûteuse, et donc à des prix plus faibles, soit à trouver de nouveaux produits qui pourront mieux satisfaire les consommateurs. Enfin, si la spécialisation se fait suivant les avantages comparatifs, chaque pays produira les biens pour lesquels ils disposent soit d’un avantage de productivité plus important soit d’un moindre désavantage. Ainsi, la productivité globale des pays participant au libre-échange augmente ce qui est source de croissance économique. Cette croissance participe à l’augmentation des revenus des individus, comme travailleurs cette-fois. Leur niveau de vie peut être amélioré. Toutefois, la concurrence accrue entre entreprises peut bien évidemment se traduire par un déclin de l'activité de certaines d'entre elles voire leur disparition; Par conséquent, les consommateurs qui peuevtn être aussi des travailleurs risquent de perdre leur emploi et leur revenu.
Précisons tout d’abord que le protectionnisme n’est pas l’autarcie ; le protectionnisme a pour objectif de protéger les entreprises locales de la concurrence internationale sans forcément interdire tout commerce international. Avec le protectionnisme, les échanges extérieurs sont plus ou moins faciles ou coûteux. Malgré la volonté de libérer les échanges internationaux depuis la seconde guerre mondiale, les pratiques protectionnistes existent toujours et prennent des formes variées.
Il y a bien sûr les barrières tarifaires (les droits de douane) qui se sont beaucoup réduits avec le GATT et l’OMC, mais aussi de nombreuses barrières non tarifaires : restrictions quantitatives (quotas, contingentements), l’obligation de respecter des normes diverses, techniques, sanitaires ou autres, faites en principe pour protéger les consommateurs et favoriser une concurrence non faussée. Certains économistes ajoutent le protectionnisme monétaire parmi ces instruments protectionnistes : une baisse des taux de change favorise les exportations et rendent plus coûteux les produits importés. Nous avons déjà étudié les effets sur les exportations qui devraient augmenter et avec elle la production nationale. Précisons maintenant les effets d’une dépréciation sur les importations. Supposons que le taux de change du yuan (ou renminbi) par rapport au dollar passe de 1 $ = 6 Yuans à 1 $ = 6,5 Yuans (le yuan se déprécie donc). Dans ce cas, le produit importé des Etats-Unis à un prix plus élevé en yuans : on peut penser que les consommateurs chinois en achèteront moins ce qui fera baisser les importations. Remarquons, pour cela, il faut que les entreprises américaines ne modifient par leur prix en yuans et qu’il existe des produits de substitutions aux produits américains. C’est d’ailleurs un objectif aussi de cette politique qui est de relancer la production nationale à la place de produits importés.
On peut distinguer deux principales justifications au protectionnisme : l’une de nature sociale (protectionnisme protecteur) et l’autre de nature économique (protectionnisme éducateur).
Le premier type de protectionnisme vise à protéger les salariés travaillant dans des entreprises concurrencées par des entreprises non résidentes. Les mesures protectionnistes empêchent ou limitent les importations et le marché local peut être alimenté de manière plus importante par les entreprises résidentes ce qui permet ainsi aux travailleurs de garder leur emploi ou de maintenir leurs salaires.
Le second a pour objectif de favoriser l’émergence de nouvelles activités économiques (les « industries naissantes ») déjà présentes dans d’autres pays. En situation de libre-échange, les entreprises locales ne pourraient pas supporter l’avance des entreprises des autres pays (coûts plus réduits, meilleure qualité de leur production…). Des mesures protectionnistes ponctuelles peuvent alors permettre aux entreprises locales de rattraper leur retard technique et, en se développant, de réduire leurs coûts de production. Une fois le retard comblé, il convient de retrouver le libre-échange : la protection ne doit être que temporaire et partielle, le temps d’apprentissage par les entreprises des nouvelles productions. Après cette période d’apprentissage (d’éducation), le libre-échange retrouve son efficacité.
Pour autant, la plupart des économistes ont mis en avant les risques du protectionnisme. Distinguons les risques pour les entreprises et pour les ménages.
Pour les entreprises locales, il y a un risque de représailles : les pays étrangers peuvent réagir aux mesures protectionnistes décidées en élevant des barrières aux exportations de ces entreprises ou de certaines d’entre elles. Dans ce cas, les exportations des entreprises locales seront réduites avec des conséquences sur la production nationale et l’emploi. De plus, les restrictions aux échanges internationaux se traduisent par une concurrence moins grande, qui n’incite pas les entreprises à investir et à innover et qui aboutit finalement à une perte de compétitivité néfaste pour les entreprises et les consommateurs.
Pour les ménages, le risque principal est de ne plus pouvoir acheter des produits fabriqués dans le reste du monde : une perte de variété et des prix plus élevés peuvent réduire le bien-être des consommateurs.