ATTENTION :

ce cours correspond au programme de 2013, il n'est pas conforme au programme de terminale de SES en vigueur depuis 2019.

2. Quelle mobilité sociale en France ?

2.1. L’existence d’une tendance à la reproduction sociale

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Reprenons la table de destinée de la France en 2003. L’immobilité sociale peut paraître relativement faible puisque le pourcentage d’individus mobiles est presque toujours supérieur à 50 : le chiffre de la diagonale donne la part des immobiles, on peut donc facilement en déduire la part des individus mobiles qui forment ce que l'on appelle la mobilité observée. Mais en réalité, l’hérédité sociale, c’est-à-dire la transmission du milieu social du père au fils reste forte : en effet, les chiffres de la diagonale sont toujours plus élevés que ceux de la ligne " ensemble ". Par exemple, un fils d’agriculteur avait en moyenne 5,5 fois plus de chances de devenir agriculteur que la moyenne des actifs occupés (22 sur 4). S’il y avait une parfaite égalité des chances, on trouverait les mêmes chiffres colonne par colonne : 4 % des fils d’agriculteur (et non 22 %) comme 4 % des fils de cadre (et non 0 %), etc. seraient devenus agriculteur. De même, puisqu’il y a 19 % de cadres dans la population (ligne " total ", colonne " Cadres "), il devrait y avoir 19 % de cadres parmi les fils de chaque groupe socioprofessionnel. L’immobilité est donc plus forte chez les fils d’agriculteurs que chez les fils d’ouvriers (46 / 34 = 1,35) : les fils ouvriers ont 35 % de plus de probabilité de devenir ouvrier que l’ensemble de la population interrogée… mais c’est le % le plus élevé de la colonne ! Et remarquez que c’est le cas pour chaque colonne.

Reprenons la table de destinée de la France en 2003.

L’immobilité sociale peut paraître relativement faible puisque le pourcentage d’individus mobiles est presque toujours supérieur à 50 : le chiffre de la diagonale donne la part des immobiles, on peut donc facilement en déduire la part des individus mobiles qui forment ce que l'on appelle la mobilité observée. Mais en réalité, l’hérédité sociale, c’est-à-dire la transmission du milieu social du père au fils reste forte : en effet, les chiffres de la diagonale sont toujours plus élevés que ceux de la ligne " ensemble ". Par exemple, un fils d’agriculteur avait en moyenne 5,5 fois plus de chances de devenir agriculteur que la moyenne des actifs occupés (22 sur 4). S’il y avait une parfaite égalité des chances, on trouverait les mêmes chiffres colonne par colonne : 4 % des fils d’agriculteur (et non 22 %) comme 4 % des fils de cadre (et non 0 %), etc. seraient devenus agriculteur. De même, puisqu’il y a 19 % de cadres dans la population (ligne " total ", colonne " Cadres "), il devrait y avoir 19 % de cadres parmi les fils de chaque groupe socioprofessionnel.

L’immobilité est donc plus forte chez les fils d’agriculteurs que chez les fils d’ouvriers (46 / 34 = 1,35) : les fils ouvriers ont 35 % de plus de probabilité de devenir ouvrier que l’ensemble de la population interrogée… mais c’est le % le plus élevé de la colonne ! Et remarquez que c’est le cas pour chaque colonne.

2.2. La mobilité sociale est cependant loin d’être négligeable

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Cependant, en reprenant le même tableau, on peut voir que la mobilité observée est relativement forte : si 52 % des fils de cadres deviennent cadres, il y en a quand même 26 % qui deviennent professions intermédiaires et 9 % ouvriers. Cela nous conduit à constater aussi que la mobilité sociale n’est pas forcément ascendante. Mais il faut aussi souligner que la mobilité se fait surtout entre catégories socialement proches, comme entre cadres et professions intermédiaires, ou entre employés et ouvriers. La PCS qui semble être la plus mobile est celle des employés puisque 17 % des fils d’employé sont restés eux-mêmes "employé" alors que 28 % sont devenus "profession intermédiaire" et 26 % "ouvrier". En revanche, deux catégories semblent plus nettement immobiles, les cadres et les ouvriers. Pour eux, les « trajectoires longues » (c’est-à-dire parcourir toute l’échelle de la stratification sociale) sont très rares : ainsi, seulement 9 % des fils de « cadre, etc » sont devenus ouvriers et seulement 10 % des fils d’ouvrier sont devenus « cadre, etc.). Mais, vous le remarquerez, ce % n’est pas nul.

Cependant, en reprenant le même tableau, on peut voir que la mobilité observée est relativement forte : si 52 % des fils de cadres deviennent cadres, il y en a quand même 26 % qui deviennent professions intermédiaires et 9 % ouvriers. Cela nous conduit à constater aussi que la mobilité sociale n’est pas forcément ascendante.

Mais il faut aussi souligner que la mobilité se fait surtout entre catégories socialement proches, comme entre cadres et professions intermédiaires, ou entre employés et ouvriers. La PCS qui semble être la plus mobile est celle des employés puisque 17 % des fils d’employé sont restés eux-mêmes "employé" alors que 28 % sont devenus "profession intermédiaire" et 26 % "ouvrier".

En revanche, deux catégories semblent plus nettement immobiles, les cadres et les ouvriers. Pour eux, les « trajectoires longues » (c’est-à-dire parcourir toute l’échelle de la stratification sociale) sont très rares : ainsi, seulement 9 % des fils de « cadre, etc » sont devenus ouvriers et seulement 10 % des fils d’ouvrier sont devenus « cadre, etc.). Mais, vous le remarquerez, ce % n’est pas nul.

2.3. Peut-on parler récemment de déclassement ? ou de peur du déclassement ?

2.3.1. La réalité du déclassement

L’idée de déclassement provient du constat de la stabilité de la mobilité intergénérationnelle. En effet, d’après les études de l’INSEE, depuis 1983, la proportion d’individus qui ont connu une mobilité sociale stagne à 65 %. De plus, une partie de cette mobilité est liée aux modifications de la structure sociale (de plus en plus de cadres par exemple et de moins d'agriculteurs ce qui nécessite une mobilité chez les fils) et une moins grande partie provient d'une plus grande égalité des chances. Cette dernière concernait 43 % des individus en 1983 et ne touche plus due 40 % d’entre eux en 2003. Ces données semblent donc montrer une régression de l'égalité des chances.

Notons aussi que, du fait de la crise économique et du chômage de masse, une partie de la population n’a pu maintenir son statut social du fait des licenciements : chômage et CDD peuvent ainsi s’enchaîner pour une partie de la population.

Enfin, il semble aussi que le diplôme permet moins qu’autrefois de parvenir à un emploi qu’il était susceptible en théorie d’espérer. Les diplômes auraient donc un moindre rendement.

2.3.2. Une simple peur du déclassement

À ces arguments, d’autres sociologues opposent les résultats suivants.

D’abord, cette mobilité, qui cherche à mesurer la plus ou moins grande égalité des chances, concerne encore 40 % des individus en 2003 ce qui est loin d’être négligeable. Plus important, ils ont calculé que les probabilités d’être cadre plutôt qu’ouvrier étaient environ 100 fois plus élevées lorsque l’on est fils de cadre plutôt que fils d’ouvrier en 1985 et 30 fois plus élevées environ en 2003. C'est une mesure de la fluidité sociale (voir cette notion).L’inégalité des chances a donc fortement diminué entre ces deux groupes socioprofessionnels.

Ensuite, concernant la précarisation et de chômage, ils font simplement remarquer que le déclassement professionnel ne touche que peu de personnes : environ 1 % des salariés seraient licenciés en moyenne. En ce sens, parler de déclassement dans la société française serait exagéré.

Enfin, les diplômes, selon eux, ne perdraient pas de la valeur mais en auraient de plus en plus. Pour mesurer cette valeur, il faudrait d’abord comparer la situation de ceux qui en ont par rapport à ceux qui n’en ont pas et, ensuite, suivre leurs évolutions. Si on applique cette méthode que constate-t-on ? En 2012, le taux de chômage des titulaires du bac ou du brevet professionnel était de 10 % et celui des personnes n’ayant pas de diplôme ou seulement le certificat d’études primaires était de 17,1 %. Donc le risque d’être au chômage était 1,71 fois plus élevé chez les individus n’avaient pas de diplôme par rapport à ceux ayant le bac. En 1982, les données étaient respectivement de 5,9 % et 7,8 % soit un rapport de 1,3 : la protection apportée par le bac en 1982 était moindre. Le fait que les diplômes protègent de plus en plus du chômage (y compris le bac comme diplôme le plus élevé) montre une augmentation de la valeur des diplômes et c’est ce qui explique la volonté de chacun de réussir à l’école et d’attendre de plus en plus de l’école.