ATTENTION :

ce cours correspond au programme de 2013, il n'est pas conforme au programme de terminale de SES en vigueur depuis 2019.

2. La mobilité sociale dans la France contemporaine.

2.1. La société française reste marquée par une forte hérédité sociale.

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Pour le montrer utilisons la dernière enquête de l'INSEE qui date de 2003 ce qui signifie que les personnes interrogées avaient entre 40 et 59 ans en 2003 Document / Tables de mobilité : PCS du fils en fonction de celle du père (table de destinée) Catégorie socioprofessionnelle du père Catégorie socioprofessionnelle du fils en 2003 (en %) Agriculteur exploitant Artisan, commerçant et chef d’entreprise Cadre et profession intellectuelle supérieure Profession intermédiaire Employé Ouvrier Ensemble Agriculteur exploitant 22 6 9 17 9 37 100 Artisan, commerçant et chef d’entreprise 1 21 22 24 9 24 100 Cadre et profession intellectuelle supérieure 0 6 52 26 6 9 100 Profession intermédiaire 0 8 33 33 9 17 100 Employé 0 7 22 28 17 26 100 Ouvrier 1 8 10 23 12 46 100 Ensemble 4 9 19 24 11 34 100 Champ : hommes, actifs occupés ou anciens ayant eu un emploi, âgés de 40 à 59 ans, en mai 2003 Source : INSEE Avant de dire ce que l'on peut en conclure, donnons un exemple de lecture des chiffres : il s'agit d'une table de destinée, on y trouve donc le devenir des fils de telle ou telle catégorie. Par exemple, 46 % des fils d'ouvriers qui avaient entre 40 et 59 ans en 2003 sont eux-mêmes ouvriers en 2003. La dernière ligne nous donne la structure socioprofessionnelle des fils, c'est-à-dire des hommes actifs occupés de 40 à 59 ans en 2003 (ou ancien actif occupé) : 4 % de ces hommes étaient en 2003 agriculteurs, 9 % étaient artisan, commerçant ou chef d'entreprise, et permet donc de comparer la destinée des fils d'ouvrier ou des fils de cadre, par exemple, à la destinée moyenne de ces hommes actifs occupés de 40 à 59 ans en 2003. Quelles conclusions peut-on tirer de cet ensemble de chiffres ? L'immobilité sociale peut paraître relativement faible puisque le pourcentage d'individus mobiles est presque toujours supérieur à 50 (le chiffre de la diagonale donne la part des immobiles, on peut donc facilement en déduire la part des individus mobiles). Mais en réalité, l'hérédité sociale, c'est-à -dire la transmission du milieu social du père au fils reste forte : en effet, les chiffres de la diagonale sont toujours plus élevés que ceux de la ligne " ensemble ". Par exemple, un fils d'agriculteurs avait en moyenne 5,5 fois plus de chances de devenir agriculteurs que la moyenne des actifs occupés (22 sur 4). S'il y avait une parfaite égalité des chances, on trouverait les mêmes chiffres colonne par colonne : 4 % des fils d'agriculteurs (et non 22%) comme 4 % des fils de cadre (et non 0 %), etc. seraient devenus agriculteurs. De même, puisqu'il y a 19 % de cadres dans la population (ligne " total ", colonne " Cadres "), il devrait y avoir 19 % de cadres parmi les fils de chaque groupe socioprofessionnel. Retenez donc quelque chose d'important : pour étudier l'immobilité sociale, il faut toujours comparer le chiffre de la diagonale avec le chiffre de la « marge » (ligne ou colonne « ensemble » ou « total »). L'immobilité est donc plus forte chez les fils d'agriculteurs que chez les fils d'ouvriers (46 / 34 = 1,35) : les fils ouvriers ont 35 % de plus de probabilité de devenir seulement … mais c'est le % le plus élevé de la colonne ! ET remarquez que c'est le cas pour chaque colonne : le chiffre de la diagonale est toujours le plus élevé : la probabilité d'être dans telle ou telle PCS est toujours plus forte pour les fils de la même PCS.

Pour le montrer utilisons la dernière enquête de l'INSEE qui date de 2003 ce qui signifie que les personnes interrogées avaient entre 40 et 59 ans en 2003

Document / Tables de mobilité : PCS du fils en fonction de celle du père (table de destinée)

Catégorie socioprofessionnelle du père

Catégorie socioprofessionnelle du fils en 2003 (en %)

Agriculteur exploitant

Artisan, commerçant et chef d’entreprise

Cadre et profession intellectuelle supérieure

Profession intermédiaire

Employé

Ouvrier

Ensemble

Agriculteur exploitant

22

6917937100

Artisan, commerçant et chef d’entreprise

1

212224924100

Cadre et profession intellectuelle supérieure

0

6522669100

Profession intermédiaire

0

83333917100

Employé

0

722281726100

Ouvrier

1

810231246100

Ensemble

4

919241134100

Champ : hommes, actifs occupés ou anciens ayant eu un emploi, âgés de 40 à 59 ans, en mai 2003

Source : INSEE

Avant de dire ce que l'on peut en conclure, donnons un exemple de lecture des chiffres : il s'agit d'une table de destinée, on y trouve donc le devenir des fils de telle ou telle catégorie. Par exemple, 46 % des fils d'ouvriers qui avaient entre 40 et 59 ans en 2003 sont eux-mêmes ouvriers en 2003. La dernière ligne nous donne la structure socioprofessionnelle des fils, c'est-à-dire des hommes actifs occupés de 40 à 59 ans en 2003 (ou ancien actif occupé) : 4 % de ces hommes étaient en 2003 agriculteurs, 9 % étaient artisan, commerçant ou chef d'entreprise, et permet donc de comparer la destinée des fils d'ouvrier ou des fils de cadre, par exemple, à la destinée moyenne de ces hommes actifs occupés de 40 à 59 ans en 2003.


Quelles conclusions peut-on tirer de cet ensemble de chiffres ? L'immobilité sociale peut paraître relativement faible puisque le pourcentage d'individus mobiles est presque toujours supérieur à 50 (le chiffre de la diagonale donne la part des immobiles, on peut donc facilement en déduire la part des individus mobiles). Mais en réalité, l'hérédité sociale, c'est-à -dire la transmission du milieu social du père au fils reste forte : en effet, les chiffres de la diagonale sont toujours plus élevés que ceux de la ligne " ensemble ". Par exemple, un fils d'agriculteurs avait en moyenne 5,5 fois plus de chances de devenir agriculteurs que la moyenne des actifs occupés (22 sur 4). S'il y avait une parfaite égalité des chances, on trouverait les mêmes chiffres colonne par colonne : 4 % des fils d'agriculteurs (et non 22%) comme 4 % des fils de cadre (et non 0 %), etc. seraient devenus agriculteurs. De même, puisqu'il y a 19 % de cadres dans la population (ligne " total ", colonne " Cadres "), il devrait y avoir 19 % de cadres parmi les fils de chaque groupe socioprofessionnel. Retenez donc quelque chose d'important : pour étudier l'immobilité sociale, il faut toujours comparer le chiffre de la diagonale avec le chiffre de la « marge » (ligne ou colonne « ensemble » ou « total »). L'immobilité est donc plus forte chez les fils d'agriculteurs que chez les fils d'ouvriers (46 / 34 = 1,35) : les fils ouvriers ont 35 % de plus de probabilité de devenir seulement … mais c'est le % le plus élevé de la colonne ! ET remarquez que c'est le cas pour chaque colonne : le chiffre de la diagonale est toujours le plus élevé : la probabilité d'être dans telle ou telle PCS est toujours plus forte pour les fils de la même PCS.

2.2. Il existe cependant une certaine mobilité sociale, mais inégale selon les PCS.

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Cependant, en reprenant le même tableau, on peut voir qu'il y a une certaine fluidité sociale : si 52 % des fils de cadres deviennent cadres, il y en a quand même 26 % qui deviennent professions intermédiaires et 9 % ouvriers. Cela nous conduit à constater d'abord que la mobilité sociale n'est pas forcément ascendante. Mais il faut aussi souligner que la mobilité se fait surtout entre catégories socialement proches, comme entre cadres et professions intermédiaires, ou entre employés et ouvriers. La PCS qui semble être la plus mobile est celle des employés puisque 17 % des fils d'employés sont restés eux-mêmes employés alors que 28 % sont devenus professions intermédiaires et 26 % ouvriers. En revanche, deux catégories semblent plus nettement immobiles, les cadres et les ouvriers. Pour eux, les « trajectoires longues » (c'est-à-dire parcourir toute l'échelle de la stratification sociale) sont très rares : ainsi, seulement 9 % des fils de « cadre, etc. » sont devenus ouvriers et seulement 10 % des fils d'ouvrier sont devenus « cadre, etc.). Mais, vous le remarquerez, ce % n'est pas nul.

Cependant, en reprenant le même tableau, on peut voir qu'il y a une certaine fluidité sociale : si 52 % des fils de cadres deviennent cadres, il y en a quand même 26 % qui deviennent professions intermédiaires et 9 % ouvriers. Cela nous conduit à constater d'abord que la mobilité sociale n'est pas forcément ascendante.

Mais il faut aussi souligner que la mobilité se fait surtout entre catégories socialement proches, comme entre cadres et professions intermédiaires, ou entre employés et ouvriers. La PCS qui semble être la plus mobile est celle des employés puisque 17 % des fils d'employés sont restés eux-mêmes employés alors que 28 % sont devenus professions intermédiaires et 26 % ouvriers.

En revanche, deux catégories semblent plus nettement immobiles, les cadres et les ouvriers. Pour eux, les « trajectoires longues » (c'est-à-dire parcourir toute l'échelle de la stratification sociale) sont très rares : ainsi, seulement 9 % des fils de « cadre, etc. » sont devenus ouvriers et seulement 10 % des fils d'ouvrier sont devenus « cadre, etc.). Mais, vous le remarquerez, ce % n'est pas nul.