ATTENTION :

ce cours correspond au programme de 2013, il n'est pas conforme au programme de terminale de SES en vigueur depuis 2019.

3. L’école entre intégration par la massification scolaire et ségrégation par la diversité des voies de formation offertes

3.1. L’école favorise l’intégration par la diffusion de valeurs communes

Au début de la Troisième République l’école a eu cette fonction d’intégration sociale autour des valeurs laïques de la République. L’objectif est bien entendu de former une société intégrée, qui valorise le bien commun et exclut tout type de privilège. C’est évidemment l’école publique qui s’est construite progressivement autour de ces valeurs par le biais d’un enseignement commun à tous de l’école primaire jusqu’au collège unique. De ce point de vue, la démocratisation scolaire (gratuité de l’enseignement primaire dans les années 1880, obligation scolaire) a été un facteur d’intégration sociale et d’unité. Il en fut de même à partir des années 30 pour l’enseignement secondaire, niveau « collège », jusqu'à la création du "collège unique". Il s'agissait de généraliser l'accès au collège et de supprimer la diversité des parcours, qui existait alors, selon le milieu social. Pour reprendre les termes de Durkheim, l'école publique a donc contribué à renforcer la solidarité mécanique. Précisons aussi qu’aujourd’hui, dans une société qui valorise l’autonomie de l’individu, l’école se doit de favoriser plus qu’avant cette prise d’autonomie, par exemple en inculquant un regard critique qui amène à la réflexion personnelle. Parallèlement à cet accès de plus en plus large au premier cycle de l’enseignement secondaire, l’école est devenue aussi le lieu de formation de futurs travailleurs. Bien évidemment, il a fallu que des enseignements spécialisés soient créés au sein de l’école qui favorise ainsi l’insertion professionnelle des jeunes ; des lycées techniques puis professionnels se sont développés pour répondre à ce besoin. C’est ainsi que l’école a accompagné le développement de l’industrie et la tertiarisation de l’économie, création de CAP de mécaniciens, de secrétaire, de diplômes d’ingénieurs, etc. En réponse à l’approfondissement de la division du travail, l’école s’est transformée et adaptée aux transformations du marché du travail. Pour reprendre les termes de Durkheim, elle a contribué à la formation d’une solidarité organique.

Au début de la Troisième République l’école a eu cette fonction d’intégration sociale autour des valeurs laïques de la République. L’objectif est bien entendu de former une société intégrée, qui valorise le bien commun et exclut tout type de privilège. C’est évidemment l’école publique qui s’est construite progressivement autour de ces valeurs par le biais d’un enseignement commun à tous de l’école primaire jusqu’au collège unique. De ce point de vue, la démocratisation scolaire (gratuité de l’enseignement primaire dans les années 1880, obligation scolaire) a été un facteur d’intégration sociale et d’unité. Il en fut de même à partir des années 30 pour l’enseignement secondaire, niveau « collège », jusqu'à la création du "collège unique". Il s'agissait de généraliser l'accès au collège et de supprimer la diversité des parcours, qui existait alors, selon le milieu social. Pour reprendre les termes de Durkheim, l'école publique a donc contribué à renforcer la solidarité mécanique. Précisons aussi qu’aujourd’hui, dans une société qui valorise l’autonomie de l’individu, l’école se doit de favoriser plus qu’avant cette prise d’autonomie, par exemple en inculquant un regard critique qui amène à la réflexion personnelle.

Parallèlement à cet accès de plus en plus large au premier cycle de l’enseignement secondaire, l’école est devenue aussi le lieu de formation de futurs travailleurs. Bien évidemment, il a fallu que des enseignements spécialisés soient créés au sein de l’école qui favorise ainsi l’insertion professionnelle des jeunes ; des lycées techniques puis professionnels se sont développés pour répondre à ce besoin. C’est ainsi que l’école a accompagné le développement de l’industrie et la tertiarisation de l’économie, création de CAP de mécaniciens, de secrétaire, de diplômes d’ingénieurs, etc. En réponse à l’approfondissement de la division du travail, l’école s’est transformée et adaptée aux transformations du marché du travail. Pour reprendre les termes de Durkheim, elle a contribué à la formation d’une solidarité organique.

3.2. Mais la diversité des voies qu’elle propose l’école n’offre pas à tous les mêmes possibilités d’intégration

La diversité de l’école, filières, séries, etc. plus ou moins valorisées, de même que la réussite scolaire inégale met en doute l’efficacité de l’école comme instance d’intégration sociale. Malgré une baisse non négligeable de la part des jeunes qui sortent du système scolaire sans diplôme ou avec seulement le brevet, cette part reste importante. Pour ces jeunes, l’insertion professionnelle est très souvent extrêmement difficile. Les personnes sans diplôme sont plus fréquemment que les autres touchées par le chômage et plus fréquemment titulaires de contrats de travail précaires, à durée limitée. L’existence de voies (générale/technologique/professionnelle) ou de filières (L/ES/S par exemple) différentes, de classes spécifiques (euro ou non), d’établissements publics/privés détermine des parcours scolaires différenciés et plus ou moins valorisés. D’une part, il existe des élèves qui réussissent bien dans les lycées d’enseignement général, dans la filière S, la plus valorisée, ou qui sont dans les classes ayant les meilleurs résultats (« classes euros » par exemple) ; les sociologues ont d’ailleurs pu établir que ces élèves sont plus fréquemment issus de milieux sociaux favorisés. Ils pourront ainsi faire des études supérieures très valorisées (classes « prépa » notamment) amenant à des statuts socioprofessionnels très valorisés aussi socialement. D’un autre côté, se trouvent des enfants, souvent issus de milieux défavorisés, qui fréquentent des lycées professionnels dont les débouchés dans l’enseignement supérieur et dans le monde du travail sont bien plus aléatoires et modestes. Ces parcours scolaires types marquent donc plus l’école comme une instance sélective que comme un lieu d’intégration de tous les enfants.

La diversité de l’école, filières, séries, etc. plus ou moins valorisées, de même que la réussite scolaire inégale met en doute l’efficacité de l’école comme instance d’intégration sociale.

Malgré une baisse non négligeable de la part des jeunes qui sortent du système scolaire sans diplôme ou avec seulement le brevet, cette part reste importante. Pour ces jeunes, l’insertion professionnelle est très souvent extrêmement difficile. Les personnes sans diplôme sont plus fréquemment que les autres touchées par le chômage et plus fréquemment titulaires de contrats de travail précaires, à durée limitée.

L’existence de voies (générale/technologique/professionnelle) ou de filières (L/ES/S par exemple) différentes, de classes spécifiques (euro ou non), d’établissements publics/privés détermine des parcours scolaires différenciés et plus ou moins valorisés. D’une part, il existe des élèves qui réussissent bien dans les lycées d’enseignement général, dans la filière S, la plus valorisée, ou qui sont dans les classes ayant les meilleurs résultats (« classes euros » par exemple) ; les sociologues ont d’ailleurs pu établir que ces élèves sont plus fréquemment issus de milieux sociaux favorisés. Ils pourront ainsi faire des études supérieures très valorisées (classes « prépa » notamment) amenant à des statuts socioprofessionnels très valorisés aussi socialement. D’un autre côté, se trouvent des enfants, souvent issus de milieux défavorisés, qui fréquentent des lycées professionnels dont les débouchés dans l’enseignement supérieur et dans le monde du travail sont bien plus aléatoires et modestes.

Ces parcours scolaires types marquent donc plus l’école comme une instance sélective que comme un lieu d’intégration de tous les enfants.