Investissement de portefeuille

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Lexique

Achat de titres émis par des agents non-résidents (donc, schématiquement, à l'étranger), mais dans une optique de placement, pas pour prendre le contrôle de l'entreprise dont les titres sont achetés.

Définition

  • Les investissements de portefeuilles sont des achats de titres de propriété ou de créance - émis par des agents non-résidents (c'est-à -dire, schématiquement, à l'étranger) - par des épargnants qui ne désirent pas pour autant prendre le contrôle de l'entreprise, mais simplement placer leur argent dans une optique de rentabilité. à proprement parler, les investissements de portefeuille sont donc des placements.
  • Comment déterminer si un achat d'action a ou non une optique de rentabilité ? Conventionnellement, selon le FMI, on considère qu'un achat d'action est un investissement de portefeuille (un placement) tant que le total des actions détenues représente moins de 10% du capital social de l'entreprise.
  • Pourquoi placer son argent en actions à l'étranger ?
    Les placements en actions présentent l'avantage de rapporter une rémunération potentiellement plus forte qu'un placement en obligations ou sur un compte bancaire, mais ils sont aussi plus risqués – une action ne rapporte que si l'entreprise fait des bénéfices. D'où la nécessité de diversifier ses placements en actions, c'est-à -dire de ne pas tous les mettre dans la même entreprise, pour limiter le risque de mauvaise rentabilité. S'il est en effet toujours possible qu'une entreprise fasse des pertes, il est moins probable que plusieurs entreprises fassent des pertes simultanément. L'ensemble des placements d'un épargnant constitue ce qu'on appelle un portefeuille. Placer son épargne dans une entreprise étrangère présente donc un double intérêt. D'une part, cela permet à l'épargnant de profiter d'une rentabilité particulièrement élevée, si les entreprises étrangères sont plus rentables que les entreprises nationales – ce qui est le cas notamment quand la croissance est plus forte à l'étranger. D'autre part, cela permet d'augmenter la diversification des placements, en mêlant dans son portefeuille des placements auprès d'entreprises nationales et étrangères.

Tendances

  • Les investissements de portefeuille se sont beaucoup développés au niveau international avec la libéralisation des marchés financiers dans les années 1980. La suppression des contrôles des changes et l'allègement des réglementations des activités bancaires et financières ont permis aux épargnants de diversifier leurs placements au niveau mondial.
  • Les grands bénéficiaires de cet apport de capitaux sont pour l'essentiel les pays développés. Les USA attirent également une grande partie des placements internationaux pour financer leurs déficits budgétaires et des transactions courantes.
  • Pour la France, les tendances sont les mêmes. Le tableau ci-dessous montre les montants des investissements de portefeuille réalisés en France ("Investissements de portefeuille sur titres français") et de ceux réalisés à l'étranger par les résidents français ("Investissements de portefeuille sur titres étrangers"). On constate que depuis 1995 au moins il y a moins d'épargne française placée à l'étranger que d'épargne étrangère placée en France. Cela ne témoigne pas forcément de la capacité d'épargne de la France, puisque il n'y a là qu'une partie des flux d'épargne entre la France et le reste du monde (il faut pour cela regarder le détail de la "position extérieure de la France"), mais cela montre en tout cas une certaine attractivité de la France comme zone de placement pour les épargnants mondiaux.

Enjeux

Les investissements de portefeuille sont à la fois intéressants et risqués pour les entreprises qui en bénéficient. Pourquoi ?

  • Les investissements de portefeuille permettent aux entreprises de financer leurs investissements grâce à l'épargne provenant d'un autre pays. C'est très intéressant, notamment pour les pays en développement qui manquent souvent des moyens nécessaires au financement de leur croissance. De plus, ce type de placement ne remet pas en cause le contrôle des entreprises, puisque les investissements de portefeuille n'ont qu'une logique financière. Le revers de la médaille est que ceux qui effectuent ces placements sont par définition peu attachés au devenir de l'entreprise, et qu'ils peuvent revendre brutalement leurs titres, si la rentabilité ne les satisfait pas ou si le risque de pertes leur paraît trop grand. Si tous les épargnants vendent leurs titres en même temps, la valeur de l'action s'effondre et l'entreprise devient la proie d'un rachat par un concurrent. Quand cette défiance s'étend à toutes les actions d'un pays, alors cela provoque un krach boursier qui peut laisser durablement le pays sans ressources financières pour asseoir sa croissance et son développement.
  • L'autre fait d'importance à propos des placements financiers internationaux est le développement des fonds de placement et fonds de pensions. Ces entreprises gèrent l'épargne de leurs clients, soit pour financer plus tard une retraite (fonds de pension), soit dans une simple logique de placement, voire de spéculation (fonds de placement). La logique de ces entreprises est celle du financement indirect : étant spécialisée dans la finance et professionnalisées, elles sont mieux à même d'effectuer de bons placements que leurs clients, qui trouvent donc plus de sécurité et un meilleur rendement en passant par des fonds de pensions ou de placements. Parallèlement, ces fonds, parce qu'ils gèrent des sommes considérables, sont à même de « faire la pluie et le beau temps » sur les marchés financiers : quand ils vendent ou achètent les actions d'une entreprise, le cours s'effondre ou s'envole. Les directions d'entreprises, pour ne pas ruiner leurs actionnaires, sont donc contraintes de satisfaire les critères de gestion particulièrement contraignants et les objectifs de rentabilité particulièrement élevés qu'imposent les fonds de placements et les fonds de pensions.

Indicateurs

Les flux d'investissements de portefeuille entre la France et le reste du monde sont répertoriés par la Banque de France dans la Balance des Paiements, sous la rubrique "Investissements de portefeuille".
Les "Avoirs sont les titres émis par des non-résidents et achetés par des résidents, tandis que les "Engagements" sont les titres émis par des résidents et achetés par des non-résidents. Ils constituent le deuxième poste du compte financier de la Balance des Paiements. Les titres accumulés par les investissements de portefeuille (les "portefeuilles" à proprement parler) sont répertoriés par la Banque de France dans la "Position extérieure de la France", sous la rubrique "Investissements de portefeuille". La rubrique "Titres étrangers" comptabilise la valeur des titres émis par des agents non-résidents possédés par les agents résidents, tandis que la rubrique "Titres français" comptabilise la valeur des titres émis par des agents résidents et possédés par des agents non-résidents.

Vous trouverez dans la rubrique "Tendances" un tableau montrant ces flux depuis 1995.

Erreurs Fréquentes

Il ne faut pas confondre investissements directs à l'étranger et investissements de portefeuille. Les premiers sont une acquisition de moyens de production, donc un investissement au sens de votre cours, tandis que les seconds ne sont qu'un placement effectué par un agent à capacité de financement. La source de confusion vient de ce que les deux opérations peuvent parfois s'effectuer de la même façon, par un achat d'actions.
L'entrée dans le capital d'une entreprise étrangère peut être motivée par une stratégie de prise de contrôle des moyens de production, auquel cas il s'agit d'une démarche assimilable à un IDE. Mais elle peut aussi répondre à une volonté de diversifier ses placements en les répartissant dans plusieurs pays (« on ne met pas tous ses œufs dans le même panier »). Dans ce cas, il n'y a pas de logique d'investissement.
Comment distinguer un achat d'action à finalité productive d'un placement ? En pratique, c'est impossible, parce qu'on n'a d'informations que sur les flux financiers, pas sur ce qui les motive. Conventionnellement, on range donc dans les IDE tout achat d'actions qui entraîne une prise de participation supérieure à 10 % du capital social, et dans les placements (investissements de portefeuille) les prises de participation inférieures à ce seuil.