Destinée recrutement

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Lexique

La destinée nous renseigne sur ce que deviennent les fils et filles, comparativement à ce que faisaient leurs pères.

Le recrutement nous renseigne sur l'origine sociale d'une génération qui occupe une position sociale donnée.

Définition

  • La destinée
    • A partir de l'origine sociale, elle permet d'étudier les « sorties » du groupe d'appartenance (les guillemets indiquent qu'une "sortie" possible est de rester dans son groupe d'origine) et de connaître la fréquence d'accès à une catégorie sociale. Ainsi, au moment de l'enquête sur les tables de mobilité, sachant ce que faisait le père c'est à dire l'origine sociale du fils, la question posée au fils est : quelle profession exercez-vous actuellement ou, autrement dit, dans quel groupe socioprofessionnel êtes-vous allé (comparativement à celui de votre père) ?
    • Exemple : en 1993, 24,3% des fils d'ouvrier sont devenus professions intermédiaires ; cela fournit une information sur la destinée des fils d'ouvrier.
  • Le recrutement
    • A partir de la position sociale, il permet l'étude des « entrées » dans un groupe et de connaître l'origine sociale des individus qui composent une catégorie donnée.
    • Sachant l'activité professionnelle du fils au moment de l'enquête, c'est-à -dire sa position sociale, la question qui lui est posée est : quelle était la profession de votre père ou, autrement dit, de quel groupe socioprofessionnel (celui de votre père) venez-vous ?
    • Exemple : en 1993, 12,8% des cadres sont fils d'employés ; cela fournit une information sur le recrutement des cadres.

Tendances

Les tendances nous sont données en comparant les tables de mobilité à deux dates différentes, par exemple en rapprochant les données des enquêtes de l'Insee de 1953 et de 1993, et même 2003 depuis peu (voir le cours qui compare les destinées des fils nés entre 1920 et 1925 et la génération née trente ans plus tard entre 1950 et 1955) : la mobilité se renforce signifie que les origines déterminent moins les destinées et que les catégories recrutent moins les enfants de leurs membres, mais la stabilité sociale reste généralement importante et les parcours semblent obéir à des règles : les trajets sont plutôt courts illustrant une mobilité de proximité entre catégories relativement proches.

Enjeux

  • L'enjeu essentiel porte sur l'idéal égalitaire et est lié à la mesure de la mobilité sociale à travers les tables de mobilité : quel est le degré de mobilité sociale de nos sociétés démocratiques reposant sur le principe d'égalité ? Ce principe est-il réel ou formel ? L'origine sociale détermine-t-elle encore fortement la destinée des individus ? Le recrutement d'une catégorie est-il ouvert aux autres ou à l'inverse, l'autorecrutement l'emporte-t-il ?
  • Il est aussi essentiel d'avoir des repères sur l'évolution de la mobilité sociale : croissance et développement de nos sociétés conduisent-ils vers plus ou moins de mobilité sociale pour les individus, les groupes sociaux ?
  • Enfin, les questions portent sur les facteurs de la mobilité observée : une société plus mobile signifie-t-il une société plus fluide ? les destinées sociales sont de moins en moins la simple reproduction des origines (mobilité) : en serait-il de même indépendamment des transformations des structures économiques et sociales (fluidité) ? voir par exemple le cas des agriculteurs dont la mobilité est fortement structurelle, donc contrainte en grande partie.

Indicateurs

Ce sont les proportions calculées à partir des données brutes des tables de destinées :

  • calculs en ligne pour les destinées
  • calculs en colonne pour les recrutements.

Ces proportions permettent ensuite d'évaluer la mobilité structurelle et la mobilité nette.

Erreurs Fréquentes

L'erreur fréquente est de mélanger les deux informations (destinée et recrutement), de prendre l'une pour l'autre à partir d'une erreur de lecture des tables de mobilité.

Lire dans l'enquête de 1993 que 86% des agriculteurs étaient fils d'agriculteurs, ne veut pas dire que le destin des fils d'agriculteurs est de rester agriculteur puisque seuls 27% d'entre eux ont fait comme leurs pères : 73% des fils d'agriculteurs ont donc connu une autre destinée que celle de leur origine. Ces deux informations sont donc complémentaires : être agriculteur paraît difficile si l'on n'est pas fils d'agriculteur (autorecrutement élevé de la catégorie, qui est donc fermée sur elle même), mais la forte majorité des enfants d'agriculteurs a quitté le monde de l'agriculture (35% d'entre eux sont devenus ouvriers), traduisant la réalité de l'exode rural.

Il faut beaucoup s'exercer à lire les deux types de tables de mobilité pour bien les maîtriser et les différencier.

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