Investissement direct à l'étranger - IDE

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Lexique

Opération par laquelle un agent acquiert des actions ou des parts de propriété dans une entreprise d'un autre pays afin d'exercer une influence sur sa gestion.

Définition

Les investissements directs à l'étranger (IDE) sont le moyen de l'internationalisation des firmes. Ils consistent en des achats de titres d'entreprises par des agents non-résidents afin d'obtenir "un intérêt durable et la capacité d'exercer une influence dans la gestion". Ils peuvent prendre la forme d'une création d'entreprise, du rachat d'une entreprise existante, ou encore d'une simple prise de participation dans le capital d'une entreprise, à condition que cela permette d'obtenir un pouvoir de décision effectif dans la gestion. Ainsi, la création par Danone d'une filiale en Chine (avec un partenaire chinois) est un IDE pour Danone (ce qui va se traduire par une sortie de capitaux de France et une entrée de capitaux en Chine).

Plus précisément, d'après la définition du FMI, les IDE connaissent quatre formes :

  • La création d'une entreprise ou d'un établissement à l'étranger ;
  • L'acquisition d'au moins 10 % du capital social d'une entreprise étrangère déjà existante ;
  • Le réinvestissement de ses bénéfices par une filiale ou une succursale située à l'étranger ;
  • Les opérations entre la maison mère d'une firme transnationale et ses filiales (souscription à une augmentation de capital, prêts, avances de fonds, etc.).

Tendances

On peut observer les tendances des mouvements d'IDE dans le monde dans le tableau ci-dessous. Les chiffres sont un peu anciens mais les tendances se sont poursuivies.

  • Les IDE proviennent presque exclusivement des pays riches (OCDE), même si la zone asiatique a vu sa part multipliée par 14 au cours de la décennie 1990. Dans l'OCDE, les principaux pays investisseurs étaient les Etats-Unis, le Royaume-Uni, les Pays-Bas, l'Allemagne, la France et le Japon. En Asie, hormis le Japon, les principaux pays investisseurs étaient la Corée du sud, la Chine, Singapour et la Thaïlande. Les flux d'IDE se sont développés nettement plus vite que les échanges commerciaux. Ils ont été multipliés par près de 5 entre 1984 et 1996.
  • Si les IDE proviennent pour l'essentiel des pays riches, ils leur sont aussi majoritairement destinés : la demande mondiale étant concentrée dans ces pays, il est normal qu'ils suscitent de nombreux investissements. Cependant, l'asymétrie est ici moins forte que pour l'origine des IDE, parce que l'Asie et, dans une moindre mesure, l'Amérique Latine reçoivent une part de plus en plus grande des IDE. à€ l'intérieur de ces zones, les IDE sont concentrés sur quelques « pays émergents » (Chine, Brésil, Argentine), dont la croissance rapide attire les investisseurs.
Titre : Structure des IDE dans le monde par zone d'origine et zone de destination (en %)
en% Flux entrants Flux sortants
1990
1992
1994
1998
1990
1992
1994
1998
OCDE 84.370.0
58.3
58.6
96.4
93.5
93.0
92.5
Afrique et Moyen-Orient
2.1 2.8
3.0
2.1
0.2
1.6
0.9
0.6
Asie (sauf Japon)9.2 15.3
23.8
22.3
0.4
4.5
4.8
5.4
Europe de l'Est
0.2 3.3
3.3
4.9
0.0
0.1
0.1
0.2
Amérique latine
4.2 8.5
11.6
12.1
0.4
0.4
1.2
1.2

Source : FMI
Lecture : En 1990, 84,3 % des IDE mondiaux étaient réalisés dans les pays de l'OCDE, et la même année, 96,4 % des IDE mondiaux provenaient des pays de l'OCDE.

La France est l'un des premiers pays pour l'accueil des IDE (derrière le Luxembourg mais devant la Chine). Mais les IDE sortant de France sont plus importants que les IDE y entrant, c'est-à -dire qu'il y a plus d'agents français qui investissent à l'étranger que d'agents étrangers qui investissent en France. Les entreprises françaises investissent en effet beaucoup à l'étranger pour y profiter d'une croissance économique supérieure à celle de l'hexagone.

Enjeux

Les IDE sont le moyen pour les firmes d'internationaliser leur processus de production. C'est donc par les IDE que se réalise la « mondialisation productive ».
La décision d'investir à l'étranger est généralement motivée par la recherche d'une fiscalité avantageuse, la qualité des infrastructures ou le niveau de qualification et/ou de coût des travailleurs du pays d'accueil et les « effets d'agglomération » (les entreprises s'implantent à proximité d'autres entreprises). En revanche, la volonté de contourner des droits de douanes ou d'économiser les coûts de transports semble peu importante.

Pour les pays d'accueil, les IDE sont, comme les investissements en général, un facteur de croissance (effet sur la demande globale, mais aussi effets sur les capacités de production).

  • Dans les vieux pays industriels, les IDE peuvent être un moyen de relancer l'activité des régions industrielles en déclin, ce qui incite les Etats et les collectivités locales à développer leur attractivité aux yeux des investisseurs étrangers.

  • Pour les pays en développement, dans un contexte ou l'essentiel du commerce mondial est réalisé par les entreprises multinationales, les IDE sont un moyen de s'insérer dans la mondialisation et de stimuler les exportations. Les IDE sont aussi un moyen de bénéficier de « transferts technologiques » : les investisseurs étrangers amènent avec eux des procédés de production innovants, des méthodes d'organisation performantes et des savoir-faire qui se diffuseront progressivement à l'ensemble du pays et doperont sa productivité. Le pays d'accueil aura ainsi bénéficié du progrès technique sans avoir eu à le financer.

Pour le pays d'origine, les effets sont plus difficiles à évaluer : si l'IDE correspond à une délocalisation, il peut y avoir, au moins dans l'immédiat, des suppressions d'emplois ; si l'IDE correspond à une implantation qui aurait pu être faite dans le pays d'origine mais qui ne l'est pas, ce n'est pas non plus favorable à l'emploi. Cependant, à plus long terme, les IDE peuvent générer des exportations pour le pays d'origine et une demande supplémentaire en provenance du pays d'accueil de l'IDE.

Indicateurs

  • Les flux d'investissements directs entre la France et le reste du monde sont recensés par la Banque de France dans la Balance des Paiements, sous la rubrique "Investissements Directs". Ils recouvrent les IDE des entreprises françaises à l'étranger ("Investissements Directs Français à l'étranger") et les IDE des entreprises étrangères en France ("Investissements Directs Etrangers en France"). Ils constituent le premier poste du compte financier de la Balance des Paiements.
  • Les titres et avoirs accumulés par les investissements directs (le "stock" de capital en quelque sorte) sont répertoriés dans un autre document, la "Position Extérieure de la France", produit également par la Banque de France. Ils sont regroupés dans la rubrique "Encours d'Investissements Directs" (français à l'étranger ou étrangers en France). Plus généralement, les Investissements directs au niveau mondial sont recensés par le Fonds Monétaire International (FMI) selon une méthodologie très proche de celle de la Banque de France.

Erreurs Fréquentes

  • Il ne faut pas confondre investissements directs et investissements de portefeuille. Les premiers sont une acquisition de moyens de production, donc un investissement au sens de votre cours, tandis que les seconds ne sont qu'un placement effectué par un agent à capacité de financement.
  • La source de confusion vient de ce que les deux opérations peuvent parfois s'effectuer de la même façon, par un achat d'actions. L'entrée dans le capital d'une entreprise étrangère peut être motivée par une stratégie de prise de contrôle des moyens de production, auquel cas il s'agit d'une démarche assimilable à un IDE. Mais elle peut aussi répondre à une volonté de diversifier ses placements en les répartissant dans plusieurs pays (« on ne met pas tous ses œufs dans le même panier »). Dans ce cas, il n'y a pas de logique d'investissement.
  • Comment distinguer un achat d'action à finalité productive d'un placement à finalité parfois spéculative ? En pratique, c'est impossible, parce qu'on a d'information que sur les flux financiers, par sur ce qui les motive. Conventionnellement, on range donc dans les IDE tout achat d'actions qui entraîne une prise de participation supérieure à 10 % du capital social, et dans les placements (investissements de portefeuille) les prises de participation inférieures à ce seuil.
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