Destruction créatrice

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Lexique

La destruction créatrice est le processus de disparitions d’activités productives remplacées par de nouvelles activités du fait du progrès technique.

Définition

La destruction créatrice est le processus de disparitions d’activités productives remplacées par de nouvelles activités du fait du progrès technique.

C’est une notion créée et utilisée par J. A. Schumpeter qu’il définit ainsi (dans Capitalisme, socialisme et démocratie, Bibliothèque historique Payot, 1990, [1947], p 116) comme un « processus de mutation industrielle (…) qui révolutionne incessament1 de l’intérieur la structure économique, en détruisant continuellement ses éléments vieillis et en créant continuellement des éléments neufs ».

1 : A strictement parlé, ces révolutions ne sont pas incessantes : elles se réalisent par poussées disjointes, séparées les unes des autres par des périodes de calme relatif. Néanmoins, le processus dans son ensemble agit sans interruption, en ce sens qu’à tout moment ou bien une révolution se produit ou bien les résultats d’une révolution sont assimilés.

Le progrès technique, qui est la source de ces bouleversements, peut prendre 5 formes pour Schumpeter : la fabrication d’un bien nouveau, l’introduction d’une méthode de production nouvelle (découverte scientifique, nouveaux procédés commerciaux), l’ouverture d’un débouché nouveau, la conquête d’une source nouvelle de matières première ou de produits semi-ouvrés, la réalisation d’une nouvelle organisation (comme la création d’un monopole) (Voir Théorie de l’évolution économique, Dalloz, 1999, [1935], p 95)

Tendances

L'approche en termes de cycles longs économiques veut traduire le processus de destruction créatrice et met l'accent sur les mutations profondes qu'engendrent les révolutions industrielles. On pourrait ainsi expliquer la phase des Trente glorieuses (automobile, pétrole et pétrochimie, etc.) suivie d’une phase de ralentissement et de développement du chômage. La future phase de croissance reposerait sur une nouvelle vague d'innovations venant des technologies de l'information et de la communication, dont le symbole est internet et les NTIC, mais aussi les biotechnologies. Toutefois, certains pensent que le processus de création destructrice serait bloqué comme le montre le fort ralentissement des gains de productivité.

Enjeux

Les enjeux portent sur les effets du progrès technique sur la croissance économique en termes d'activités productives et donc d'emplois : les transformations structurelles sont à la fois quantitatives (quantités produites et nombre d'emplois) et qualitatives (types d'activités et d'emplois), elles ne sont donc pas qu'économiques, elles sont aussi sociales.

Une innovation majeure nouvelle bouleverse les structures économiques existantes en termes de destruction des anciennes et de création de nouvelles.
Si à court terme, cette phase d'ajustement met en lumière les destructions d'activités et d'emplois liés aux innovations passées (exemples des industries minières, textiles, sidérurgiques en France à partir des années 1970-80), à long terme, les créations l'emportent soutenues par la diffusion de nouvelles innovations majeures (les technologies de l'information et de la communication par exemple).

La destruction créatrice traduit ainsi un processus de déséquilibre fondamental qui caractérise l'évolution économique, mais reste associée à une vision optimiste du progrès technique : les nouvelles innovations sont porteuses de croissance économique même si celle-ci se traduit par un phénomène discontinu, source de chômage notamment. Dès lors, on peut se demander s’il est possible de réduire les effets sociaux néfastes de ces bouleversements ? Peut-on créer des institutions favorables à ce processus qui en limites les effets néfastes ? N’est-ce pas un peu ce qui s’est passé durant les Trente glorieuses ?

Indicateurs

Il n’existe pas de mesure de cette destruction créatrice mais on peut la relier à la difficile mesure du progrès technique (voir cette notion) et à ses effets d’une part sur l’évolution de la structure productive (selon les branches ou les secteurs d’activité), d’autre part sur celle de la population active (là encore par branches ou secteurs d’activité) et, enfin, sur celle de la consommation (nature des biens, des services achetés, etc.).

Erreurs Fréquentes

  • La première erreur consiste à ne voir qu’une partie du processus soit la destruction (effets néfastes) soit la création (effets positifs). Pour Schumpeter, l’un est la face de l’autre.

  • La seconde erreur serait de croire que la « création » ne concerne que la phase ascendante du cycle (alors qu’elle se réalise avant et est mise en œuvre durant l’ensemble du cycle). Elle s’accompagnerait de la croyance fausse que la destruction ne se fait que dans la phase descendante du cycle alors qu’elle début avant et explique le retournement (la « crise »).

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